L'actualité mondiale Un regard humain

COP26 : l’expansion agricole est responsable de près de 90% de la déforestation dans le monde (FAO)

La déforestation est l’affectation de terrains forestiers à d’autres usages, comme l’agriculture et les infrastructures.
©FAO/Karen Minasyan
La déforestation est l’affectation de terrains forestiers à d’autres usages, comme l’agriculture et les infrastructures.

COP26 : l’expansion agricole est responsable de près de 90% de la déforestation dans le monde (FAO)

Climat et environnement

L’expansion agricole est responsable de près de 90% de la déforestation dans le monde, ce qui représente un impact bien supérieur à ce qui était estimé jusqu’ici, a averti la FAO à l’occasion de la publication aujourd’hui des premiers résultats de sa nouvelle prospection mondiale par télédétection.

« D’après la dernière évaluation des ressources forestières mondiales de la FAO, nous avons perdu 420 millions d’hectares de forêts depuis 1990 », a fait valoir le Directeur général de la FAO, Qu Dongyu à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26), où la FAO a présenté ces nouvelles données. 

En effet, l’étude de la FAO montre qu’au niveau mondial la perte de couvert forestier est attribuable pour plus de moitié à la conversion de forêts en terres agricoles et que le pâturage est responsable de près de 40% de la réduction des surfaces forestières.

Elle confirme également un ralentissement général de la déforestation mondiale, c’est-à-dire un ralentissement de l’affectation de terrains forestiers à d’autres usages, comme l’agriculture et les infrastructures. 

Toutefois elle met en évidence la pression importante que l’expansion agricole exerce en particulier sur les forêts tropicales humides. 

L'une des principales causes de la déforestation en Bolivie est l'expansion de l'agriculture mécanisée.
Climate Visuals Countdown/Marcelo Perez del Carpio
L'une des principales causes de la déforestation en Bolivie est l'expansion de l'agriculture mécanisée.

Productivité agroalimentaire et arrêt de la déforestation ne sont pas incompatibles

L’augmentation de la productivité agroalimentaire – nécessaire pour répondre aux nouveaux besoins d’une population croissante – et l’arrêt de la déforestation ne sont néanmoins pas des objectifs incompatibles, a souligné M. Qu.

Plus de 20 pays en développement ont d’ores et déjà montré qu’il était possible de les concilier. En effet, des données récentes confirment qu’on a réussi à réduire la déforestation en Amérique du Sud et en Asie.

Le chef de la FAO a affirmé qu’il est vital de réduire la déforestation et de donner une nouvelle ampleur aux progrès obtenus au prix d’immenses efforts dans ce domaine afin de reconstruire en mieux et en plus vert après la pandémie de Covid-19.

« Pour que cette entreprise soit couronnée de succès, nous devons déterminer quelles sont les zones touchées par la déforestation et la dégradation des forêts et en connaître les causes pour ensuite délimiter les périmètres d’intervention nécessaires », a déclaré le Directeur général, avant d’ajouter que cela passait par une démarche associant les dernières innovations technologiques et une expertise locale sur le terrain, dont l’étude en est une bonne illustration. 

Les causes de la déforestation diffèrent d’une région à l’autre 

D’après les nouvelles données de l’étude, la déforestation pendant la période 2000-2018 concerne dans une très large mesure les biomes tropicaux. 

Les forêts tropicales sont en péril

Malgré le ralentissement de la déforestation en Amérique du Sud et en Asie, leurs forêts tropicales humides ont continué à relever les plus forts taux de déforestation.

Selon l’enquête, l’agriculture est la principale cause de la déforestation dans toutes les régions du monde, à l’exception de l’Europe, où l’urbanisation et le développement des infrastructures a contribué de manière plus importante à ce phénomène. 

C’est l’artificialisation agricole qui est la première responsable du recul des zones forestières en Afrique et en Asie, où les pertes forestières sont à plus de 75% imputable à la conversion à un usage agraire. En Amérique du Sud, près des trois quarts de la déforestation est attribuable au pâturage du bétail. 

Cette étude, dirigée par la FAO, a été réalisée à l’aide de données et d’outils satellitaires qui ont été mis au point en partenariat avec la NASA et Google et en collaboration étroite avec plus de 800 experts nationaux de près de 130 pays.

Quelque 1,6 milliard de personnes dans le monde dépendent directement des forêts pour leur alimentation, leur logement, leur énergie, leurs médicaments et leurs revenus.
FAO/Xiaofen Yuan
Quelque 1,6 milliard de personnes dans le monde dépendent directement des forêts pour leur alimentation, leur logement, leur énergie, leurs médicaments et leurs revenus.

La chaîne d’approvisionnement en passe de rejoindre l’agriculture

La FAO a fait valoir que la chaîne d’approvisionnement est en passe de rejoindre l’agriculture et l’utilisation des terres parmi les principaux facteurs contribuant aux émissions de gaz à effet de serre générées par le système agroalimentaire dans de nombreux pays. 

Elle deviendrait l’une des principales sources d’émissions dans les systèmes agroalimentaires, avec la déforestation et les pratiques agricoles, en raison de la progression rapide portée par la transformation, l’emballage, le transport et la vente au détail des aliments ainsi que leur consommation par les ménages, de même que l’élimination des déchets et la fabrication d’engrais, indique une autre étude sur la question. 

Les facteurs non liés aux activités agricoles et au changement d’affectation des terres comptent déjà pour plus de la moitié des émissions de dioxyde de carbone engendrées par les systèmes agroalimentaires dans les régions développées, et leur part a plus que doublé au cours des trente dernières années dans les pays en développement. 

Cette deuxième étude vise à quantifier les tendances relatives aux gaz à effet de serre pour faciliter la prise de mesures d’atténuation et avertir les décideurs des évolutions qui se dessinent. À terme, elle pourra aider les consommateurs à se faire une idée de l’empreinte carbone totale de certaines marchandises le long des chaînes d’approvisionnement mondiales, s’est félicitée la FAO.

Aperçu de l’action de la FAO dans la lutte contre la déforestation

Compte tenu des multiples liens entre les forêts, l’agriculture et la sécurité alimentaire, le nouveau Cadre stratégique de la FAO orientera les efforts qui seront déployés dans la transformation des systèmes agroalimentaires visant à rendre ceux-ci plus efficaces, inclusifs, résilients et durables. 

En collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la FAO aide plus de 60 pays à mettre en œuvre des stratégies de réduction des émissions causées par la déforestation et la dégradation des forêts par l’intermédiaire du Programme REDD des Nations Unies.

La FAO est également l’un des chefs de file, avec le PNUE, de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, qui offre une occasion importante de concrétiser plus rapidement les idées innovantes sous la forme d’actions ambitieuses.

De plus, lors du récent Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, une coalition a été formée entre des pays producteurs et des pays consommateurs, des entreprises et des organisations internationales pour faire cesser la déforestation et les préjudices écologiques qu’entraîne l’artificialisation des terres réalisée dans le but de produire des denrées agricoles.

Le Partenariat de collaboration sur les forêts, qui est dirigé par la FAO et est composé de 15 organisations internationales, élabore une initiative conjointe visant à inverser la tendance en matière de déforestation pour accélérer les efforts et en amplifier les effets.