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En RDC, le retrait de la MONUSCO dépendra en grande partie de la mise en œuvre du plan d’action gouvernemental

Des femmes Casques bleus d'Afrique du Sud en patrouille en République démocratique du Congo.
MONUSCO/Michael Ali
Des femmes Casques bleus d'Afrique du Sud en patrouille en République démocratique du Congo.

En RDC, le retrait de la MONUSCO dépendra en grande partie de la mise en œuvre du plan d’action gouvernemental

Paix et sécurité

L’envoyée de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC) a demandé, mercredi, à ce que les élections prévues en 2023 soient organisées dans les temps et de manière consensuelle. Une condition nécessaire, selon elle, pour la réussite du plan d’action lancé par Kinshasa et pour envisager un retrait du pays de la Mission des Nations Unies, la MONUSCO.

La RDC est toujours confrontée à de graves défis politiques, sécuritaires, humanitaires et de développement mais le pays a des raisons de rester optimiste. Alors que la MONUSCO œuvre sur sa transition en vue d’une fin de son mandat, sa cheffe, Bintou Keita, a souligné devant le Conseil de sécurité l’importance du plan d’action du gouvernement congolais pour atteindre « une stabilité politique et sécuritaire » dans le plus vaste pays d’Afrique subsaharienne.

Selon Mme Keita, le plan d’action de Kinshasa comprend des éléments concernant la protection des civils et la neutralisation des groupes armés, un nouveau programme de désarmement, démobilisation, réintégration communautaire et stabilisation (PDDRCS), et l’engagement d’organiser des élections nationales et locales en 2023.

Ce plan d’action, qui a été adopté par l’Assemblée nationale congolaise le 26 avril, a également marqué l’investiture du nouveau gouvernement du Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge. Mme Keita a constaté avec satisfaction que le nouveau gouvernement compte 15 femmes soit 27% du nombre total de postes ministériels. « Cela représente une augmentation de presque 30% par rapport au dernier gouvernement », s’est félicitée la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC qui a également qualifié d’« encourageant » la nomination de la première femme au poste de gouverneure de la Banque centrale du Congo (BCC).

Des enfants déplacés au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo.
© UNICEF/Olivia Acland
Des enfants déplacés au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo.

Les élections de 2023 doivent être organisées dans les délais consitutionnels

Mme Keita travaille avec le Premier ministre pour mettre en place un groupe de travail conjoint entre le gouvernement congolais, la MONUSCO et les agences onusiennes concernées qui appuiera la mise en œuvre du plan d’action gouvernemental et supervisera le processus de transition de la mission onusienne.

« La mise en œuvre du plan d’action du gouvernement dépendra largement de la mobilisation des ressources nécessaires, mais également de la stabilité de la nouvelle coalition politique mise en place en avril, l’Union Sacrée de la Nation », a prévenu la Représentante spéciale. « À cet égard, il sera important que les manœuvres politiques liées aux préparatifs et à la gestion du processus électoral de 2023 ne détournent pas l’attention de la mise en œuvre des réformes indispensables ».

Mme Keita a insisté sur l’importance de veiller à ce que les élections de 2023 se tiennent dans les délais constitutionnels. « Il est essentiel, en particulier, qu’un consensus national soit trouvé sur les nominations des responsables de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), puis sur la réforme de la loi électorale », a-t-elle dit. L’envoyée onusienne a encouragé les responsables des institutions, des formations politiques et de la société civile concernés à travailler ensemble pour rassurer le pays « sur l’organisation crédible et indépendante du processus électoral de 2023 ».

La Représentante spéciale a également souligné la nécessité d’organiser des élections inclusives et apaisées, « en prenant garde aux conséquences potentiellement dangereuses d’un débat clivant sur la nationalité ». « Ceci, ainsi que l’encouragement à la pleine mise en œuvre du plan d’action du gouvernement, est l’objet actuel de mes bons offices », a-t-elle souligné.

Est de la RDC : « Il reste encore beaucoup de travail à faire avant que la MONUSCO puisse se retirer de manière responsable »

Dans l’est de la RDC, la situation sécuritaire demeure préoccupante, les civils restant à la merci des attaques de groupes armées. « La transition de la Mission dépendant en grande partie du retour de la paix et de la stabilité dans ces zones, je pense qu'il reste encore beaucoup de travail à faire avant que la MONUSCO puisse se retirer de manière responsable », a déclaré Mme Keita.

La MONUSCO et l’équipe pays des Nations Unies en RDC travaillent étroitement avec le gouvernement congolais pour développer l’ensemble des jalons et indicateurs qui structureront le plan de transition de la Mission. « C’est l’occasion pour les Nations Unies d’affiner les paramètres de son assistance aux priorités de paix et de développement du gouvernement, et de prendre les mesures nécessaires pour réduire progressivement les effectifs de la Mission selon des conditions claires », a précisé Mme Keita.

A cet égard, en ligne avec la stratégie conjointe pour le retrait progressif de la MONUSCO, la mission de paix a cessé ses activités dans la région des Kasaïs le 30 juin.

Mais le retrait envisagé de la MONUSCO n’est pas synonyme d’un départ de la présence onusienne en RDC. « L’équipe pays des Nations Unies, travaillant en étroite collaboration avec les partenaires internationaux, est activement impliquée dans la mise en œuvre de programmes visant à appuyer la consolidation de la paix conformément aux priorités identifiées par les autorités congolaises », a assuré la Représentante spéciale.