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Myanmar : Michelle Bachelet dénonce une catastrophe en matière de droits de l'homme

Canton de Mayangon à Yangon, Myanmar.
Thiri Myat
Canton de Mayangon à Yangon, Myanmar.

Myanmar : Michelle Bachelet dénonce une catastrophe en matière de droits de l'homme

Droits de l'homme

La situation au Myanmar est passée, au cours des derniers mois, d'une crise politique à une catastrophe en matière de droits humains, a déclaré mardi la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève.

« La souffrance et la violence qui règnent dans tout le pays anéantissent les perspectives de développement durable et font craindre la faillite de l'État ou une guerre civile », a-t-elle mis en garde lors d’un compte rendu oral sur la situation des droits humains au Myanmar. « Ce qui a commencé comme un coup d'État par l'armée birmane s'est rapidement transformé en une attaque de plus en plus généralisée et systématique contre la population civile ».

Près de 900 personnes ont été tuées. Quelque 200.000 personnes ont été contraintes de fuir leurs maisons à la suite de violents raids militaires dans des quartiers et des villages, a-t-elle précisé.

La Haut-Commissaire a noté que la crise a aggravé l'impact déjà désastreux de la pandémie de Covid-19 sur l’économie. Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime que plus de 6 millions de personnes ont besoin d'aide alimentaire au Myanmar. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) prévoit que près de la moitié de la population pourrait sombrer dans la pauvreté d'ici au début de l’année 2022. Une grève générale dans tout le pays, combinée au licenciement de fonctionnaires – y compris des éducateurs et du personnel médical – a mis hors d'état de nombreux services essentiels dans le pays. 

Des combats ont repris dans les régions frontalières

Le coup d'État a en outre exacerbé un certain nombre de conflits de longue date dans les régions frontalières du Myanmar. Les combats ont repris dans les États de Kachin, Kayin et de Shan, ainsi que dans d'autres régions telles que les États de Chin et de Kayah qui étaient en grande partie pacifiques ces dernières années. 

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HDCH) a reçu des informations faisant état de disparitions forcées, de tortures et de décès en détention, a en outre indiqué la Haut-Commissaire.

Malgré la répression, les militaires n’ont pas réussi à contrôler le Myanmar et partout dans le pays, les gens continuent de manifester pacifiquement malgré le recours massif à la force meurtrière contre eux, a noté Mme Bachelet.

Pour trouver une issue à cette crise et favoriser un nouvel avenir pour le Myanmar, libéré de l'impunité et du contrôle militaires, elle juge essentiel que le gouvernement d'union nationale et les acteurs démocratiques de la société civile soient associés à tout processus politique.

« Il doit y avoir un dialogue national avec toutes les parties prenantes - y compris le régime militaire, le gouvernement d'unité nationale, les organisations ethniques armées, les organisations de la société civile et les mouvements de résistance tels que les groupes de désobéissance civile, les syndicats et les comités de grève », a ajouté la cheffe des droits de l’homme.

Si un processus politique est indispensable au Myanmar, la question de la responsabilité finale ne doit pas être éludée, a-t-elle toutefois rappelé. Selon elle, l'impunité, si elle persiste, ne fera que saper toute démocratie future, toute réconciliation, tout développement durable ou tout progrès vers la stabilité et la paix.