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Migrants bloqués dans des conditions difficiles à la frontière entre le Belarus et la Pologne.

Bélarus et la Pologne accusés de refoulement et de violence brutale à l’encontre des réfugiés en route vers l’Union Européenne

UNHCR Belarus
Migrants bloqués dans des conditions difficiles à la frontière entre le Belarus et la Pologne.

Bélarus et la Pologne accusés de refoulement et de violence brutale à l’encontre des réfugiés en route vers l’Union Européenne

Migrants et réfugiés

Le Belarus et la Pologne soumettent les migrants et les réfugiés à des « conditions désastreuses » alors qu’ils cherchent à entrer dans l’Union européenne, a fustigé mardi le Bureau des droits de l’homme de l’ONU, invitant Minsk et Varsovie à « remédier d’urgence » à cette « situation désespérée dans laquelle se trouvent les migrants et les réfugiés aux frontières » entre les deux pays.

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) a déclaré avoir eu des entretiens avec une trentaine de migrants arrivés entre août et novembre dernier. 

« Les personnes interrogées ont décrit des conditions désastreuses souvent par des températures glaciales des deux côtés de la frontière, sans accès ou limité, à la nourriture, à l’eau potable et à des abris », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Liz Throssell, porte-parole du HCDH.

« La majorité d’entre elles ont déclaré avoir été battues ou menacées par les forces de sécurité lorsqu’elles se trouvaient au Bélarus. Elles ont également affirmé que les forces de sécurité bélarusses les avaient forcés à traverser la frontière, en leur disant quand et où traverser, et les avaient empêchés de revenir à Minsk », a-t-elle ajouté, relevant que « plusieurs personnes interrogées ont déclaré que les forces de sécurité bélarusses avaient exigé des sommes exorbitantes pour la nourriture et l’eau ». 

Le Haut-Commissariat demande au Bélarus d’enquêter sur ces allégations et de mettre « immédiatement un terme à ces pratiques ».

Pologne et Bélarus interdisent la frontière aux équipes de l’ONU

Il appelle par ailleurs la Pologne à cesser de renvoyer « automatiquement » les migrants au Bélarus sans une étude individuelle de leur cas et de ne pas placer systématiquement en détention ceux qui ne sont pas renvoyés. 

La détention doit être une mesure exceptionnelle de dernier recours et ne doit être utilisée que pour une période limitée, voire pas du tout.

Selon l’ONU, Varsovie détient aussi « systématiquement les migrants et les réfugiés qu’elle n’a pas renvoyés au Belarus ». 

« La détention doit être une mesure exceptionnelle de dernier recours et ne doit être utilisée que pour une période limitée, voire pas du tout », a indiqué la porte-parole, dénonçant « la détention d’enfants par les services d’immigration ». 

« En vertu de la législation polonaise actuelle, les personnes qui entrent par des points de passage frontaliers non officiels peuvent être immédiatement renvoyées », a insisté Mme Throssell.

Par ailleurs, l’ONU s’est plaint que la Pologne et le Bélarus lui aient refusé l’accès à la zone frontalière entre les deux pays où l’organisation entendait enquêter sur la crise migratoire. Du 29 novembre au 3 décembre, une équipe du Haut-Commissariat s’est rendue en Pologne.  

Le HCDH indique que leur équipe avait pu se rendre en Pologne mais « sans avoir eu l’autorisation d’accéder à la zone frontalière », tandis que le Bélarus avait bloqué l’accès à l’ensemble de son territoire.

L’ONU appelle l’UE à faire respecter les droits humains à ses frontières extérieures

« Nous demandons instamment aux autorités des deux pays d’autoriser l’accès aux zones frontalières aux représentants humanitaires et des droits des droits de l’homme, aux journalistes, aux avocats, ainsi qu’aux représentants de la société civile », a souligné la porte-parole. 

En vertu de la loi polonaise sur la protection des frontières, la zone frontalière reste restreinte. 

« Ce manque d’accès pour les organisations humanitaires et de défense des droits humains, les avocats et les médias est très préoccupant », a-t-elle ajouté, soulevant « les inquiétudes de cet important déficit d’information quant à la transparence et à la reddition des comptes ».

Les services de la Haut-Commissaire Bachelet se sont également inquiétés « des cas de harcèlement et d’intimidation » à l’encontre des journalistes qui couvrent la situation des migrants à la frontière polonaise avec le Bélarus. 

« Nous exhortons donc une nouvelle fois la Biélorussie et la Pologne à faire en sorte que les droits humains des réfugiés et des migrants soient au centre de leurs actions », a-t-elle dit.

Plus globalement, le HCDH rappelle également à l’Union européenne (UE) et à ses Etats membres « leur obligation de faire respecter les droits humains aux frontières extérieures de l’UE ». 

« Dans une atmosphère dominée par l’accent mis sur la sécurité et alimentée par des récits hostiles aux migrants, des pratiques et des choix politiques sont faits des deux côtés (Pologne et Belarus) qui violent les droits humains des réfugiés et des migrants », a conclu la porte-parole du Haut-Commissariat.