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Un journaliste reporter d'image coucant une manifestation

L’ONU appelle à enquêter et poursuivre pour mettre fin à l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes 

Unsplash/Jovaughn Stephens
Un journaliste reporter d'image coucant une manifestation

L’ONU appelle à enquêter et poursuivre pour mettre fin à l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes 

Droits de l'homme

Lorsque des journalistes sont attaqués en toute impunité, il y a une défaillance des systèmes judiciaire et de sécurité pour tous : il faut faire davantage pour les protéger, ont déclaré mardi les Nations Unies à l’occasion de la Journée internationale pour la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes. 

« Les crimes contre les journalistes ont une influence énorme sur la société tout entière. De tels faits empêchent en effet les citoyens de prendre des décisions éclairées », a souligné le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un message pour la Journée.

« La pandémie de Covid-19 et la pandémie parallèle de désinformation ont montré que l’accès aux faits et aux informations scientifiques était une véritable question de vie ou de mort. Lorsque l’accès à l’information est menacé, c’est la démocratie et l’Etat de droit qui sont ébranlés », a ajouté M. Guterres.

Dire la vérité aux puissants

Selon l’ONU, l’un des rôles les plus importants des journalistes consiste à « mettre la vérité en lumière » et de « dire la vérité aux puissants ».

Cela suppose d’identifier, de compiler et de vérifier les faits, puis de rendre compte avec exactitude de leur signification, ce qui place les journalistes dans une position unique et déterminante.

« Pour trop de journalistes, dire la vérité a un prix. Vérité et pouvoir ne vont pas toujours de pair – entre 2006 et 2020 dans le monde, près de 1.200 journalistes ont été tués dans l’exercice de leur métier », a pour sa part regretté dans un message la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay.  

Des journalistes lors d'un événement à Kaboul, à l'occasion de la Journée nationale des journalistes afghans (mars 2019), en faveur de la liberté des médias et de la solidarité avec les journalistes en Afghanistan.
MANUA/Fardin Waezi
Des journalistes lors d'un événement à Kaboul, à l'occasion de la Journée nationale des journalistes afghans (mars 2019), en faveur de la liberté des médias et de la solidarité avec les journalistes en Afghanistan.

Une multitude de périls et menaces en toute impunité

Mme Azoulay a souligné que beaucoup avaient perdu la vie en couvrant des conflits, mais que « beaucoup plus encore sont tués en dehors des situations de conflit, pour avoir enquêté sur des affaires de corruption, de trafic, de malversations politiques, de violations des droits de l’homme ou d’atteintes à l’environnement ».

« La mort n’est pas le seul risque auquel les journalistes sont exposés : les attaques contre la presse peuvent prendre la forme de menaces, d’enlèvements, d’arrestations, d’emprisonnements ou de harcèlement – hors ligne et en ligne, et ciblant les femmes en particulier », a souligné Mme Azoulay.

Aussi, dans près de 9 cas sur 10, les auteurs de ces crimes restent impunis.  

Les journalistes sont indispensables pour garantir le droit fondamental à la liberté d’expression énoncé à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. 

Lorsque des journalistes sont attaqués en toute impunité, il y a une défaillance des systèmes judiciaire et de sécurité pour tous. Les États ont donc l’obligation de protéger les journalistes et de veiller à ce que les auteurs de crimes à leur égard soient condamnés. 

Les juges et les procureurs, en particulier, ont un rôle important à jouer pour promouvoir des procédures pénales rapides et efficaces. 

À cette fin, l’UNESCO a formé près de 23.000 acteurs judiciaires ces dernières années, notamment des juges, des procureurs et des avocats, sur les normes internationales en matière de liberté d’expression et de sécurité des journalistes, en particulier sur les questions d'impunité.

#EndImpunity  

Pour sensibiliser l’opinion et soutenir ces actions, quant à la mise à terme de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, la campagne de l’UNESCO #EndImpunity met en exergue cette année certains des risques spécifiques auxquels les journalistes sont confrontés dans leur quête de la vérité. 

Mme Azoulay a appelé tout le monde à se joindre à cette campagne, ainsi   que   tous   les   États   membres   et   les   organisations   internationales   et   non   gouvernementales à unir leurs forces pour garantir la sécurité des journalistes et en finir avec l’impunité.

M. Guterres a « demandé instamment aux États Membres et à la communauté internationale d’être solidaires des journalistes dans le monde entier, aujourd’hui comme chaque jour, et de faire preuve de la volonté politique nécessaire pour enquêter sur les crimes commis contre les journalistes et les professionnels des médias et pour en poursuivre les auteurs avec la plus grande fermeté ».

« Ce n’est qu’en enquêtant et en engageant des poursuites pour les crimes commis contre les professionnels des médias que nous pourrons garantir l’accès à l’information et la liberté d’expression », a fait valoir la cheffe de l’UNESCO. 

« Ce n’est qu’en permettant que la vérité soit dite que nous pourrons faire progresser la paix, la justice et le développement durable dans nos sociétés », a conclu Mme Azoulay.