L'actualité mondiale Un regard humain

Royaume d’Eswatini : l’ONU s’inquiète de la répression violente de manifestations pro-démocratie

La salle du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies (photo d'archives).
Photo : ONU/Jean-Marc Ferré
La salle du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies (photo d'archives).

Royaume d’Eswatini : l’ONU s’inquiète de la répression violente de manifestations pro-démocratie

Droits de l'homme

Les autorités du Royaume d’Eswatini devraient veiller à ce que les forces de sécurité déployées à la suite des manifestations réduisent au minimum l’usage de la force, a affirmé mardi le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH).

« Nous demandons instamment aux autorités d’adhérer pleinement aux principes des droits de l’homme dans le rétablissement du calme et de l’Etat de droit, en particulier l’obligation de réduire au minimum l’usage de la force dans le maintien de l’ordre lors des manifestations, en se limitant à ce qui est absolument nécessaire comme mesure de dernier recours », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Liz Throssell, porte-parole du HCDH.

Autrefois appelée Swaziland, la monarchie d’Afrique australe est secouée depuis quelques semaines par des manifestations, une vague de protestation inédite dans ce pays enclavé en Afrique du Sud. « L’éruption de la violence dans le Royaume d’Eswatini ces derniers jours est profondément préoccupante, alors que des rapports indiquent que des dizaines de personnes ont été tuées ou blessées lors de manifestations réclamant des réformes démocratiques », a ajouté Mme Throssell.

Selon les services de Michelle Bachelet, les troubles ont commencé en mai lorsque des étudiants sont descendus dans la rue pour demander une reddition des comptes sur la mort d’un étudiant en droit de 25 ans, qui aurait été causée par la police. Fin juin, ces manifestations se sont transformées en marches quotidiennes en faveur de la démocratie dans plusieurs endroits d’Eswatini, les manifestants exprimant des griefs politiques et économiques profondément ancrés.

Malgré le calme, des risques de nouveaux troubles

Le Haut-Commissariat indique avoir reçu également « des allégations faisant état d’un usage disproportionné et inutile de la force, de harcèlement et d’intimidation par les forces de sécurité lors de la répression des manifestations de la semaine dernière ». Les services de Mme Bachelet pointent du doigt l’utilisation de balles réelles par la police.

Du côté des manifestants, certains auraient pillé des locaux, mis le feu à des bâtiments et des véhicules et, dans certaines zones, barricadé des routes. « Bien que la situation soit désormais plus calme, nous restons préoccupés par le risque de nouveaux troubles », a indiqué la porte-parole du HCDH, prônant une reddition des comptes et « des enquêtes rapides, transparentes, efficaces, indépendantes et impartiales soient menées sur toutes les allégations, y compris celles commises par les forces de l’ordre dans le cadre des manifestations ». 

Par ailleurs, le Haut-Commissariat s’est également dit préoccupé par les informations faisant état d’une coupure ou d’une perturbation des services Internet la semaine dernière. « Nous demandons instamment aux autorités de prendre toutes les mesures nécessaires pour que l’accès à Internet ne soit pas bloqué », a alerté Mme Throssell.

Le HCDH demande instamment au gouvernement du Royaume d’ouvrir un dialogue à plus long terme afin d’exprimer et de traiter les préoccupations publiques sous-jacentes qui ont donné lieu à ces récentes manifestations.