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Afghanistan : le HCR réitère son appel aux pays à ouvrir leurs frontières aux réfugiés afghans

Une fillette de sept ans avec sa petite soeur dans un camp de déplacés à Kandahar, en Afghanistan.
© UNICEF Afghanistan
Une fillette de sept ans avec sa petite soeur dans un camp de déplacés à Kandahar, en Afghanistan.

Afghanistan : le HCR réitère son appel aux pays à ouvrir leurs frontières aux réfugiés afghans

Migrants et réfugiés

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a réitéré, mardi à Genève, son appel aux pays voisins de l’Afghanistan pour qu’ils laissent leurs frontières ouvertes aux Afghans fuyant leur pays depuis que les Talibans y ont pris le pouvoir.

« Nous continuons à lancer un appel à tous les pays voisins de l’Afghanistan pour qu’ils maintiennent leurs frontières ouvertes, compte tenu de la crise qui sévit dans le pays, et pour que les personnes en quête de sécurité puissent la trouver », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, un porte-parole du HCR, Andrej Mahecic.

Alors que les opérations d’évacuation menées par les pays occidentaux ont pris fin, l’agence onusienne rappelle que certains Afghans devront inévitablement fuir en quête de sécurité au-delà des frontières de leur pays.

Dans ces conditions, ils doivent pouvoir exercer leur droit de demander une protection internationale, et les frontières doivent rester ouvertes à cette fin.

Une mère et son enfant dans le camp de déplacés de Haji à Kandahar, en Afghanistan.
© UNICEF Afghanistan
Une mère et son enfant dans le camp de déplacés de Haji à Kandahar, en Afghanistan.

Le Pakistan et l’Iran enregistrent près de 90% de la population afghane réfugiée

Depuis quatre décennies, le Pakistan et l’Iran ont accueilli des millions de réfugiés afghans. Beaucoup sont rentrés chez eux après 2001 avec l’espoir d’un avenir meilleur, mais ces deux pays accueillent encore quelque 2,2 millions de réfugiés afghans enregistrés, soit près de 90% de la population afghane réfugiée.

Parmi ces réfugiés, l’Iran en a accueilli près 800.000 réfugiés alors que 1,4 million d’Afghans se sont réfugiés au Pakistan voisin.

Pourtant malgré les derniers développements notés à Kaboul, l’Agence onusienne ne constate pas pour l’instant un afflux massif dans les pays voisins. « Et pour vous donner une idée de la situation à la frontière pakistano-afghane, j’ai parlé à des collègues travaillant Pakistan ce matin. Par exemple, les postes frontières sont généralement ouverts de 9 heures à 16 heures tous les jours. Le flux quotidien habituel de personnes est de trois à quatre mille dans les deux sens », a ajouté le porte-parole du HCR.

Selon Andrej Mahecic, il s’agit principalement de commerçants et de porteurs qui transportent des marchandises. « Il y a des Afghans disposant de papiers d’identification, des personnes qui amènent des membres de leur famille pour des raisons de santé au Pakistan », a-t-il détaillé.

Une mère et son fils, qui ont subi de graves brûlures lors de l'attaque de leur maison, cherchent refuge dans le camp de déplacés de Haji, à Kandahar, en Afghanistan.
© UNICEF Afghanistan
Une mère et son fils, qui ont subi de graves brûlures lors de l'attaque de leur maison, cherchent refuge dans le camp de déplacés de Haji, à Kandahar, en Afghanistan.

Une crise de déplacement interne avant tout

Cela inclut les patients qui ont besoin d’une attention médicale urgente ou dans le cadre de réunification familiale, etc. Toutefois la plupart de ces mouvements notés à la frontière pakistano-afghane sont ceux de piétons. « Il n’y a donc pas de personnes visibles de l’autre côté. Il y a une activité commerciale visible, environ 100 à 150 camions qui apportent des fournitures de part et d’autre des deux pays », a souligné le porte-parole du HCR.

De toute évidence, l’Afghanistan reste avant tout une crise de déplacement interne, a insisté l’Agence onusienne basée à Genève. A ce sujet, plus de 500.000 personnes supplémentaires ont été déplacées depuis le début de l’année. Elles viennent s’ajouter aux 2.9 millions déplacés internes.

Au total, l’Afghanistan compte près 3,5 millions de personnes déracinées par la violence à l’intérieur du pays, dont plus d’un demi-million depuis début 2021.

Par ailleurs, le dernier bulletin du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (BCAH) a fait le point sur l’aide. Selon l’ONU, les évaluations des besoins et les interventions telles que les activités sanitaires, de nutrition, d’alimentation, d’eau, d’assainissement et d’hygiène se sont poursuivies dans tout le pays.

Plus de 400 familles ont trouvé refuge dans une école, au sud de Kaboul, la capitale de l'Afghanistan.
Photo : UNICEF/Afghanistan
Plus de 400 familles ont trouvé refuge dans une école, au sud de Kaboul, la capitale de l'Afghanistan.

Des décennies de conflit, une sécheresse et une hausse des prix des denrées

Plus de 44.000 personnes ont reçu la semaine dernière une aide humanitaire dans le nord-est, tandis que 22.000 personnes touchées par la sécheresse ont reçu une aide humanitaire dans le nord. Douze équipes d’évaluation et une réponse d’aide sont en cours pour plusieurs milliers de personnes déplacées dans la ville de Kaboul, en plus d’autres parties du pays.

A noter qu’hier lundi 30 août, un avion transportant des médicaments et d’autres fournitures médicales de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a atterri au nord de l’Afghanistan.

L’avion-cargo avait à son bord plus de 12 tonnes de fournitures pour couvrir les besoins sanitaires de base de plus de 200.000 personnes, ainsi que pour assurer 3.500 interventions chirurgicales et traiter 6.500 patients victimes de traumatismes. Elles seront immédiatement livrées à 40 établissements de santé dans 29 provinces d’Afghanistan.

Plus largement, le BCAH rappelle que des décennies de conflit et une grave sécheresse ont exacerbé la situation des personnes vulnérables. La situation économique reste une préoccupation majeure en termes de continuité des services de base et d’impact sur les personnes les plus vulnérables. « Des augmentations de prix des produits de base continuent d’être signalées, ainsi que des pénuries de produits de base, ce qui aura un impact sur les besoins humanitaires globaux à l’avenir » conclut le BCAH dans son dernier bulletin humanitaire.