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Afghanistan : l’OMS s’inquiète de la pénurie de fournitures médicales et du « gros problème » du manque de personnel soignant

Un agent de santé s'occupe d'un jeune garçon dans la province de Parwan, en Afghanistan, en novembre 2020.
PAM / Massoud Hossaini
Un agent de santé s'occupe d'un jeune garçon dans la province de Parwan, en Afghanistan, en novembre 2020.

Afghanistan : l’OMS s’inquiète de la pénurie de fournitures médicales et du « gros problème » du manque de personnel soignant

Aide humanitaire

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est inquiétée, vendredi, de la pénurie de fournitures médicales en Afghanistan et du manque de personnel soignant, qui pourrait constituer « un gros problème ».

« Il y a une pénurie de fournitures médicales en Afghanistan », a déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle à Genève, Dr. Rick Brennan, Directeur des opérations d’urgence au Bureau régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale.

Pour l’OMS, les besoins humanitaires en Afghanistan sont « énormes et croissants ». Or sur le terrain, « il ne reste que quelques jours de fournitures médicales en Afghanistan », a alerté le Dr Brennan. Dans ces conditions, les trousses de secours et les fournitures d’urgence pour les hôpitaux, ainsi que les médicaments pour traiter la malnutrition chronique chez les enfants, font partie des articles prioritaires, a déclaré Rick Brennan.

Alors que l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU s’inquiète de l’éventualité d’un manque de « fournitures médicales et de médicaments », les organismes humanitaires onusiens s’attellent à différents scénarios pour fournir l’aide humanitaire au lendemain de l’attaque meurtrière de l’aéroport de Kaboul.

Dix millions d'enfants en Afghanistan ont besoin d'une aide humanitaire pour survivre.
© UNICEF/Monique Awad
Dix millions d'enfants en Afghanistan ont besoin d'une aide humanitaire pour survivre.

L’OMS espère organiser un pont aérien médical à Mazar-i-Sharif dans les jours à venir

Face à ces besoins « énormes et croissants », l’OMS espère ainsi établir un pont aérien vers la ville de Mazar-i-Sharif, dans le nord de l’Afghanistan, avec l’aide des autorités pakistanaises, dans les deux ou trois prochains jours.

« Avec l’aide des autorités pakistanaises, des avions pourraient donc atterrir à Mazar-i-Sharif, dans le nord de l’Afghanistan, pour les vols d’aide humanitaire », a indiqué le Dr Brennan.

« L’une des difficultés que nous rencontrons actuellement en Afghanistan est qu’aucune autorité de l’aviation civile ne fonctionne », a détaillé ce haut responsable de l’OMS.

« Nous travaillons avec le Pakistan, en particulier dans le contexte de l’aéroport de Mazar-i-Sharif, parce qu’ils peuvent travailler avec des contacts sur le terrain pour que toutes les étapes nécessaires à l’atterrissage d’un avion ou d’un avion-cargo puissent être mises en place », a-t-il noté.

D’autant qu’à « l’heure actuelle, en raison de problèmes de sécurité et de plusieurs autres considérations opérationnelles, l’aéroport de Kaboul ne sera pas une option pour la semaine prochaine au moins », a déclaré le Directeur régional des urgences de l’OMS, lors d’un point de presse virtuel à Genève, depuis le Caire (Égypte). « Nous espérons que les vols d’aide vers l’Afghanistan pourront être effectués dans les 48 à 72 heures », a-t-il fait valoir.

Des étudiantes sage-femmes à Kandahar, en Afghanistan, apprennent les techniques essentielles pour sauver des vies.
Crédit : UNFPA/Afghanistan
Des étudiantes sage-femmes à Kandahar, en Afghanistan, apprennent les techniques essentielles pour sauver des vies.

Des informations font état de l’absence du personnel de santé féminin

Mais « le problème des vols d’aide en Afghanistan est que les coûts d’assurance pour les vols à destination de l’Afghanistan sont montés en flèche, a-t-il ajouté, au lendemain de l’attentat qui a tué des dizaines de personnes à l’aéroport de Kaboul. Les taux d’assurance pour les vols vers l’Afghanistan ont « explosé à des prix que nous n’avions jamais vus auparavant », a déclaré M. Brennan.

« Une fois que nous aurons réglé ce problème, nous pourrons, nous espérons pouvoir décoller dans les prochaines 48 à 72 heures », a fait remarquer le Dr Brennan.

Par ailleurs, le Directeur régional des urgences de l’OMS s’est « particulièrement préoccupé » du sort des femmes et des enfants. « Nous entendons déjà dire que certains agents de santé féminins ne se rendent pas au travail et qu’il y a eu une baisse de la fréquentation des femmes et des enfants dans certains établissements(sanitaires) », a-t-il souligné.

Pour l’OMS, cela souligne à nouveau la nécessité de garantir la disponibilité des fournitures médicales, de soutenir les agents de santé féminins dans leur travail et d’encourager les femmes et les enfants à se faire soigner lorsqu’ils en ont besoin.

L’autre source de préoccupation a trait au manque de personnel soignant alors que des milliers d’Afghans tentent de fuir leur pays. « Les travailleurs de la santé qui quittent le pays constituent un gros problème », a-t-il alerté. « Et tandis que des dizaines de milliers d’Afghans vulnérables sont évacués à l’aéroport de Kaboul, on ne doit pas oublier le sort des millions d’Afghans que nous continuons toujours à aider », a insisté le Dr Brennan.

Pour l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU, l’une des priorités des organismes humanitaires de l’ONU est de s’assurer de « la continuité des services de santé centraux, notamment pour les plus vulnérables, dont les femmes et les enfants ». « Notre esprit de solidarité doit se traduire non seulement par des mots, mais aussi par des actions concrètes », a-t-il répété lors de ce point de presse virtuel.

Kaboul, la capitale de l'Afghanistan, photographiée en juin 2020.
ADB/Jawad Jalali
Kaboul, la capitale de l'Afghanistan, photographiée en juin 2020.

Traiter les traumatismes, contrôler la pandémie de Covid-19 et s’attaquer à la malnutrition

« L’ONU s’est engagée à rester en Afghanistan et à tenir ses promesses, et l’OMS est solidaire de ses autres partenaires des Nations Unies dans cet engagement », a ajouté le Dr Brennan, tout en relevant que « dans un contexte d’insécurité et d’instabilité, la première priorité restera toujours la sûreté et la sécurité du personnel ».

« Au cours des dernières semaines, nous avons pris toutes les mesures appropriées à cet effet, nous continuons à surveiller la situation en matière de sécurité et à faire le nécessaire », a déclaré le Directeur régional des urgences de l’OMS.

Outre l’urgence médicale, l’OMS fait état de nombreux autres besoins sanitaires urgents en ce moment. Il s’agit ainsi de répondre aux besoins des personnes déplacées, traiter les traumatismes, contrôler la pandémie de Covid-19, s’attaquer à la malnutrition, etc.

Pour y arriver, l’OMS a du personnel dans les 34 provinces du pays pour surveiller la situation sanitaire. « La bonne nouvelle est que sur les quelque 2.200 établissements de santé qu’elle surveille, 97 % restent ouverts et fonctionnent », a conclu le Dr Brennan.

Selon l’ONU, plus de 18 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population afghane, ont besoin d’aide et la moitié des enfants afghans de moins de cinq ans souffrent déjà de malnutrition aiguë dans le contexte de la deuxième sécheresse en quatre ans.

Des jeunes filles afghanes déplacées par le conflit suivent des cours en 2020 dans un camp.
UNICEF/Omid Fazel
Des jeunes filles afghanes déplacées par le conflit suivent des cours en 2020 dans un camp.

L’UNICEF préoccupé par le sort des enfants

Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), plus de 550 enfants ont été tués et plus de 1.400 blessés depuis le début de l’année 2021. Près de 10 millions d’enfants ont besoin d’une aide humanitaire urgente.

L’UNICEF s’est d’ailleurs inquiété, vendredi, du sort des enfants afghans, au lendemain de l’attentat meurtrier à l’aéroport de Kaboul.

« L’UNICEF est profondément préoccupé par la sécurité des enfants et l’augmentation des violations graves à leur encontre au cours des dernières semaines », a déclaré le Représentant de l’UNICEF en Afghanistan, Hervé Ludovic De Lys.

L’UNICEF demande donc à toutes les parties de s’assurer que « les femmes et les enfants sont protégés, à tout moment ». D’autant qu’avec l’augmentation du conflit et de l’insécurité dans ce pays, les enfants afghans ont déjà payé « un prix dévastateur ».