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Mères et enfants dans une clinique mobile de nutrition soutenue par le PAM à Herat, en Afghanistan.

Afghanistan : une course contre la montre pour éviter une catastrophe humanitaire (OIM)

PAM/Marco Di Lauro
Mères et enfants dans une clinique mobile de nutrition soutenue par le PAM à Herat, en Afghanistan.

Afghanistan : une course contre la montre pour éviter une catastrophe humanitaire (OIM)

Aide humanitaire

« A l’approche d’un hiver rigoureux, il existe un risque réel que la situation se détériore en Afghanistan, entraînant une augmentation des déplacements, de la vulnérabilité et de la souffrance », a alerté jeudi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), redoutant une perte « des modestes acquis sociaux et de développement des deux dernières décennies » dans ce pays.

« L’OIM est profondément inquiète pour l’avenir », a déclaré dans un communiqué le Directeur général de l’Agence des Nations Unies pour les migrations, António Vitorino, au terme d’une visite de deux jours en Afghanistan.

Le conflit et l’insécurité, la pauvreté extrême exacerbée par une économie en chute libre, la grave sécheresse et la pandémie de Covid-19 ont poussé l’Afghanistan « au bord de l’effondrement ». 

En effet, plus de la moitié de la population a du mal à se nourrir. Selon l’OIM, la malnutrition a atteint des « niveaux dramatiques », notamment pour de nombreux enfants. 

« Plus de 80 % des personnes que nous avons interrogées disent avoir perdu leur emploi et leurs moyens de subsistance », a ajouté M. Vitorino. 

5,5 millions de déplacés internes, soit à peu près la population de la Finlande

Présentement, des millions de personnes vivent dans des abris inadéquats avec un accès limité aux services de base, notamment l’assainissement et les soins de santé. 

Par ailleurs, l’Afghanistan compte 5,5 millions de déplacés internes, soit à peu près la population de la Finlande, dont plus de 670.000 ont été contraints de quitter leur foyer depuis le début de l’année. Selon l’ONU, 60 % des personnes déplacées sont des enfants. 

« Nous sommes en effet engagés dans une course contre la montre pour aider ces personnes à se préparer à l’hiver, comme l’a souligné le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres », a affirmé le Chef de l’OIM. 

Sur le terrain, ses équipes font du « porte à porte » pour fournir des abris, des couvertures, des vêtements chauds et de l’argent pour le carburant et le chauffage. L’Agence onusienne prévoit d’étendre l’aide hivernale à toutes les provinces du pays afin d’atteindre 200.000 personnes dans le besoin.

Un effondrement économique serait dévastateur, selon l’OIM

L’augmentation des retours dans le pays a aggravé les difficultés. 

Plus d’un million d’Afghans sont rentrés d’Iran et du Pakistan cette année, tandis que d’autres tentent de quitter le pays. La majorité d’entre eux ont été expulsés et sont rentrés en Afghanistan « souvent brisés et cassés ». Ces populations ont donc besoin d’une aide sanitaire et des vivres.

D’un autre côté, le changement climatique a également durement touché l’Afghanistan et a largement contribué aux déplacements internes. 

L’OIM estime que près de 70 % de la population a été touchée par la sécheresse et les inondations. 

« Les mauvaises récoltes sont une réalité, et un effondrement économique serait dévastateur », a averti M. Vitorino.

Pour éviter un tel scénario catastrophe, l’OIM est convaincue que « des mesures globales et inclusives sont le meilleur moyen de protéger et de promouvoir les moyens de subsistance - en particulier ceux des femmes afghanes - et de garantir l’accès aux services essentiels pour les communautés touchées par le conflit dans tout le pays ».