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Covid-19 : le traitement des cancers des enfants africains fortement affecté par la pandémie (OMS)

Une infirmière prodigue des soins aux patients atteints de cancer qui suivent une chimiothérapie dans un hôpital du district de Burera, au Rwanda.
UNICEF / Karel Prinsloo
Une infirmière prodigue des soins aux patients atteints de cancer qui suivent une chimiothérapie dans un hôpital du district de Burera, au Rwanda.

Covid-19 : le traitement des cancers des enfants africains fortement affecté par la pandémie (OMS)

Santé

Les programmes de dépistage et de traitement des cancers sur le continent africain, en particulier chez l’enfant, ont été particulièrement touchés par la pandémie de Covid-19, souligne une enquête de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les mesures drastiques de prévention adoptées depuis le début de la pandémie de Covid-19 en Afrique et l’attention accrue portée par le personnel de santé des pays à la lutte contre le virus ont considérablement perturbé la prestation d’autres services de santé essentiels dans la région. Si les services courants reprennent peu à peu, beaucoup ne sont pas encore totalement rétablis.

« Selon nos estimations, en 2020, plus de 28.000 enfants sont décédés d’un cancer en Afrique subsaharienne », estime le Dr Jean-Marie Dangou, Coordonnateur du Programme de gestion des maladies non transmissibles au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.

« C’est une situation très déplorable, car les cancers de l’enfant sont curables à condition d’être détectés à un stade précoce et que l’enfant bénéficie d’une prise en charge complète », ajoute-t-il.

Une enquête menée par l’OMS, de janvier à mars 2021, sur la continuité des services de santé essentiels dans la région africaine pendant la pandémie a révélé un taux moyen de perturbation estimé à 43%.

Les programmes de dépistage et de traitement des cancers, en particulier chez l’enfant, ont été particulièrement touchés. En tout, 46% des pays ont noté une baisse de régime en matière de dépistage des cancers, tandis que 13% des pays ont signalé des perturbations atteignant un taux de 50%.

Les estimations indiquent que le taux de survie du cancer de l’enfant en Afrique subsaharienne est de 20% à peine. Dans les pays à revenu élevé, où des services complets sont généralement accessibles, plus de 80% des enfants atteints de cancer sont guéris.

Diagnostic précoce, meilleures chances de survie

Un diagnostic précoce améliore les chances de survie. Lorsque le cancer est détecté à un stade précoce chez l’enfant, le traitement de la maladie a de meilleures chances de réussir et la probabilité de survie s’en trouve accrue. Dans de telles conditions, l’enfant est sujet à moins de souffrance et peut bénéficier d’un traitement moins coûteux et moins intensif. Des améliorations notables peuvent être apportées à la vie des enfants atteints de cancer si le dépistage est fait à un stade précoce et que les retards de prise en charge du patient sont évités.

La perte de vitesse induite par la pandémie de Covid-19 en matière de dépistage et de traitement des cancers est susceptible d’entraîner des retards de diagnostic et de traitement, ce qui aura pour effet d’accroître la pression sur les ressources médicales déjà limitées du continent, et de causer une augmentation notable du nombre de décès évitables dus au cancer.

Pendant la pandémie, divers facteurs ont contribué au recul des initiatives de dépistage et de traitement du cancer. Le manque de personnel médical (car nombre d’entre eux ont été réaffectés à la lutte contre la Covid-19) a affecté les services de lutte contre le cancer, avec notamment 72% des pays ayant signalé une baisse de personnel.

Dans 64% des pays, les populations craignaient de se faire soigner en pleine pandémie. En outre, dans 58% des cas, l’accès aux services de santé essentiels a diminué étant donné les difficultés financières causées par la pandémie, notamment les conséquences financières engendrées par les confinements qui ont été décrétés.

« Le seul moyen d’éviter les décès dus au cancer et de prévenir les cas de cancer dans notre région, en particulier chez les enfants, est d’investir suffisamment dans la prévention et dans le traitement du cancer, et parallèlement, dans des formations de qualité pour les professionnels de la santé », souligne le Dr Dangou.

« Nous devons, à titre individuel, prendre l’initiative de mieux comprendre les signes avant-coureurs du cancer chez l’enfant afin d’améliorer la détection précoce et le traitement », fait-il valoir.