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Yémen : la récente escalade militaire parmi les pires depuis des années, selon l’émissaire de l’ONU

Des enfants devant une maison endommagée par une frappe aérienne dans la vieille ville de Sana'a, au Yémen (photo d'archives).
© UNICEF/Alessio Romenzi
Des enfants devant une maison endommagée par une frappe aérienne dans la vieille ville de Sana'a, au Yémen (photo d'archives).

Yémen : la récente escalade militaire parmi les pires depuis des années, selon l’émissaire de l’ONU

Paix et sécurité

L'Envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a mis en garde mardi contre la récente escalade militaire majeure, soulignant que le conflit de ces dernières semaines dans ce pays entre les rebelles Houthis et les loyalistes soutenus par l’Arabie saoudite était « parmi les pires depuis des années ».

« L’escalade de ces dernières semaines est parmi les pires que nous ayons vues au Yémen depuis des années », a mis en garde dans un communiqué l’Envoyé spécial, relevant que « la menace pour les vies civiles s’accroît ».

Le diplomate suédois fait ainsi allusion aux  frappes aériennes sur Sanaa, qui ont entraîné la perte de vies civiles et endommagé des infrastructures civiles et des zones résidentielles. 

De plus, la poursuite de l’offensive sur Ma’rib et les attaques continues de missiles sur le gouvernorat font également « des victimes civiles, endommageant des biens civils et provoquant des déplacements massifs ».

M. Grundberg s’est également dit préoccupé par les attaques soutenues contre l’Arabie saoudite, qui ont aussi fait des victimes civiles et endommagé des infrastructures civiles. 

L’ONU veut une « désescalade immédiate »

L'envoyé de l'ONU a souligné que les violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme au Yémen ne peuvent se poursuivre en toute impunité. « Tout ciblage de civils et de biens civils ainsi que les attaques indiscriminées par quelque acteur que ce soit constituent une violation flagrante du droit humanitaire international et doivent cesser immédiatement. Les parties doivent également préserver le caractère civil des infrastructures publiques », a-t-il ajouté. 

Le conflit, qui a également déplacé des millions de personnes, a conduit plus de 80% de la population d’environ 30 millions d’habitants à dépendre de l’aide internationale dans ce pays qui connaît, selon l’ONU, l’une des pires crises humanitaires au monde. A ce sujet, M. Grundberg s’est dit « consterné » par l’impact de l’escalade sur une situation humanitaire qui se détériore déjà.

« L’année 2021 se termine sur une note tragique pour les Yéménites, dont des millions sont aux prises avec la pauvreté, la faim et de sévères restrictions à leur liberté de mouvement », a-t-il dit, réitérant son appel en faveur « de l’ouverture de l’aéroport de Sanaa et de la suppression des obstacles qui empêchent les Yéménites de se déplacer à l’intérieur du pays ou entre les gouvernorats ». 

L'envoyé spécial de l'ONU au Yémen, Hans Grundberg, s'exprime lors d'une conférence de presse à Taiz, au Yémen. (08-11-2021)
OSESGY
L'envoyé spécial de l'ONU au Yémen, Hans Grundberg, s'exprime lors d'une conférence de presse à Taiz, au Yémen. (08-11-2021)

L'ONU s’inquiète de la détention de deux membres de son personnel 

Le diplomate onusien a de plus souligné que cette escalade compromet les perspectives de parvenir à un règlement politique durable pour mettre fin au conflit au Yémen, appelant ainsi les parties belligérantes à une désescalade immédiate. 

M. Grundberg s’est dit prêt « à travailler avec les parties pour trouver des solutions immédiates afin de désamorcer la violence, de répondre aux besoins humanitaires urgents et de permettre un processus politique visant à mettre fin de manière durable et globale au conflit au Yémen ».

Par ailleurs la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, et Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, se sont inquiétées du bien-être de deux membres de leur personnel détenus début novembre à Sanaa, au Yémen. « Aucune communication de l’ONU n’a été possible avec les membres du personnel depuis ce moment-là », ont-elles affirmé dans un communiqué.

Bien que les deux membres du personnel soient toujours en détention, l’ONU n’a pas reçu d’informations sur les motifs ou la base juridique de leur détention, ni sur leur statut actuel, malgré les assurances antérieures du mouvement Ansar Allah (également appelé Houthis) de leur libération immédiate. 

Le HCDH et l’UNESCO rappellent les privilèges et immunités accordés au personnel du système des Nations Unies en vertu du droit international, qui sont essentiels à la bonne exécution de leurs fonctions officielles, et demandent la libération immédiate des membres du personnel sans autre délai.