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Le premier jour d’école « reporté indéfiniment » pour 140 millions de nouveaux élèves dans le monde (UNICEF)

On estime que le premier jour de classe a été reporté en raison de la Covid-19 pour 140 millions d'enfants.
Photo UNICEF/Daniele Volpe
On estime que le premier jour de classe a été reporté en raison de la Covid-19 pour 140 millions d'enfants.

Le premier jour d’école « reporté indéfiniment » pour 140 millions de nouveaux élèves dans le monde (UNICEF)

Culture et éducation

Le premier jour d’école - un évènement marquant pour les plus jeunes enfants et leurs parents dans le monde entier - a été reporté indéfiniment pour environ 140 millions d’élèves en raison de la Covid-19, révèle l’UNICEF dans une nouvelle analyse diffusée alors que les vacances d’été touchent à leur fin dans un grand nombre de pays.

Parmi ces élèves, environ huit millions attendent de pouvoir assister à leur premier jour d’apprentissage en présentiel depuis plus d’un an, et ce n’est pas fini, car ils vivent dans des endroits où les écoles ont été fermées en raison de la pandémie.

« Le premier jour d’école est un évènement marquant dans la vie d’un enfant; c’est un moment déterminant, où il s’engage sur la voie de l’apprentissage et de la croissance personnelle. La plupart d’entre nous nous souvenons encore d’une multitude de petites choses : comment nous étions habillés, le nom de notre instituteur, notre voisin sur le banc de l’école. Mais pour des millions d’enfants, cette importante journée a été reportée indéfiniment », déplore Henrietta Fore, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).

Le risque de ne jamais mettre les pieds de leur vie dans une salle de classe a pris des proportions démesurées - Henrietta Fore, Directrice exécutive de l'UNICEF

« Tandis que les cours reprennent dans un grand nombre de pays, cela fait d’un an que des millions d’élèves de première année attendent de découvrir l’intérieur d’une salle de classe. Des millions d’autres pourraient même ne pas y avoir accès du tout pendant la période scolaire. Pour les plus vulnérables, le risque de ne jamais mettre les pieds de leur vie dans une salle de classe a pris des proportions démesurées », ajoute-t-elle.

La première année, qui est une initiation à la lecture, l’écriture et l’arithmétique, constitue le fondement de tout apprentissage futur. C’est aussi la période durant laquelle l’apprentissage en présentiel permet aux enfants de gagner en autonomie, de prendre de nouvelles habitudes et d’établir des relations enrichissantes avec les enseignants et les autres élèves.

L’enseignement en présentiel permet aussi aux enseignants de repérer et de signaler les retards d’apprentissage, les problèmes de santé mentale et les cas de maltraitance pouvant avoir un effet néfaste sur le bien-être de l’enfant.

Le précédent de 2020

En 2020, les écoles à travers le monde ont été complètement fermées durant 79 jours de cours en moyenne. Cependant, après le début de la pandémie, ce sont 168 millions d’élèves qui n’ont pas pu fréquenter l’école pendant presque toute l’année.

Même aujourd’hui, un grand nombre d’enfants sont confrontés à la possibilité de voir leurs études interrompues pour la deuxième fois, ce qui est sans précédent. Beaucoup d’entre eux subiront les conséquences associées aux fermetures d’école, comme l’apprentissage perdu, la souffrance mentale, les vaccinations manquées et un risque accru de décrochage, le travail des enfants et les mariages précoces, en particulier les plus jeunes élèves, alors même qu’ils sont à un stade critique de leur développement.

Bien que les pays dans le monde prennent des mesures pour mettre en place un apprentissage à distance, au moins 29% des élèves de l’école primaire n’en bénéficient pas. Outre le manque de ressources d’apprentissage à distance, les plus jeunes enfants risquent ne pas être capables de participer en raison du manque de soutien concernant l’utilisation de la technologie, d’un environnement éducatif déficient, de la pression qu’ils subissent pour s’acquitter de tâches ménagères ou parce qu’ils sont forcés à travailler.

Des écolières à Gaza lors de la rentrée des classes. Photo UNRWA Archives/Shareef Sarhan
Des écolières à Gaza lors de la rentrée des classes. Photo UNRWA Archives/Shareef Sarhan

Des études ont démontré qu’une expérience scolaire positive durant cette période de transition est déterminante pour l’avenir de l’enfant, sur le plan social, émotionnel et éducatif.

Parallèlement, les enfants qui prennent du retard durant les premières années d’apprentissage restent souvent en arrière jusqu’à la fin de leur parcours scolaire, et l’écart ne fait que s’agrandir au fil des ans. Le nombre d’années d’études d’un enfant affecte aussi directement ses futurs revenus.

À moins que des mesures d’atténuation ne soient mises en place, la Banque mondiale estime que sur la durée, la perte de revenus pour toute cette génération d’élèves atteindra 10 trillions de dollars. Les éléments probants existants montrent que remédier aux lacunes d’apprentissage revient moins cher et est plus efficace lorsque l’on s’y prend plus tôt, et qu’investir dans l’éducation favorise la relance économique, la croissance et la prospérité.

Rouvrir les écoles dès que possible

L’UNICEF exhorte les gouvernements à rouvrir les écoles à l’enseignement en présentiel dès que possible, et à apporter aux élèves une solution globale pour qu’ils reprennent les cours. Avec la Banque mondiale et l’UNESCO, l’UNICEF appelle les gouvernements à se concentrer sur trois priorités de reprise scolaire.

D’abord, il faut mettre en œuvre des programmes ciblés sur le retour de tous les enfants et les jeunes à l’école pour qu’ils puissent avoir accès à des services sur mesure répondant à leurs besoins en matière d’apprentissage, de santé, de bien-être psychologique et autres.

Ensuite, il y a lieu d'organiser des cours de rattrapage efficaces, pour aider les élèves à compenser l’apprentissage perdu.

Enfin, il convient d'apporter un soutien aux enseignants pour remédier à l’apprentissage perdu et incorporer la technologie numérique à leurs cours.

Le premier jour d’école est un jour d’espoir, où tout est possible : c’est l’occasion de prendre un bon départ - Henrietta Fore

« Le premier jour d’école est un jour d’espoir, où tout est possible : c’est l’occasion de prendre un bon départ. Mais tous les enfants ne prennent pas un bon départ. Certains enfants ne prennent même aucun départ », déclare Henrietta Fore.

« Nous devons rouvrir les écoles à l’enseignement en présentiel dès que possible et nous devons immédiatement remédier aux écarts d’apprentissage que cette pandémie a créé. Si nous ne le faisons pas, certains enfants pourraient ne jamais rattraper leur retard », met-elle en garde.

Dans les prochaines semaines, l’UNICEF continuera à mobiliser ses partenaires et le public pour éviter que cette crise de l’éducation ne vire à la catastrophe.

Des campagnes en ligne et hors ligne mobiliseront les dirigeants mondiaux, les enseignants et les parents autour d’une cause commune : rouvrir les écoles à l’apprentissage en présentiel dès que possible.

L’avenir des enfants les plus vulnérables au monde est en jeu.