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Yémen : l’ONU demande aux bailleurs de fonds de continuer à soutenir l’aide humanitaire pour éviter une famine

Un enfant déplacé lave des ustensiles de cuisine dans un camp au Yémen.
©UNICEF/Gabreez
Un enfant déplacé lave des ustensiles de cuisine dans un camp au Yémen.

Yémen : l’ONU demande aux bailleurs de fonds de continuer à soutenir l’aide humanitaire pour éviter une famine

Aide humanitaire

Le chef de l’humanitaire des Nations Unies, Martin Griffiths, a remercié lundi les bailleurs de fonds pour leur soutien financier précieux qui a permis d’éviter une famine au Yémen et leur a demandé de poursuivre leurs efforts.

« La priorité des priorités humanitaires, c'est d'empêcher la famine. Aujourd'hui, environ 5 millions de personnes risquent de mourir de faim et de maladies qui l’accompagnent. Dix millions de plus sont juste derrière eux », a expliqué M. Griffiths aux membres du Conseil de sécurité.

Il participait à une réunion du Conseil consacrée à la situation au Yémen, aux côtés de Mohamed Khaled Khiari, Sous-Secrétaire général des Nations Unies aux affaires politiques, et de la cheffe de l’UNICEF, Henrietta Fore.

Le chef de l’humanitaire a noté avec satisfaction que le financement humanitaire a augmenté depuis l'annonce de contributions en mars. Aujourd'hui, le plan d'intervention du Yémen est financé à 50% et « a reçu plus d'argent que tout autre appel de fonds dans le monde ».

« Ces fonds permettent aux partenaires et agences humanitaires d'aider chaque mois 10 millions de personnes dans tout le pays », a-t-il souligné. « Sans cette aide, le Yémen succomberait bien sûr à la famine ».

Martin Griffiths, chef de l'humanitaire de l'ONU, devant le Conseil de sécurité.
Photo : ONU/Manuel Elias
Martin Griffiths, chef de l'humanitaire de l'ONU, devant le Conseil de sécurité.

Les agences humanitaires vont manquer à nouveau d'argent

Mais Martin Griffiths a prévenu que les agences humanitaires vont bientôt commencer à nouveau  à manquer d'argent dans certains secteurs dans les mois à venir. D'ici octobre, par exemple, l'aide alimentaire sera probablement réduite. Et les programmes dans d'autres secteurs, en particulier la santé, l'eau, l'assainissement et les abris, sont déjà en difficulté. « Et si les niveaux d'aide chutent fortement, vous courez le risque d'un retour de la famine », a-t-il dit.

Les gens au Yémen ne meurent pas de faim parce qu'il n'y a pas de nourriture dans le pays. Ils meurent de faim parce qu'ils n'en ont pas les moyens - Martin Griffiths

Le mois prochain, l'Union européenne, la Suède et la Suisse organiseront un événement humanitaire sur le Yémen pendant la semaine de haut-niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York. « Cette réunion est l'occasion pour le monde de renouveler son engagement à faire face à cette crise avec de nouveaux fonds », a dit Martin Griffiths.

Selon lui, le plus gros défi au Yémen est l’implosion de l’économie, qui est due au conflit. Cet effondrement économique explique l’ampleur des besoins humanitaires : plus de 20 millions de personnes ont besoin d’une assistance au Yémen, soit les deux-tiers de la population.

« Les gens au Yémen ne meurent pas de faim parce qu'il n'y a pas de nourriture dans le pays. Ils meurent de faim parce qu'ils n'en ont pas les moyens », a rappelé le chef de l’humanitaire. L'une des raisons est que les revenus se sont taris. Le PIB a chuté de 40% depuis 2015, entraînant avec lui de nombreux emplois.

Selon M. Griffiths, payer les salaires des fonctionnaires mettrait de l'argent dans les poches de millions de personnes. Il a aussi jugé nécessaire de prendre des mesures pour augmenter les revenus des gens et pour protéger les envois de fonds, qui sont une bouée de sauvetage pour des millions de familles et constituent la plus grande source de devises du Yémen.

L'UNICEF plaide pour l'extension des campagnes de vaccination

La cheffe de l’UNICEF, Henrietta Fore, a noté pour sa part que cette année a vu des déplacements croissants de populations.1,6 million d'enfants sont désormais déplacés à l'intérieur du pays en raison de la violence, en particulier autour de Hodeïda et de Mareb.

« La dernière fois que je me suis adressée au Conseil de sécurité sur le Yémen, c'était avant la pandémie. La Covid-19 a encore compliqué la situation humanitaire déjà désastreuse. Le système de santé ne tient qu'à un fil. L'économie aussi. Les campagnes de vaccination à travers le pays doivent être étendues de toute urgence, en particulier avec l'émergence de variants hautement transmissibles de la Covid-19 », a-t-elle dit.

Elle a exhorté la communauté internationale à augmenter son soutien financier pour aider à répondre aux besoins immédiats des enfants et à faire des investissements à plus long terme « pour empêcher l'effondrement complet des systèmes de santé, d'approvisionnement en eau, d'assainissement, de nutrition, de protection et d'éducation - dont les enfants yéménites ont besoin maintenant et dans les années à venir ».

Pas de progrès pour arriver à un accord politique

Le responsable du Département des affaires politiques des Nations Unies, Khaled Khiari, a noté pour sa part qu’aucun progrès n'a été fait par les belligérants au Yémen pour parvenir à un accord politique afin de mettre fin à la guerre civile.

« Il est impératif de reprendre un processus politique inclusif dirigé par les Yéménites pour parvenir à une solution négociée au conflit », a-t-il dit devant les membres du Conseil. Il a indiqué que les rebelles houthis, qui contrôlent le nord du pays, continuent de faire de l'ouverture des ports de Hodeïda et de l'aéroport de Sanaa, les conditions de leur participation renouvelée au processus politique.

Pendant ce temps, l'activité militaire continue de fluctuer, avec des combats sporadiques observés à Al Jawf et à Taëz, alors que Mareb reste l'axe stratégique clé.

M. Khiari a appelé toutes les parties à cesser « complètement et immédiatement » les tentatives pour obtenir des gains territoriaux par la force.