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Tigré : l’ONU appelle les rebelles à adhérer au cessez-le-feu annoncé par le gouvernement fédéral éthiopien

Le PAM a repris ses opérations dans la région du Tigré en Ethiopie.
Photo : PAM/Rein Skullerud
Le PAM a repris ses opérations dans la région du Tigré en Ethiopie.

Tigré : l’ONU appelle les rebelles à adhérer au cessez-le-feu annoncé par le gouvernement fédéral éthiopien

Paix et sécurité

Deux hauts responsables des Nations Unies ont alerté vendredi le Conseil de sécurité de la dégradation sérieuse de la situation dans la région éthiopienne du Tigré, mettant en garde contre les conséquences désastreuses de la poursuite du conflit entre forces gouvernementales et rebelles.

Après près de huit mois de conflit au Tigré, le gouvernement fédéral éthiopien a annoncé un cessez-le-feu unilatéral. Ce cessez-le-feu a été suivi d’un retrait des forces de défense nationale éthiopiennes ainsi que de l’administration provisoire mise en place par Addis-Abeba à Mekele, la capitale de la région.

Les 27 et 28 juin les rebelles des Forces de défense du Tigré (TDF) ont pris possession des principales villes de la région, y compris de Mekele. « La situation à Mekele semble être calme et les TDF semblent avoir le contrôle de la ville », a déclaré Rosemary DiCarlo, la Secrétaire générale adjointe de l’ONU aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, dans une intervention devant le Conseil de sécurité. « A ce jour, les TDF n’ont pas encore adhéré au cessez-le-feu », a-t-elle ajouté.

Pour l’ONU, l'annonce du cessez-le-feu par Addis-Abeba offre une opportunité que toutes les parties au conflit, « y compris le TPLF (Front de libération populaire du Tigré) », doivent saisir et sur laquelle elles doivent s'appuyer. « Nous exhortons les TDF à approuver immédiatement et complètement le cessez-le-feu », a dit Mme DiCarlo.

Selon la Secrétaire générale adjointe, un cessez-le-feu observé par toutes les parties constituerait un point de départ pour des efforts politiques nécessaires afin de tracer une voie de sortie de crise. « Le conflit au Tigré est le résultat de griefs politiques profondément enracinés qui ne peuvent être résolus que par le dialogue et un processus politique crédible », a souligné la cheffe des affaires politiques de l’ONU.

Les Nations Unies estiment que les voisins de l'Éthiopie peuvent jouer « un rôle constructif » dans l’accompagnement de la transition du pays, dans le respect de sa souveraineté. A cet égard, « le retrait des forces érythréennes du Tigré doit être pleinement mis en œuvre », a insisté Mme DiCarlo.

« La promesse de la transition éthiopienne reste réelle et peut être assurée, avec la volonté politique nécessaire », a dit la Secrétaire générale adjointe. « La paix et la stabilité dans le pays, pierre angulaire de la région de la Corne de l’Afrique, pourrait bien en dépendre ».

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques, Rosemary DiCarlo, devant le Conseil de sécurité jeudi 30 juin 2021.
Photo : ONU/Eskinder Debebe
La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques, Rosemary DiCarlo, devant le Conseil de sécurité jeudi 30 juin 2021.

Seulement assez de nourriture pour un mois à Mekele

L’appel de l’ONU à l’adhésion au cessez-le-feu au Tigré vise également à permettre un accès de l’aide humanitaire aux populations dans le besoin de cette région.

« La situation s'est considérablement aggravée », a indiqué aux membres du Conseil de sécurité, Ramesh Rajasingham, le Secrétaire général adjoint de l’ONU par intérim aux affaires humanitaires.

Deux millions de personnes sont toujours déplacées au Tigré et près de 5,2 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire. Plus de 400.000 personnes semblent être en état de famine et plus de 1,8 million d’autres sont sur le point de se retrouver dans une situation identique. « Aujourd'hui, le PAM (Programme alimentaire mondial des Nations Unies) n'a de la nourriture que pour un million de personnes pendant un mois à Mekele », a dit le Secrétaire général adjoint.

Une semaine après le meurtre de trois membres de l’ONG Médeçins sans frontières au Tigré, M. Rajasingham a rappelé que les travailleurs humanitaires ne doivent pas être pris pour cible. Depuis le début du conflit, 12 travailleurs humanitaires ont été tués au Tigré. « Malgré les défis, les acteurs humanitaires continuent de travailler sans relâche pour atteindre les populations désespérément dans le besoin », a-t-il assuré.

La priorité du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) est que tous les acteurs du conflit au Tigré garantissent un accès routier sûr. « Cela signifie ne pas nous empêcher de franchir les postes de contrôle, mais de nous laisser rapidement aller partout », a dit le chef de l’humanitaire de l’ONU.