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Afghanistan : une aide agricole de toute urgence est nécessaire pour éviter une catastrophe humanitaire (FAO)

Un agriculteur sème des semences qu'il a reçues de la FAO à Kandahar en Afghanistan.
© FAO/Hashim Azizi
Un agriculteur sème des semences qu'il a reçues de la FAO à Kandahar en Afghanistan.

Afghanistan : une aide agricole de toute urgence est nécessaire pour éviter une catastrophe humanitaire (FAO)

Aide humanitaire

Alors que l’Afghanistan est confronté à une sécheresse généralisée, à l’effondrement des moyens de subsistance ruraux et à un bouleversement économique généralisé, une aide agricole est nécessaire de toute urgence pour éviter une catastrophe humanitaire, a alerté vendredi l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Selon cette organisation onusienne basée à Rome, les agriculteurs et les éleveurs sont indispensables pour sortir le pays du piège de la faim. En Afghanistan, au moins près de 19 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, ce qui signifie qu’elles ne sont pas en mesure de se nourrir quotidiennement.

Selon la FAO, ce chiffre devrait atteindre près de 23 millions de personnes d’ici la fin de l’année. « Nous devons aider l’Afghanistan à éviter le piège de la faim. Des millions d’Afghans vivent au bord de la catastrophe - ce qui se produira si leurs animaux meurent ou si leurs champs ne sont pas plantés », a déclaré Qu Dongyu, Directeur général de la FAO.

La FAO s’attend à une période de soudure « rude »

L’agriculture est l’épine dorsale des moyens de subsistance des Afghans et est essentielle à l’économie du pays. Environ 70% des Afghans vivent dans des zones rurales et l’agriculture représente au moins 25% du PIB. La FAO estime que 80% de tous les moyens de subsistance dépendent directement ou indirectement de l’agriculture.

Or la FAO s’attend à ce que la période de soudure, qui précède la récolte, soit « rude ». Une façon de rappeler qu’il faudra faire beaucoup plus pour nourrir les familles rurales et assurer leur survie.

Ce qui signifie protéger leur bétail pour que leurs précieux animaux restent en vie, en bonne santé et productifs. « Les agriculteurs afghans doivent recommencer à produire des denrées alimentaires pour leurs familles et pour l’Afghanistan, et ils ont besoin d’argent dans leurs poches », a déclaré Richard Trenchard, Représentant de la FAO en Afghanistan.

Le risque d’une deuxième année consécutive de sécheresse en 2022

Pour la FAO, « l’agriculture ne peut pas attendre et le peuple afghan ne peut pas attendre ». « La sécheresse, la Covid-19 et le conflit armé nous ont amenés à cette terrible situation. Dans notre village, les gens n’ont même pas de pain à manger », a d’ailleurs témoigné Helalading Najmadin, un agriculteur du village de Qalae rig, dans le district de Zendajan.

La sécheresse généralisée semble devoir s’aggraver en Afghanistan. « Nos propriétés et notre bétail ont été détruits, et en raison du manque de semences améliorées, d’engrais et d’eau, nous n’avons pas pu récolter de blé », a-t-il ajouté.

Sur le terrain, les agriculteurs et les éleveurs risquent d’être confrontés à une deuxième année consécutive de sécheresse en 2022, La Niña devant apporter des conditions plus sèches que la normale en Afghanistan au cours des prochains mois. Selon la FAO, cette situation créera un risque très réel de famine en 2022, à moins qu’une aide immédiate à grande échelle ne soit apportée très rapidement pour protéger ces personnes et leurs moyens de subsistance.

Conséquences de l’inaction : déplacement des populations rurales

M. Trenchard vient de rentrer d’une visite sur le terrain dans des zones ravagées par la sécheresse dans le district de Zendajan, dans la province de Herat. Il a également rencontré des déplacés internes vivant à la périphérie de la ville de Herat. Il s’agissait d’agriculteurs de Ghor, une province voisine, qui avaient quitté leurs terres rurales par désespoir.

« Aucun agriculteur ne veut quitter ses terres. Mais quand vous n’avez pas de nourriture, que vous n’avez pas de grain de la récolte précédente, qu’il n’y a pas de graines dans les champs et que votre bétail est parti, vous n’avez pas le choix », a fait valoir M. Trenchard.

Alors que l’accès humanitaire n’a jamais été aussi généreux, les prix s’envolent et les besoins continuent de dépasser les ressources fournies. « La situation est désastreuse. Tous les agriculteurs auxquels nous avons parlé ont perdu presque toutes leurs récoltes cette année, beaucoup ont été obligés de vendre leur bétail, ils ont accumulé d’énormes dettes et n’ont tout simplement pas d’argent », a ajouté le Représentant de la FAO.

Distribution de semences : une bouée de sauvetage pour les agriculteurs

Face à cette situation, l’organisation onusienne  fournit une aide vitale aux agriculteurs et aux éleveurs, tout en appelant à un soutien immédiat et beaucoup plus important de la production agricole. La FAO aide ainsi les agriculteurs et les éleveurs en leur fournissant des semences, des engrais, de l’argent et un soutien aux moyens d’existence afin de maintenir la production agricole et d’éviter un effondrement généralisé des moyens d’existence dans plusieurs régions du pays.

Un programme d’aide à la culture du blé coûtant 157 dollars permet à une famille d’agriculteurs de satisfaire ses besoins en céréales pendant un an, alors qu’il faut 1.080 dollars pour couvrir les besoins alimentaires minimaux d’une famille moyenne, ce que peu peuvent se permettre de faire actuellement.

La FAO distribue actuellement des kits de culture du blé pour la saison du blé d’hiver en Afghanistan dans 31 des 34 provinces du pays. Ils comprennent des semences de blé certifiées de haute qualité et fournies localement, ainsi qu’une formation technique pour garantir les meilleurs résultats possibles aux agriculteurs.

115 millions de dollars pour les opérations de la FAO jusqu’au printemps 2022

Cette campagne permet à 1,3 million de personnes de conserver leurs moyens d’existence dans les semaines et les mois à venir, alors que la FAO intensifie son aide humanitaire aux agriculteurs dans les grandes zones rurales du pays où vit la majorité des Afghans.

Avec l’aide de la FAO, la fourniture d’aliments pour animaux et d’autres services permet également de nourrir et de rendre productif jusqu’à 8,4 millions de têtes de bétail, de maintenir la production laitière des ménages et de soutenir les revenus connexes à hauteur de 35 dollars par semaine.

Pour mener tous ces projets, la FAO a besoin d’urgence de 115 millions de dollars pour atteindre cinq millions d’hommes, de femmes et d’enfants cet hiver et au printemps prochain. Sur ce montant, un dollar sur cinq viendra directement en aide aux femmes afghanes. Un montant supplémentaire de 85 millions de dollars est nécessaire en 2022 pour financer la réponse humanitaire de la FAO afin de prévenir l’effondrement des moyens de subsistance et les déplacements généralisés.

« Des investissements urgents dans l’agriculture et l’élevage sont nécessaires maintenant, et ils permettent aux donateurs d’économiser de l’argent par la suite en remettant le pays sur la voie de la sécurité alimentaire », a conclu le chef de la FAO.