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Colombie : à l’approche des élections, l’ONU rappelle l’importance de l’accord de paix et du dialogue

Une personne participant à un programme de réconciliation en Colombie écrit le mot "paix" en espagnol.
Mission de vérification des Nations Unies en Colombie/Hector Latorre
Une personne participant à un programme de réconciliation en Colombie écrit le mot "paix" en espagnol.

Colombie : à l’approche des élections, l’ONU rappelle l’importance de l’accord de paix et du dialogue

Paix et sécurité

L’envoyé de l’ONU en Colombie a fait part, mardi, de sa préoccupation face aux violences que continuent de subir les anciens membres des FARC-EP, les leaders sociaux et les communautés dans le pays.

Devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Colombie, Carlos Ruiz Massieu a vanté les avancées en matière de justice transitionnelle qu’a permis l’accord de paix signé il y a cinq ans.

« En avril dernier, sept anciens commandants de la plus haute instance de la direction de l'ex-FARC-EP ont officiellement accepté leur responsabilité pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre », a-t-il rappelé en référence à des affaires de prise d’otages et de privation de liberté. La semaine dernière, la Juridiction spéciale pour la paix (JEP) a également inculpé des agents de l'État, dont 11 officiers de l'armée, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans le cadre de meurtres et de disparitions.

Parallèlement, les recherches ont permis de retrouver des centaines de corps de personnes disparues, notamment grâce aux informations fournies par d'anciens guérilleros, d'anciens paramilitaires et des agents de l’État colombien. « Ce travail contribue à redonner la paix aux familles des victimes après des années d'incertitude douloureuse », a dit l’envoyé de l’ONU.

La Commission vérité a également permis aux victimes des différents acteurs du conflit de faire face et de dialoguer avec ceux qui, il y a des années, leur ont causé des dommages irréparables. « Tous ces événements - impensables jusqu'à récemment en Colombie - sont aujourd'hui possible grâce à l'accord de paix », a expliqué M. Ruiz Massieu.

Offrir une « plus grande certitude » aux anciens membres des FARC-EP

Mais les avancés en matière de justice transitionnelle ne peuvent faire oublier l’insécurité à laquelle est toujours confrontée la Colombie.

« La violence contre d'anciens membres des FARC-EP, des leaders sociaux et des communautés en général persiste dans les municipalités de (la région de Montes de Maria) et d'autres, y compris le long de la
côte du Pacifique, et dans certaines parties du sud et du nord-est du pays », a reconnu M. Ruiz Massieu. Selon lui, cette violence est principalement le fait de groupes armés illégaux et d’organisations criminelles qui prospèrent dans des zones pauvres, où l’Etat est peu présent et où prospèrent des économies illégales.

« La violence persistante et la stigmatisation contre les anciens combattants et les membres du parti des Comunes (mouvement politique des ex-FARC_EP) est particulièrement préoccupante, notamment à l'approche des élections de 2022 », a dit le Représentant spécial.

Selon lui, la persistance de la violence et de l'insécurité souligne le besoin urgent de mettre eu œuvre des mesures de prévention et de protection renforcées, ainsi que des mesures supplémentaires concrètes pour démanteler les organisations illégales, traduire les coupables en justice. Ces mesures doivent être accompagnées par un rétablissement des institutions étatiques, des services publics et la création d’opportunités de développement le plus rapidement possible pour les communautés touchées par le conflit, a-t-il précisé.

L’envoyé onusien juge crucial qu’une « plus grande certitude » puisse être garantie aux anciens membres des FARC-EP et à leurs familles, notamment en élargissant leur accès au logement et aux terres. 

À l'approche d'un nouveau cycle électoral, M. Ruiz Massieu a invité les partis et tous les acteurs concernés en Colombie à rester attachés à l'accord de paix et à continuer de privilégier le dialogue pour résoudre leurs différends. « C'est précisément dans cet objectif que le processus de paix a permis d'élargir les espaces démocratiques et les garanties de participation », a-t-il rappelé.