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Pour les pays sortant d’un conflit, la diversité n’est pas une menace mais une force – Guterres

La participation des femmes dans les processus politiques est bénéfique pour tous.
UNFPA Soudan
La participation des femmes dans les processus politiques est bénéfique pour tous.

Pour les pays sortant d’un conflit, la diversité n’est pas une menace mais une force – Guterres

Paix et sécurité

Les pays qui sortent d’un conflit réussiront à bâtir une paix durable si un large éventail de personnes participe au processus, a déclaré mardi le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors d’un débat au Conseil de sécurité.

« Des parties à un conflit peuvent convenir de mettre fin aux hostilités. Elles peuvent accepter d'entamer le long processus de reconstruction d'un pays. Et elles peuvent même unir leurs forces pour reconstituer un gouvernement. Mais sans inclure un large éventail de voix diverses à chaque étape de ce processus – sans faire participer tout le monde – toute paix sera de courte durée », a-t-il prévenu dans un discours devant les membres du Conseil.

« Les griefs de longue date, les inégalités, la méfiance et les divisions sociales ne disparaissent pas simplement lorsque les combats cessent. Ils peuvent facilement s'embraser à nouveau. Et ils peuvent s'aggraver si les personnes et les groupes avides de changement ne voient pas leurs besoins et leur vision de l'avenir pris en compte », a-t-il ajouté.

Le débat, qui a pour thème « Consolidation de la paix et paix durable : diversité, renforcement de l’Etat et recherche de la paix », est organisé par la Présidence tournante du Conseil de sécurité, occupée en octobre par le Kenya.

« Pour les pays émergeant des horreurs d'un conflit et en quête d'un avenir meilleur – en fait pour tous les pays – la diversité ne doit pas être considérée comme une menace. C'est une source de force. Un ancrage de paix et de stabilité dans des régions du monde qui ont trop peu connu l'une ou l'autre. Et un point de ralliement pour que chaque personne contribue à un avenir meilleur – pour elle-même et pour sa société », a insisté le Secrétaire général.

Il a noté une tendance à la forte augmentation du nombre de groupes armés non étatiques au cœur des conflits. « Beaucoup s'unissent autour d'identités communes ou de croyances partagées », a-t-il souligné.

Il a également observé que de nombreux conflits sont profondément enracinés dans des inégalités de longue date entre les groupes, et la pandémie de Covid-19 a aggravé ces inégalités et inversé les acquis en matière de développement et de consolidation de la paix.

Débat sur la consolidation de la paix et la paix durable

 

Inclure les femmes

Inversement, l'inclusion est fondamentale pour la résilience et la paix durable, a déclaré le Secrétaire général, notant les liens entre l'inclusion des femmes, l'égalité des sexes et la paix et la sécurité durables.

« Alors que les pays cherchent à construire une paix durable, ils doivent inclure et impliquer tous les segments de la population dans le processus de reconstruction des communautés et de maintien de la paix », a-t-il dit. « Lorsque nous ouvrons la porte à l'inclusion et à la participation, nous faisons un pas de géant dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix ».

Le chef de l’ONU a souligné trois domaines en particulier.

« Premièrement, les institutions et les lois nationales doivent fonctionner pour tous », a-t-il estimé. Selon lui, cela signifie protéger et promouvoir les droits de l'homme, y compris les droits des personnes à la santé, à l'éducation, à la protection et aux opportunités. Cela aussi signifie mettre en œuvre des politiques et des lois qui protègent les groupes vulnérables, y compris des lois contre la discrimination fondée sur la race, l'origine ethnique, l'âge, le sexe, la religion, le handicap, l'orientation sexuelle ou l'identité de genre. Et cela signifie travailler avec tous les partenaires pour développer des capacités nationales plus fortes – ancrées dans les droits de l'homme – qui peuvent servir tout le monde, de manière égale.

« Deuxièmement, les pays devraient envisager de donner plus de place aux régions infranationales », a estimé M. Guterres.

« Les pays qui sortent de plusieurs années – voire décennies – d’instabilité ne peuvent se permettre d’ignorer l’opinion de pans entiers de la population et ainsi risquer d’attiser de futures rancœurs. Les gouvernements doivent trouver de nouvelles méthodes pour faire avancer la population ensemble, à l’unisson, par un dialogue constant – tout en reconnaissant et en respectant les différences de chacun – et même si cela implique de déléguer certains domaines d’autorité », a-t-il ajouté.

Et enfin, le Secrétaire général estime qu’il faut impliquer les femmes, les jeunes et les plus marginalisés à chaque étape du processus.

« La construction et le maintien de la paix nécessitent leurs voix et leurs actions. C'est pourquoi nos opérations de maintien de la paix et nos missions politiques spéciales mettent fortement l'accent sur une plus grande inclusion et une participation significative des femmes et des jeunes », a-t-il dit.