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Séoul, Corée du Sud, un effort visant à restaurer le cours d'eau Cheonggyecheon qui traverse la ville, a remplacé 5,8 kilomètres de voie rapide surélevée, recouvrant le cours d'eau, par un corridor riverain à usage mixte

La qualité de l'air et le changement climatique sont étroitement liés, selon un nouveau rapport de l'OMM

Unsplash/Geonhui Lee
Séoul, Corée du Sud, un effort visant à restaurer le cours d'eau Cheonggyecheon qui traverse la ville, a remplacé 5,8 kilomètres de voie rapide surélevée, recouvrant le cours d'eau, par un corridor riverain à usage mixte

La qualité de l'air et le changement climatique sont étroitement liés, selon un nouveau rapport de l'OMM

Climat et environnement

Les mesures de confinement et les restrictions de déplacement liées à la Covid-19 ont entraîné une baisse spectaculaire mais de courte durée des émissions des principaux polluants atmosphériques en 2020, notamment dans les zones urbaines, selon le premier Bulletin sur la qualité de l'air et le climat de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), publié vendredi. 

« La Covid-19 s'est avérée être une expérience non planifiée en matière de qualité de l'air et elle a entraîné des améliorations temporaires localisées. Mais une pandémie ne saurait se substituer à une action soutenue et systématique visant à lutter contre les principaux facteurs de pollution et de changement climatique et à préserver ainsi la santé des populations et de la planète », a déclaré le Secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas.

En effet si « de nombreux citadins ont vu un ciel bleu au lieu du nuage de pollution », la réduction « n’a pas été uniformément répartie entre toutes les régions ou tous les types de polluants », a précise l’OMM, qui signale par ailleurs que de nombreuses régions du monde ne respectent toujours pas les recommandations en matière de qualité de l'air.

Le Bulletin met en évidence les principaux facteurs qui influent sur la qualité de l'air en 2020, par rapport aux autres années. Il montre comment la qualité de l'air a connu des épisodes d'amélioration et de détérioration dans différentes régions du monde.

Il démontre qu'il existe un lien étroit entre la qualité de l'air et le changement climatique. 

Le Bulletin et l'animation qui l’accompagnent ont été publiés avant la Journée internationale de l'air pur pour un ciel bleu, le 7 septembre. Cette journée vise à sensibiliser et faciliter l’amélioration de la qualité de l'air, qui est essentielle pour la santé humaine et l'atténuation du changement climatique. Le thème de cette année est « Air pur, planète saine ».

Des extrêmes météorologiques sans précédents

L’OMM signale qu’alors que les émissions de polluants atmosphériques d'origine humaine ont diminué pendant le ralentissement économique de la Covid-19, les extrêmes météorologiques alimentés par le changement climatique et environnemental ont déclenché des tempêtes de sable et de poussière ainsi que des incendies de forêt, sans précédent, qui ont affecté la qualité de l'air.

Cette tendance se poursuit en 2021. Les incendies de forêt dévastateurs en Amérique du Nord, en Europe et en Sibérie ont affecté la qualité de l'air pour des millions de personnes et les tempêtes de sable et de poussière ont recouvert de nombreuses régions et traversé les continents.

M. Taalas a expliqué que les effets des polluants atmosphériques « se produisent près de la surface, sur des échelles de temps allant de quelques jours à quelques semaines, et sont généralement localisés », alors que le changement climatique en cours, « causé par l'accumulation de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, se produit sur une échelle de temps de plusieurs décennies à plusieurs siècles et entraîne des modifications de l'environnement dans le monde entier ».

« Malgré ces différences, nous avons besoin d'une politique cohérente et intégrée en matière de qualité de l'air et de climat, fondée sur les observations et la science », a affirmé le chef de l’OMM.

La pollution atmosphérique a des répercussions importantes sur la santé humaine. Les estimations de la dernière évaluation de la charge mondiale de morbidité montrent que la mortalité mondiale est passée de 2,3 millions en 1990 (91% dus aux particules, 9% à l'ozone) à 4,5 millions en 2019 (92% dus aux particules, 8% à l'ozone), indique le Bulletin.

Des pompiers dans le Queensland, en Australie, affrontent un incendie qui menace les communautés locales.
Queensland Fire and Emergency Services
Des pompiers dans le Queensland, en Australie, affrontent un incendie qui menace les communautés locales.

Le double impact des politiques de changement climatique

Les activités humaines qui rejettent des gaz à effet de serre à longue durée de vie dans l'atmosphère, augmentent également les concentrations d'ozone et de particules à courte durée de vie dans l'atmosphère.

Par exemple, la combustion de combustibles fossiles (une source majeure de dioxyde de carbone (CO2)) émet également de l'oxyde d'azote (NO) dans l'atmosphère, ce qui peut entraîner la formation photochimique d'ozone et d'aérosols de nitrate. 

De même, les activités agricoles (qui sont des sources importantes de méthane, un gaz à effet de serre) émettent de l'ammoniac, qui forme ensuite des aérosols d'ammonium.

Les polluants traditionnels comprennent les gaz réactifs à courte durée de vie tels que l'ozone - un gaz à l'état de trace qui est à la fois un polluant atmosphérique commun et un gaz à effet de serre - et les matières particulaires - un large éventail de minuscules particules en suspension dans l'atmosphère (communément appelées aérosols). 

Tous deux sont préjudiciables à la santé humaine et présentent des caractéristiques complexes, qui peuvent soit refroidir, soit réchauffer l'atmosphère.

Les changements de politique visant à améliorer la qualité de l'air ont donc des répercussions sur les politiques qui cherchent à limiter le changement climatique, et vice versa. 

Par exemple, une réduction drastique de la combustion de combustibles fossiles pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre réduira également les polluants atmosphériques associés à cette activité, tels que l'ozone et les aérosols de nitrate.

Les politiques visant à réduire la pollution par les particules pour protéger la santé humaine peuvent supprimer l'effet de refroidissement des aérosols sulfatés ou l'effet de réchauffement du carbone noir (particules de suie).

Enfin, les changements climatiques peuvent influencer directement les niveaux de pollution. Par exemple, l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des vagues de chaleur peut entraîner une accumulation supplémentaire de polluants près de la surface. 

Selon le récent rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), la fréquence et l'intensité de ces événements vont augmenter à l'avenir.

Les observations de la composition chimique de l'atmosphère, telles que celles coordonnées par la Surveillance de l'atmosphère globale de l'OMM, sont indispensables pour comprendre son état et sa tendance. 

Elles permettent d'améliorer les systèmes de prévision et de soutenir les politiques intégrées en matière de qualité de l'air et de climat.