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Mettre fin aux brutalités policières « endémiques » et promouvoir la tolérance (experts)

Manifestation à New York en juin 2020 contre le racisme et les brutalités policières à la suite de la mort de George Floyd.
Photo : ONU/Evan Schneider
Manifestation à New York en juin 2020 contre le racisme et les brutalités policières à la suite de la mort de George Floyd.

Mettre fin aux brutalités policières « endémiques » et promouvoir la tolérance (experts)

Droits de l'homme

S'alarmant de la « brutalité policière endémique à l'encontre de manifestants pacifiques dans le monde entier », plus de 40 experts des droits de l'homme ont appelé vendredi à mettre fin à la violence, exhortant les gouvernements à promouvoir le dialogue, la tolérance et la diversité.

« Ces derniers mois et ces dernières années, nous avons exprimé à plusieurs reprises notre préoccupation face à une augmentation constante du recours à une force excessive, à la brutalité policière et à d'autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi qu'à la détention arbitraire, contre des manifestants majoritairement pacifiques dans toutes les régions du monde », ont déclaré dans un communiqué les experts nommés par l'ONU.

« Cette tendance, qui s'étend souvent aux journalistes couvrant les manifestations, a fait d'innombrables morts et blessés, souvent exacerbés par la torture, les violences sexuelles, la détention arbitraire et la disparition forcée, et a intimidé, traumatisé et contrarié de larges pans de la société dans le monde entier », ont-ils ajouté.

Enracinés dans les tensions

La plupart de ces incidents étaient enracinés dans des tensions politiques, socio-économiques, ethniques, raciales, religieuses ou autres, propres à des situations nationales ou régionales particulières, ont indiqué les experts.

« Dans le même temps, il existe également des contextes pertinents, plus génériques, de portée mondiale et des raisons sous-jacentes de racisme, de discrimination fondée sur le sexe et d'autres formes de discrimination dans l'application de la loi », ont-ils fait valoir.

« Les migrations à grande échelle, les protestations des militants pour le climat, des défenseurs des droits de l'homme, des peuples autochtones et, plus récemment, le mouvement Black Lives Matter, sont affectés par l'usage excessif de la force et la brutalité policière », ont-ils ajouté.

Leadership politique

En outre, depuis le début de la pandémie de Covid-19, de nombreux rapports font état de l'utilisation par les forces de sécurité d'une violence excessive pour faire appliquer des mesures de santé publique d'urgence, telles que des interdictions de rassemblements de masse, ainsi que des confinements et des couvre-feux. Cela a entraîné des décès, des blessures, des traumatismes psychologiques et des détentions arbitraires.

« Plus inquiétant encore, dans toutes les régions et tous les contextes, ces actes de violence et d'abus ont souvent été encouragés par des récits diviseurs, discriminatoires et incendiaires diffusés ou tolérés par les dirigeants politiques, les autorités locales et une partie des médias, et par l'atmosphère d'impunité quasi totale qui en résulte pour les auteurs », déclarent-ils dans le communiqué.

Les experts ont souligné la responsabilité première des gouvernements et des dirigeants politiques dans la prévention de ces évolutions dangereuses par des moyens non violents, tels qu'une communication proactive pour encourager la désescalade, la réconciliation et l'exercice pacifique des droits civils et politiques.

La « confiance du public » en danger

« La confiance du public dans la fiabilité, la légitimité et l'intégrité des institutions de l'État et de leurs responsables de l'application des lois est le bien le plus précieux de toute société pacifique, juste et durable et le fondement même de la démocratie et de l'État de droit », ont-ils déclaré.

« Nous exhortons donc les gouvernements et les dirigeants politiques à ne pas gaspiller inutilement la confiance de leur peuple, à s'abstenir de toute violence injustifiée, de toute coercition et de toute division, et à privilégier et promouvoir le dialogue, la tolérance et la diversité dans l'intérêt public commun de tous », ont-ils ajouté.

La déclaration a été publiée par trois rapporteurs spéciaux des Nations Unies, et approuvée par 40 autres experts indépendants, qui surveillent des problèmes spécifiques de droits de l'homme dans le monde, tels que la torture, les exécutions sommaires et les défis au droit de réunion pacifique.

NOTE :

Les rapporteurs spéciaux et les groupes de travail font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, qui constituent le plus grand groupe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations unies, sont le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de surveillance du Conseil qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel de l'ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.