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Éthiopie : l'UNESCO inquiète de l'extension du conflit à Lalibela, site du Patrimoine mondial des Églises creusées dans la roche

L’église St Georges, dans la ville de Lalibela, en Éthiopie.
Photo : Unsplash/Mulugeta Wolde
L’église St Georges, dans la ville de Lalibela, en Éthiopie.

Éthiopie : l'UNESCO inquiète de l'extension du conflit à Lalibela, site du Patrimoine mondial des Églises creusées dans la roche

Culture et éducation

L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) se déclare profondément préoccupée par l’extension du conflit à la ville éthiopienne de Lalibela qui abrite le site du Patrimoine mondial des Églises creusées dans la roche.

Dans un communiqué, l'UNESCO appelle au respect de toutes les obligations pertinentes en vertu du droit international pour assurer la protection de la valeur universelle exceptionnelle et de l'héritage de ce site précieux en s'abstenant de tout acte qui pourrait l'exposer à des dommages, et en prenant toutes les précautions nécessaires pour empêcher toute tentative de pillage et de saccage des biens culturels situés dans la région.

Lalibela est un lieu de pèlerinage, de dévotion et de paix : il ne doit pas être un lieu d'incitation à la violence et au conflit. Les 11 églises troglodytes monolithiques médiévales de cette « Nouvelle Jérusalem » du XIIIe siècle sont situées dans une région montagneuse au cœur de l'Éthiopie, près d'un village traditionnel aux habitations circulaires.

Les églises creusées dans la roche de Lalibela sont un haut lieu du christianisme éthiopien. Les églises creusées dans la roche de Lalibela ont été inscrites sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO en 1978.

Valeur universelle exceptionnelle

A quelque 645 km d'Addis Abeba, onze églises monolithiques médiévales ont été taillées dans la roche. Leur construction est attribuée au roi Lalibela qui entreprit de bâtir au XIIe siècle une « nouvelle Jérusalem », après que les conquêtes musulmanes ont mis fin aux pèlerinages chrétiens en Terre sainte. Lalibela a prospéré après le déclin de l'empire d'Aksum.

Les églises n'ont pas été construites de manière traditionnelle, mais ont été taillées dans la roche vivante en blocs monolithiques. Ces blocs ont ensuite été ciselés pour former des portes, des fenêtres, des colonnes, différents planchers, des toits, etc. Cette œuvre gigantesque a été complétée par un vaste système de fossés de drainage, de tranchées et de passages cérémoniels, certains comportant des ouvertures vers des grottes d'ermites et des catacombes.

Biete Medhani Alem, avec ses cinq nefs, est considérée comme la plus grande église monolithique du monde, tandis que Biete Ghiorgis présente un remarquable plan cruciforme. La plupart ont probablement été utilisées comme églises dès le début, mais Biete Mercoreos et Biete Gabriel Rafael pourraient avoir été autrefois des résidences royales. Plusieurs des intérieurs sont décorés de peintures murales.

Près des églises, le village de Lalibela possède des maisons rondes à deux étages, construites en pierre rouge locale, et connues sous le nom de Lasta Tukuls. Ces églises exceptionnelles sont le centre de pèlerinage des chrétiens coptes depuis le XIIe siècle.

Intégrité menacée

L'intégrité du site est menacée par plusieurs problèmes.

Les fossés de drainage ont été remplis de terre pendant plusieurs siècles, avant d'être dégagés au XXe siècle, et ont été perturbés par l'activité sismique. Cela a entraîné une grave dégradation des monuments par les dégâts des eaux, et la plupart d'entre eux sont maintenant considérés comme étant dans un état critique.

Des problèmes structurels ont été identifiés à Biet Amanuel où un risque imminent d'effondrement est possible, et d'autres endroits doivent être surveillés.

Les peintures à l'intérieur des églises se sont gravement dégradées au cours des trente dernières années. Les sculptures et les bas-reliefs (comme à l'entrée de Biet Mariam) ont également été gravement endommagés, et leurs caractéristiques originales sont à peine reconnaissables. Tout cela menace l'intégrité du bien.