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Myanmar : la cheffe des droits de l’homme de l'ONU déplore la persécution des journalistes 

L'instabiité politique continue au Myanmar.
Unsplash/Saw Wunna
L'instabiité politique continue au Myanmar.

Myanmar : la cheffe des droits de l’homme de l'ONU déplore la persécution des journalistes 

Droits de l'homme

La condamnation du journaliste américain, Danny Fenster, vendredi, à 11 ans de détention, montre la répression constante que subissent les journalistes au Myanmar, a déclaré la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet.

« La condamnation du journaliste Danny Fenster par un tribunal militaire à Yangon, à l'issue d'un procès à huis clos et inéquitable, est emblématique de la situation plus générale des journalistes au Myanmar, qui font l'objet d'une répression constante depuis le coup d'État militaire du 1er février », a dit Michelle Bachelet dans une déclaration à la presse. 

Danny Fenster a été arrêté à l'aéroport de Yangon en mai dernier. Vendredi, il a été condamné à 11 ans de prison pour avoir enfreint les lois relatives à l'immigration et aux associations illégales et pour avoir suscité la dissidence contre l'armée.

Il a été jugé par un tribunal ad hoc à l'intérieur de la prison d'Insein, à Yangon. Les débats n'ont fait l'objet d'aucun examen public, ce qui suscite de vives inquiétudes quant au non-respect des garanties d'un procès équitable, a indiqué le Bureau de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme. Le journaliste américain doit encore faire face à un second procès pour haute trahison et violation de la loi antiterroriste.

Yangon, Myanmar.
Banque asiatique de développement/Lester Ledesma
Yangon, Myanmar.

Répression des journalistes depuis le coup d’Etat de février

Le Myanmar est plongé dans le chaos depuis le coup d'État de février, les militaires tentant de réprimer les vastes manifestations en faveur de la démocratie et d'éradiquer toute contestation. La presse a également été mise en danger par la junte qui tente de contrôler plus étroitement le flux d'informations, en limitant l'accès à l'Internet et en retirant les licences des médias locaux.

Ainsi depuis le 1er février, au moins 126 journalistes, responsables de médias ou éditeurs ont été arrêtés par l'armée, et 47 d'entre eux sont toujours en détention. Vingt de ces personnes ont été accusées de crimes en raison de leur travail de journaliste. Neuf médias se sont vu retirer leur licence et 20 autres ont dû suspendre leurs activités. Des dizaines de journalistes seraient toujours en fuite en raison de mandats d'arrêt non exécutés.

« Les journalistes font l'objet d'attaques depuis le 1er février, les dirigeants militaires tentant manifestement de les empêcher de rendre compte des graves violations des droits de l'homme perpétrées au Myanmar ainsi que de l'ampleur de l'opposition au régime », a déclaré Mme Bachelet. « Le Myanmar est rapidement revenu à un environnement de contrôle de l'information, de censure et de propagande observé sous les régimes militaires dans le passé ».

« Les attaques contre les journalistes et les médias exacerbent encore la vulnérabilité d'énormes pans de la société qui dépendent d'informations précises et indépendantes », a ajouté Mme Bachelet. « Avec les mesures de répression contre les journalistes, les fermetures de l'Internet, les restrictions au libre accès aux données en ligne et autres sources, les gens sont privés d'informations vitales », a-t-elle déploré. 

La Haut-Commissaire aux droits de l’homme a demandé instamment aux autorités militaires « de libérer immédiatement tous les journalistes détenus en raison de leur travail ».