L'actualité mondiale Un regard humain

Les meurtres de personnes atteintes d'albinisme ont augmenté pendant la pandémie (experte de l'ONU)

Une femme tient dans ses bras un enfant atteint d'albinisme à Goma, en République démocratique du Congo, en 2007. Photo ONU/Marie Frechon
Une femme tient dans ses bras un enfant atteint d'albinisme à Goma, en République démocratique du Congo, en 2007. Photo ONU/Marie Frechon

Les meurtres de personnes atteintes d'albinisme ont augmenté pendant la pandémie (experte de l'ONU)

Droits de l'homme

Les meurtres de personnes atteintes d'albinisme ont augmenté pendant la pandémie de la Covid-19, car certaines personnes plongées dans la pauvreté se sont tournées vers la sorcellerie dans l'espoir de s'enrichir rapidement, a alerté, jeudi, Ikponwosa Ero, l’Experte indépendante des Nations Unies sur les droits des personnes atteintes d'albinisme.

« Malgré les progrès réalisés sur de nombreux fronts, j'ai été profondément attristée par l'augmentation notable des cas signalés de personnes atteintes d'albinisme tuées ou attaquées parce que (certaines personnes) croient, à tort, que l'utilisation de parties de leur corps dans des potions peut leur apporter chance et richesse », a-t-elle déclaré. « Plus tragiquement encore, la majorité des victimes sont des enfants ».

Ikponwosa Ero, du Nigéria, a été nommée en juin 2015 comme la première Experte indépendante des Nations Unies sur la jouissance des droits de l'homme par les personnes atteintes d'albinisme. Elle sera remplacée le 1er août par Muluka Anne Miti-Drummond, de la Zambie.

Le mandat de l'Expert indépendant sur la jouissance des droits de l'homme par les personnes atteintes d'albinisme a été établi par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies en juin 2005.

« Au moment de quitter mes fonctions, je suis satisfaite que le Conseil des droits de l'homme ait, dans une résolution historique, condamné les pratiques néfastes liées à la sorcellerie et aux attaques rituelles, mais il reste encore beaucoup à faire », a-t-elle déclaré.

La résolution historique adoptée par le Conseil des droits de l'homme au début du mois a condamné les violations des droits de l'homme commises à la suite d'accusations de sorcellerie et d'attaques rituelles et a appelé à une consultation internationale et à des recommandations sur la question.

Bien que nous ayons parcouru beaucoup de chemin dans la lutte contre ces actes odieux, le chemin à parcourir reste long et ardu

« J'ai passé les six dernières années à lutter contre les attaques liées à la sorcellerie contre les personnes atteintes d'albinisme, et je suis heureuse de constater que de nombreux progrès ont été réalisés sur plusieurs continents, malgré quelques revers au cours de la pandémie », a indiqué Mme Ero.

Parmi les progrès, l’experte sortante a cité un plan d'action régional sur l'albinisme en Afrique en collaboration avec l'Union africaine (UA). En outre, des campagnes de sensibilisation ont permis au public de mieux comprendre les défis auxquels sont confrontées les personnes atteintes d'albinisme en Afrique et dans le monde, notamment dans des pays comme le Brésil, le Japon et les Fidji.

« La recherche sur l'albinisme a plus que décuplé », a-t-elle ajouté, « et l'explosion des données et des informations fiables a permis de mieux comprendre comment le droit à la santé, à l'éducation, les droits des personnes handicapées et la discrimination raciale concernent les personnes atteintes d'albinisme. On comprend également mieux les droits des femmes et des enfants touchés par l'albinisme et la nécessité de les protéger contre les pratiques néfastes ».

« Bien que nous ayons parcouru beaucoup de chemin dans la lutte contre ces actes odieux, le chemin à parcourir reste long et ardu », a déclaré l’experte indépendante. « Pour cette raison, ce mandat reste crucial, et j'appelle les États à apporter tout le soutien possible à mon successeur ».

NOTE

Les Rapporteurs spéciaux et Experts indépendants font partie de ce que l'on appelle les Procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les Procédures Spéciales, le plus grand corps d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général donné aux mécanismes indépendants d'enquête et de surveillance du Conseil qui s'occupent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les parties du monde. Les experts des Procédures spéciales travaillent sur une base volontaire. Ils ne font pas partie du personnel de l'ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.