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Face aux crises au Sahel, le dirigeant malien préconise un mandat plus robuste pour la mission de l'ONU

Le Premier ministre de la République du Mali, Choguel Kokalla Maïga, prend la parole lors du débat général de la 76e session de l'Assemblée générale des Nations Unies.
Photo : ONU/Loey Felipe
Le Premier ministre de la République du Mali, Choguel Kokalla Maïga, prend la parole lors du débat général de la 76e session de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Face aux crises au Sahel, le dirigeant malien préconise un mandat plus robuste pour la mission de l'ONU

À l’ONU

Le Premier ministre intérimaire du Mali, Choguel Kokalla Maïga, a déclaré samedi que « rarement, un pays ou une région a été aussi sévèrement touché par l'empilement des crises que le Mali et les États du Sahel ».

Le terrorisme, l'extrémisme violent et l'instabilité sont une menace constante dans la région, et maintenant, « une note d'angoisse et de tragédie a été ajoutée par l'arrivée de la pandémie de la Covid-19 ».

Le Premier ministre malien s'exprimait au 5ème jour de la semaine de haut niveau de l'Assemblée générale. Après avoir été tenue virtuellement l'année dernière en raison de la pandémie de coronavirus, l'assemblée de cette année propose des activités « hybrides » qui incluent des dirigeants en personne et des participants virtuels.

La menace du terrorisme

M. Maïga, qui dirige le gouvernement de transition depuis le 11 juin, a déclaré que le peuple malien place « tous ses espoirs dans le processus de transition politique en cours ».

Depuis mars 2012, date du coup d'État dans le pays, a-t-il dit, la situation « ne s'est guère améliorée, malgré le soutien international et la présence d'une opération de paix de l'ONU, la MINUSMA, et d'autres forces internationales ».

« La situation n'a cessé de se détériorer, au point que des pans entiers du territoire national échappent au contrôle du gouvernement. Mes concitoyens vivent sous l'emprise de groupes terroristes et armés et avec leurs droits les plus élémentaires bafoués. Leur accès aux services de base reste hypothétique en raison de la faible présence de l'État ».

Rendant hommage à « toutes les femmes et tous les hommes qui travaillent sous la bannière de la MINUSMA, officiellement appelée Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies au Mali, dans des conditions difficiles, souvent périlleuses », il a soutenu que la Mission doit continuer à évoluer.

« Nous devons avoir le courage et la lucidité de remettre en cause les instruments et mécanismes susmentionnés. Nous devons aussi et surtout remettre sur la table l'exigence d'un mandat plus robuste et d'un changement de posture de la MINUSMA », a-t-il déclaré.

Changements à la MINUSMA

M. Maïga a déclaré que depuis la création de la MINUSMA, en 2013, la menace terroriste « s'est continuellement détériorée ».

Il a ensuite pointé du doigt le départ des forces françaises qui font partie de l'opération Barkhane.

« L'annonce unilatérale du retrait de Barkhane et sa transformation ont ignoré le lien qui nous lie, l'ONU, le Mali et la France, sur les lignes de front de la lutte contre les facteurs de déstabilisation », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que cette « nouvelle situation « conduit son gouvernement » à explorer les voies et moyens de mieux assurer la sécurité, indépendamment ou avec d'autres partenaires, afin de combler le vide qui sera inévitablement créé ».

Pour lui, la situation « doit également inciter les Nations Unies à avoir désormais une posture plus offensive sur le terrain ».

« Les Nations Unies doivent aider le Mali à lutter plus efficacement contre la criminalité transnationale organisée afin d'établir les conditions réelles de sa stabilisation, gage du succès des actions politiques, humanitaires, de développement et de protection des droits de l'homme ».

AG76 : Allocution du Mali

Élections

Selon le Premier ministre, une autre priorité de son gouvernement est l'organisation des élections.

Il a fait valoir que, pour marquer le retour à l'ordre constitutionnel dans le pays, le scrutin doit être « transparent, crédible et inclusif ».

« Ces élections sont particulièrement importantes car elles seront le baromètre de la réussite de la Transition. Nous savons que leur qualité et leur crédibilité conditionneront l'avenir de notre démocratie, la légitimité et la solidité de nos institutions », a-t-il conclu.

Lire la déclaration complète en français.