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L’ONU lance sa stratégie pour la transformation numérique du maintien de la paix

Un véhicule aérien sans pilote est préparé pour voler à Goma, en République démocratique du Congo.
Photo : ONU/Sylvain Liechti
Un véhicule aérien sans pilote est préparé pour voler à Goma, en République démocratique du Congo.

L’ONU lance sa stratégie pour la transformation numérique du maintien de la paix

Paix et sécurité

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a présenté mercredi sa nouvelle stratégie pour la transformation numérique du maintien de la paix des Nations Unies, afin de rendre les missions plus efficaces et de mieux protéger les Casques bleus.

Le chef de l’ONU a lancé cette stratégie lors d’un débat du Conseil de sécurité consacré à la technologie et au maintien de la paix. Ce débat était présidé par le ministre indien aux Affaires extérieures, Subrahmanyam Jaishankar, dont le pays occupe la Présidence tournante du Conseil en août.

Juste avant ce débat, le Secrétaire général a participé à une cérémonie pour rendre hommage au service et au sacrifice des Casques bleus.

Plus d'un million d'hommes et de femmes ont servi sous le drapeau bleu des Nations Unies depuis 1948 et plus de 4.000 soldats de la paix ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions.

« Leur travail remarquable et leur sacrifice ultime ne seront jamais oubliés », a dit le chef de l’ONU lors de cet hommage. « Aujourd'hui, nos soldats de la paix perpétuent fièrement l'héritage de ceux que nous avons perdus. Ils continuent de faire une différence vitale dans la vie de millions de personnes parmi les plus vulnérables au monde ».

« Il est essentiel que nous accélérions notre évolution vers un maintien de la paix innovant, s’appuyant sur la technologie et les données. Nous le devons à nos Casques bleus et aux populations que nous protégeons », a-t-il ajouté.

Un Casque bleu utilise un drone lors d'une patrouille au Libéria (photo d'archives).
Photo : ONU / Albert González Farran
Un Casque bleu utilise un drone lors d'une patrouille au Libéria (photo d'archives).

Grand potentiel des technologies numériques

Lors du débat organisé par le Conseil de sécurité, M. Guterres a noté que les outils reposant sur les technologies numériques, tels que les caméras à longue portée, les véhicules aériens sans pilote et les radars de surveillance au sol, aident déjà les Casques bleus à protéger les civils et eux-mêmes.

« Les nouvelles technologies ont un grand potentiel, si elles sont gérées de manière responsable, pour permettre des opérations plus sûres, sans danger et plus efficaces », a-t-il souligné.

Mais, il a rappelé que les nouvelles technologies posent également « des menaces inconnues et profondes, comme en témoignent la prolifération en ligne d'idéologies extrémistes violentes, les cyberattaques de plus en plus répandues et la désinformation mortelle sur les vaccins ».

« Les technologies émergentes brouillent également les frontières entre la guerre et la paix », a-t-il ajouté. « Les nouvelles technologies modifient l'ampleur et la vitesse des attaques, ainsi que le caractère et la nature de la violence et de la destruction en temps de guerre, avec un impact indélébile sur les populations civiles ».

La nouvelle stratégie pour la transformation numérique du maintien de la paix vise à utiliser les opportunités offertes par les technologies numériques aux missions de maintien de la paix, à atténuer les risques qu'elles posent et à promouvoir leur utilisation responsable.

Quatre objectifs

Le Secrétaire général a expliqué que cette stratégie se concentre sur quatre objectifs.

« Premièrement, nous devons stimuler l'innovation technologique au Siège et sur le terrain », a-t-il dit. « Deuxièmement, nous devons maximiser le potentiel des technologies actuelles et nouvelles pour augmenter la capacité des missions à s'acquitter efficacement de leurs mandats ».

« Troisièmement, les opérations de paix devraient être en mesure de détecter, d'analyser et de traiter les menaces contre les civils, les soldats de la paix et les missions humanitaires et politiques de manière opportune et intégrée », a-t-il ajouté. « Quatrièmement, nous devons garantir l'utilisation responsable des technologies numériques par les opérations de paix en élaborant des principes clairs et en faisant preuve de diligence raisonnable en matière de droits de l'homme partout où il existe un risque de préjudice ».

Le chef de l’ONU a donné des exemples de transformation numérique.

Ainsi, la plate-forme Unite Aware promet une approche intégrée de la connaissance de la situation qui pourrait être utilisée par les composantes civiles, militaires et policières des opérations de paix.

La Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) utilise l'apprentissage automatique pour analyser les données radio afin de détecter les discours de haine. Cela sert de système d'alerte précoce automatisé en cas de troubles.

Un outil de veille des réseaux sociaux utilisé par la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) s'appuie sur l'intelligence artificielle pour identifier les perceptions de la mission afin d'améliorer le service.

Enfin, l'initiative Smart Camp permettra des opérations de paix plus intégrées, efficaces et plus écologiques.

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres (à droite) avec le ministre indien des Affaires extériieures, Subrahmanyam Jaishankar, lors d'une cérémonie d'hommage aux Casques bleus.
Photo : ONU/Mark Garten
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres (à droite) avec le ministre indien des Affaires extériieures, Subrahmanyam Jaishankar, lors d'une cérémonie d'hommage aux Casques bleus.

Lutter contre l'impunité

Lors de la réunion, les membres du Conseil de sécurité ont adopté à l’unanimité une résolution sur la lutte contre l’impunité concernant les crimes commis contre des Casques bleus.

Dans cette résolution, le Conseil demande aux États membres accueillant ou ayant accueilli des opérations de maintien de la paix des Nations Unies d’amener les auteurs de meurtre et de tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix à répondre de leurs actes.

Il engage aussi ces États à remédier à l’impunité dont bénéficient les auteurs de tels actes, en particulier par la voie du renforcement des capacités des institutions policières, judiciaires et pénitentiaires de ces pays. Le Conseil de sécurité convient, à cet égard, de la nécessité d’accroître le soutien apporté aux États membres accueillant des opérations de maintien de la paix, en vue de la mise en place de mesures d’enquêtes et de poursuites effectives et efficaces, notamment au moyen d’un appui technique et logistique, pour remédier à l’impunité et veiller à ce que les auteurs de tels actes aient à en répondre.