L'actualité mondiale Un regard humain

Europe et Asie centrale : plus de 14 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire pendant la pandémie de Covid-19 (FAO)

Une femme sans abri fait la manche dans le centre de Londres, au Royaume-Uni.
Unsplash/Tom Parsons
Une femme sans abri fait la manche dans le centre de Londres, au Royaume-Uni.

Europe et Asie centrale : plus de 14 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire pendant la pandémie de Covid-19 (FAO)

Développement durable (ODD)

Bien qu’encore faibles par rapport au reste monde, les taux de faim ont été aggravés par les impacts de la pandémie du coronavirus en Europe et en Asie centrale (EAC), a alerté lundi l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), relevant que « plus de 14 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire modérée ou sévère de 2019 à 2020, pendant la pandémie de Covid-19 ».

En Europe et en Asie centrale, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire grave a augmenté de 7 millions en 2020 pour atteindre 22 millions (soit environ 2,4 % de la population), tandis que les personnes en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave (n’ayant pas accès à une alimentation sûre, nutritive et adéquate) ont augmenté de 14 millions pour atteindre 111 millions (11,9 % de la population totale).

Bien qu’il s’agisse d’une moyenne régionale, les proportions dans les Balkans occidentaux, en Asie centrale et dans le Caucase sont plus élevées. Par sous-région, les pourcentages étaient ainsi de 5,4 % dans les Balkans occidentaux, 4,7 % en Asie centrale, 3,3 % dans le Caucase, 2,3 % en Europe de la CEI, 1,4 % dans l’UE27 et au Royaume-Uni.

De jeunes Rom déplacés de force en Europe du Sud-Est. Ils sont nombreux à être apatrides. Photo: UNHCR/L. Taylor
UNHCR/L. Taylor
De jeunes Rom déplacés de force en Europe du Sud-Est. Ils sont nombreux à être apatrides. Photo: UNHCR/L. Taylor

7 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire grave dans l’UE et au Royaume-Uni

« La pandémie a eu un effet négatif sur la sécurité alimentaire dans la région Europe et Asie centrale », a déclaré dans l’avant-propos du rapport, Vladimir Rakhmanin, Sous-Directeur général et Représentant régional de la FAO.

En 2020, plus de 7 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire grave dans l’Union européenne (UE27) et au Royaume-Uni, auxquelles s’ajoutent 4,7 millions de personnes dans la Communauté des États indépendants « CEI » et 3,5 millions en Asie centrale, 900.000 dans les Balkans occidentaux, 600.000 dans le Caucase et 100.000 dans les pays de l’Association européenne de libre-échange (AELE) (et 5,8 millions dans le reste de la région de l’ECA).

Dans l’ensemble, près de 12 % de la population totale de la région de la CEA étaient exposés à une insécurité alimentaire modérée ou grave en 2020. Selon la FAO, quatre sous-régions présentent une prévalence plus élevée : l’Asie centrale, avec 18 %; les Balkans occidentaux, avec 17,6% ; l’Europe de la CEI, avec 16,8% ; et le Caucase, avec 16,7%.

À l’échelle mondiale, l’année 2020 a été marquée par l’apparition de la pandémie de Covid-19 et les perturbations qui en ont résulté pour les marchés, le commerce et les chaînes d’approvisionnement alimentaire.

Une jeune fille est allongée sur une couverture, étalée au milieu d'une route, près du poste de transit d'Idomeni, en Grèce, où des milliers de réfugiés et de migrants restent malgré la fermeture de la route dite des Balkans occidentaux (archives)
HCR/Achilleas Zavallis
Une jeune fille est allongée sur une couverture, étalée au milieu d'une route, près du poste de transit d'Idomeni, en Grèce, où des milliers de réfugiés et de migrants restent malgré la fermeture de la route dite des Balkans occidentaux (archives)

Une consommation alimentaire insuffisante en légère hausse dans le Caucase, en Asie centrale et dans les Balkans occidentaux

« Les réponses politiques à la pandémie variant fortement en fonction du niveau de richesse et de la volonté politique de chaque pays, les inégalités nationales et sous-régionales en matière d’accès à la nourriture et à la nutrition vont certainement se creuser. Il faut y remédier pour que la région Europe et Asie centrale progresse vers une alimentation et une nutrition suffisantes pour tous, avec la promesse de ne laisser personne de côté », a ajouté M. Rakhmanin.

Au cours des deux dernières décennies, les pays de la région Europe et Asie centrale ont réalisé des progrès considérables dans la lutte contre la sous-alimentation. À l’échelle mondiale, le nombre de personnes ayant une consommation alimentaire insuffisante est passé de 8,4 % en 2019 à 9,9 % en 2020, tandis qu’en Europe et en Asie centrale, la moyenne régionale est restée inférieure à 2,5 % - là où elle se trouve depuis près de deux décennies.

Toutefois, « ce chiffre cache des différences sous-régionales », relativise la FAO. Si le nombre est faible dans l’Union européenne, l’Association européenne de libre-échange et parmi les pays européens de la Communauté des États indépendants, de légères augmentations ont été détectées dans le Caucase, en Asie centrale et dans les Balkans occidentaux au cours des deux dernières années.

Une fillette de neuf ans déjeune à l'école primaire de Turkestan, au Kazakhstan.
Photo : UNICEF/Kaliyev
Une fillette de neuf ans déjeune à l'école primaire de Turkestan, au Kazakhstan.

La prévalence de l’anémie chez les femmes en âge de procréer est restée ces dernières années à plus de 17%

Le détail du rapport montre d’ailleurs que le nombre de personnes sous-alimentées dans les Balkans occidentaux était de 800.000 en 2000 et n’a connu que de faibles changements, se maintenant à environ 600.000 jusqu’en 2020. Comme en Asie centrale, le nombre de personnes sous-alimentées dans le Caucase a considérablement diminué entre 2000 (2,9 millions) et 2010 (500.000). Depuis lors, ce nombre est resté aux alentours de 500.000 à 600.000 jusqu’en 2020.

Par ailleurs, la prévalence de l’anémie chez les femmes en âge de procréer est restée ces dernières années à 17,4%, comme en 2000, avec des taux plus élevés dans certains pays du Caucase et d’Asie centrale, proches ou même supérieurs à la moyenne mondiale de 30%. Les données mondiales relatives à l’insuffisance pondérale à la naissance ont montré une baisse constante depuis 2000, et la tendance régionale semble avoir suivi le même schéma - mais lentement - avec une prévalence régionale (6,9%) environ la moitié du niveau mondial.

Dans la région, ni les pays à revenu élevé ni les pays à faible revenu n’ont réduit de manière substantielle la prévalence de l’insuffisance pondérale à la naissance.

« Même avant la pandémie, la situation dans le Caucase et en Asie centrale était déjà vulnérable et le sera encore plus en 2020 », a déclaré Cheng Fang, économiste à la FAO et principal auteur du rapport.