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Durban+20 : une experte de l’ONU critique les pays ayant boycotté la Conférence sur le racisme

Manifestation à New York en juin 2020 contre le racisme et les brutalités policières à la suite de la mort de George Floyd.
Photo : ONU/Evan Schneider
Manifestation à New York en juin 2020 contre le racisme et les brutalités policières à la suite de la mort de George Floyd.

Durban+20 : une experte de l’ONU critique les pays ayant boycotté la Conférence sur le racisme

Droits de l'homme

Une experte indépendante de l’ONU a vivement critiqué les pays qui ont boycotté la conférence Durban IV de suivi de la rencontre de l’ONU contre le racisme, organisée le 22 septembre dernier et appelle à une action urgente contre le racisme transnational.

« La Déclaration et le Programme d’action de Durban (DDPA), adoptés il y a vingt ans, offrent un schéma directeur de principe et pratique pour défaire les structures discriminatoires et parvenir à l’égalité et à la justice pour les groupes et les individus marginalisés et exploités », a déclaré mercredi à l’Assemblée générale, Tendayi Achiume, la Rapporteure spéciale sur les formes contemporaines du racisme. 

Elle a appelé les Etats à s’engager à nouveau à respecter les principes de lutte contre la discrimination raciale et l’intolérance convenus lors de la conférence mondiale contre le racisme qui s’est tenue à Durban, en Afrique du Sud, il y a 20 ans.

D’autant que l’impact inégal de la pandémie de Covid-19 est le rappel le plus récent de la profondeur des disparités raciales, ethniques et nationales qui subsistent dans la jouissance des droits de l’homme fondamentaux.

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lors de la commémoration du 20e anniversaire de l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de Durban.
Photo : ONU/Cia Pak
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lors de la commémoration du 20e anniversaire de l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de Durban.

Parmi les pays ayant boycotté, il y a les « plus grands bénéficiaires du colonialisme et de la traite transatlantique des esclaves »

Plusieurs pays avaient décidé de boycotter cette réunion organisée par l’ONU le 22 septembre, pour le XXe anniversaire de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance, qui s’est tenue à Durban (Afrique du Sud) en 2001. Par le passé, en 2009 et 2011, de nombreux pays occidentaux avaient déjà boycotté la conférence de suivi de Durban.

Mme Achiume a ainsi critiqué les pays qui ont annoncé qu’ils ne participeraient pas à cette récente commémoration de la Conférence de Durban et de la Déclaration par l’Assemblée générale, ni au processus de Durban.

« Plutôt que d’utiliser la Déclaration pour lutter contre le racisme, plusieurs États ont au contraire signalé leur intention d’abandonner le processus de Durban », a-t-elle regretté. 

« Ce groupe comprend certains des plus grands bénéficiaires du colonialisme, de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves », a ajouté l’experte indépendante, tout en invitant « les États participant à toute forme de boycott du DDPA à démontrer au contraire leur véritable engagement en faveur de la justice et de l’égalité raciales en mettant en œuvre le DDPA et en s’engageant dans ses mécanismes de suivi ».

Plus de 20 ans après Durban, le monde se trouve à un carrefour similaire

Plus largement, elle a exhorté les pays à réaffirmer leur engagement dans la lutte transnationale contre le racisme alors qu’elle présentait à l’Assemblée générale son rapport soulignant les apports de la déclaration de Durban, avec des recommandations pour lutter contre l’intolérance et les inégalités structurelles. « Il y a vingt ans, le monde se trouvait à la croisée des chemins à Durban », a-t-elle affirmé. 

« Aujourd’hui, malgré le plaidoyer dévoué et la mobilisation de la base au cours des deux dernières décennies, le monde se trouve à un carrefour similaire », a fait valoir l’experte indépendante, exhortant les États membres de l’ONU - et l’ensemble de la communauté internationale - à réaffirmer les engagements inscrits dans la Déclaration de Durban ».

Il s’agit ainsi de « prendre des mesures concrètes pour réaliser la promesse d’égalité raciale et de justice raciale transnationale », a conclu Mme Achiume.

NOTE : 

Les rapporteurs spéciaux font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand corps d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de surveillance du Conseil qui traitent soit des situations spécifiques de pays, soit des questions thématiques dans toutes les parties du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel de l'ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.