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Des étudiantes sage-femmes à Kandahar, en Afghanistan, apprennent les techniques essentielles pour sauver des vies.

Témoignage – Un médecin afghan continue de soigner les malades malgré l’insécurité

Crédit : UNFPA/Afghanistan
Des étudiantes sage-femmes à Kandahar, en Afghanistan, apprennent les techniques essentielles pour sauver des vies.

Témoignage – Un médecin afghan continue de soigner les malades malgré l’insécurité

Paix et sécurité

Un médecin afghan a déclaré à ONU Info qu'il s'engageait à fournir des services de santé essentiels aux personnes qui ont fui leur foyer en raison du conflit en Afghanistan, mais que son avenir, ainsi que celui de ses collègues et en particulier des femmes agents de santé, est incertain face à l’insécurité.

Malgré la récente prise de pouvoir par les Talibans, les agences des Nations Unies se sont engagées à rester dans le pays et à soutenir les communautés qui, même avant les récents événements, avaient un besoin urgent d'aide.

Dans une interview exclusive accordée à ONU Info depuis la capitale afghane, Kaboul, le Dr Khalid Ahmadi* a déclaré que, comme d'autres travailleurs de la santé, il continue de travailler malgré l’insécurité et l'instabilité permanente dans le pays.  Il a appelé la communauté internationale à continuer à soutenir l'Afghanistan.

La sécurité est la principale préoccupation

Des camions du Programme alimentaire mondial des Nations unies quittent Kaboul en mai 2021 pour livrer de la nourriture aux communautés vulnérables.

« Quelque 8 à 10.000 personnes sont arrivées à Kaboul en provenance de dix provinces ces dernières semaines à la suite de l'avancée des Talibans, et je fais partie d'une équipe de médecins et d'infirmières qui dispensent des soins de santé à ces nouveaux arrivants. 

Ces personnes ont fui leurs maisons et n'ont plus rien : pas de maison, pas d'emploi et très peu d'argent. En général, elles ont peur de vivre à Kaboul et sont en colère d'avoir dû quitter leurs maisons. Nous leur fournissons une série de services dans les camps de personnes déplacées de la ville. 

Elles arrivent avec de nombreuses maladies et affections courantes, dont la diarrhée et la pneumonie. Environ trois quarts des personnes que nous traitons sont des femmes et des enfants.

Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) soutient ce travail et nous sommes donc en mesure de fournir des traitements, des médicaments et de la nourriture, ainsi que certains dépistages pour la Covid-19. 

Aujourd'hui (lundi 23 août), je faisais partie d'une équipe de six médecins, dont trois femmes, qui ont fourni des services spécifiques aux femmes et ont aidé à mettre au monde un certain nombre de bébés. 

Nous avons également cinq infirmières dans l'équipe. Notre journée de travail est très longue et difficile.  Je commence vers 7 heures du matin et je peux parfois travailler jusqu'à minuit. En tant qu'équipe, cela nous permet de traiter jusqu'à 500 personnes par jour.

Parfois, les conditions de sécurité m'obligent à rester à la maison. S'il y a des rapports d’échanges de tirs ou d'autres perturbations, tels que des barrages routiers, les membres de l'équipe décident qu'il est trop dangereux de travailler. La situation peut être très tendue dans les rues. Parfois, il n'y a que les hommes qui travaillent.

Un garçon de 12 ans, qui ne va pas à l'école, vend des bananes dans la province d'Uruzgan, dans l'ouest de l'Afghanistan.

Mes collègues féminines sont, bien sûr, préoccupées par leur avenir, comme nous le sommes tous. Elles ne savent pas ce que l'avenir leur réserve, si elles pourront continuer à travailler comme elles le font actuellement. Nous ne savons pas si la situation des femmes va empirer, rester la même ou peut-être même s'améliorer.

Nous n'avons pas vraiment eu d'interaction significative avec les Talibans depuis qu'ils sont entrés dans Kaboul, même s'ils sont venus une fois au camp où nous fournissions des services pour nous demander ce que nous faisions.

La sécurité est la principale préoccupation en ce moment pour les personnes déplacées ainsi que pour les autres habitants de la ville, mais nous sommes également préoccupés par le manque de médicaments et de nourriture, car les magasins et les marchés sont toujours fermés à Kaboul.

Je suis médecin, mon travail consiste donc à aider et à guérir les gens. Je me sens profondément engagé à soutenir le peuple afghan en ce moment, dans cette mauvaise situation, mais je ne peux aider que si je me sens en sécurité au travail.

Mon message au reste du monde est le suivant : aidez l'Afghanistan, c'est un pays pauvre, mais les gens ici ont le cœur sur la main, et je continuerai à faire de mon mieux pour travailler pour et protéger tous les Afghans ».

*Le nom réel n'est pas divulgué pour protéger l'identité