L'actualité mondiale Un regard humain

Climat : des politiques industrielles vertes sont essentielles pour l’adaptation des pays en developpement (CNUCED)

L'utilisation du vent pour produire de l'énergie a moins d'effets sur l'environnement que de nombreuses autres sources d'énergie.
© Unsplash
L'utilisation du vent pour produire de l'énergie a moins d'effets sur l'environnement que de nombreuses autres sources d'énergie.

Climat : des politiques industrielles vertes sont essentielles pour l’adaptation des pays en developpement (CNUCED)

Climat et environnement

Face aux effets du changement climatique qui ont un coût économique élevé, les pays en développement devraient mettre en oeuvre des politiques industrielles vertes pour s’adapter, estime la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) dans un rapport publié jeudi.

Dans ce rapport, dont la première partie a été publiée en septembre, la CNUCED appelle à une approche transformatrice de l'adaptation au climat, avec des programmes d'investissement public à grande échelle pour s'adapter aux menaces actuelles et futures, et des politiques industrielles vertes pour stimuler la croissance et la création d'emplois.

2021 a été une nouvelle année chargée d'événements climatiques extrêmes ; des vagues de chaleur plus intenses, des cyclones tropicaux de plus en plus puissants, des sécheresses prolongées et une élévation du niveau des mers sont inévitables, la hausse des températures mondiales entraînant des dommages économiques et des souffrances humaines toujours plus importants.

Dans de nombreux pays en développement, la vulnérabilité aux chocs économiques et climatiques s'aggrave mutuellement, enfermant les pays dans un cercle vicieux jalonné de perturbations permanentes, de précarité économique et de faible croissance de la productivité. Plus la hausse des températures mondiales est importante, plus les pays du Sud subissent des dommages importants.

« Le rapport démontre qu'une action suffisante pour s'adapter au défi climatique nécessitera une approche transformée, proactive et stratégique plutôt que simplement rétroactive. Mais les gouvernements des pays en développement ont besoin d'une marge de manœuvre politique et budgétaire adéquate pour mobiliser des investissements publics à grande échelle afin de faire face aux futures menaces climatiques, tout en veillant à ce que ces investissements complètent les objectifs de développement », déclare la Secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan.

L'adaptation au climat : plus qu'une affaire risquée

La plupart des discussions se sont concentrées sur l'atténuation du climat, reléguant l'adaptation au deuxième plan. Cette attitude s'avère peu clairvoyante et de plus en plus coûteuse, notamment pour les pays en développement où les chocs climatiques nuisent aux perspectives de croissance et obligent les gouvernements à détourner des ressources rares des investissements productifs.

Les coûts d'adaptation pour les pays en développement ont doublé au cours de la dernière décennie en raison de l'inaction. Ils ne feront qu'augmenter avec la hausse des températures, pour atteindre 300 milliards de dollars en 2030 et 500 milliards en 2050.

À tous les niveaux de développement, il a été conseillé de renforcer la résilience aux chocs en améliorant les techniques de collecte de données et d'évaluation des risques afin de mieux protéger les actifs existants ainsi qu’en fournissant un soutien financier temporaire lorsque les chocs se matérialisent.

Le rapport fait toutefois valoir que l'adaptation relève moins de la gestion des risques que de la planification du développement, et l'État doit jouer un rôle clé en tant que meilleure plateforme pour se préparer aux impacts climatiques.

Les mesures de gestion des risques peuvent apporter une résilience partielle aux risques climatiques actuels, mais ces interventions préservent des structures qui laissent les pays en développement dans un état de vulnérabilité permanente et écartent les options plus prospectives.

Selon Richard Kozul-Wright, Directeur de la Division de la mondialisation et des stratégies de développement de la CNUCED, et auteur principal du rapport, « l'adaptation au climat et le développement sont inextricablement liés et les efforts politiques pour s'attaquer à l'adaptation doivent en tenir compte afin d'avoir un impact durable et significatif ». La seule solution durable, suggère-t-il, « consiste à mettre en place des économies plus résilientes grâce à un processus de transformation structurelle et à réduire la dépendance des pays en développement à l'égard d'un petit nombre d'activités sensibles au climat ».

Modernisation de l’État

Le rapport propose un État modernisé, habilité à mettre en œuvre des politiques industrielles vertes et adapté aux circonstances économiques locales, comme étant la meilleure voie à suivre.

Les activités liées à la production d'énergie renouvelable et à l'économie circulaire peuvent, selon le rapport, fonctionner à faible échelle, ouvrant des opportunités commerciales aux petites entreprises et dans les zones rurales, contribuant à diversifier les structures de production économique et réduire la dépendance de nombreux pays à l'égard de la production d'une gamme étroite de produits primaires.

Cela pourrait, à son tour, élargir l'assiette fiscale et favoriser la mobilisation des ressources intérieures comme source de financement du développement.
Toutefois, la mobilisation des ressources intérieures devra être renforcée, notamment par des banques centrales plus actives, des banques publiques spécialisées et des politiques fiscales stratégiques.

Compte tenu de la nature systémique des défis de l'adaptation et de la nécessité de garantir des résultats plus équitables, l'État doit devenir un régulateur et un coordinateur du financement vert privé et aller bien au-delà d'un simple véhicule d’atténuation du risque.

Les banques centrales du monde entier ayant été en mesure d'aider directement les gouvernements pendant la pandémie de Covid-19, le rapport examine comment la période de redressement post-pandémique pourrait être l'occasion de suivre cette même voie pour soutenir les investissements liés au climat.

Néanmoins, l'ampleur des besoins d'adaptation et le fait que ceux qui souffrent le plus sont les moins responsables de la cause du problème et les moins à même de payer pour cela, signifient que les économies avancées devront augmenter leurs engagements pour le financement de l'adaptation.