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António Guterres : « Nous ne devons pas laisser les conflits bafouer les droits des enfants »

Des enfants attendent une distribution de nourriture à Alep, en Syrie.
© PAM/Jessica Lawson
Des enfants attendent une distribution de nourriture à Alep, en Syrie.

António Guterres : « Nous ne devons pas laisser les conflits bafouer les droits des enfants »

Droits de l'homme

Le chef de l’ONU a appelé, lundi, toutes les parties à des conflits à faire de la prévention des violations contre les enfants une priorité.

Les conflits dévastent les sociétés et frappent particulièrement durement les enfants. En 2020, près de 24.000 violations graves ont été commises contre 19.300 enfants dans les 21 situations de conflits couvertes par le mandat de la Représentant spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour les enfants dans les conflits armés, Virginia Gamba.

« Le mépris des droits des enfants en période de conflit et de bouleversement est choquant et déchirant », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors de sa présentation au Conseil de sécurité du dernier rapport sur les enfants dans les conflits armés.

Selon ce rapport qui porte sur l’année 2020, les violations vérifiées les plus répandues ont continué d'être le recrutement et l'utilisation d'enfants dans des conflits, le meurtre et la mutilation d'enfants et le refus d'accès humanitaire aux à ces derniers. Par ailleurs, des tendances nouvelles et profondément préoccupantes ont émergé : une augmentation exponentielle du nombre d'enfants enlevés ainsi que des violences sexuelles contre les garçons et les filles.

L’ONU note également que des écoles et des hôpitaux sont constamment attaqués, pillés, détruits ou utilisés à des fins militaires, avec des établissements d'enseignement et de santé pour filles ciblés de manière disproportionnée.

« Alors que nous marquons le 25e anniversaire de la création du mandat sur les enfants et les conflits armés, sa pertinence est malheureusement claire et il reste un outil éprouvé pour protéger les enfants dans le monde », a dit M. Guterres.

Le Secrétaire général a assuré aux membres du Conseil que sa Représentante spéciale et les Nations Unies sur le terrain, ainsi que la société civile et d'autres partenaires, sont pleinement mobilisés pour mieux protéger les enfants et empêcher en premier lieu les violations à leur encontre. Pour ce faire, ils utilisent tous les outils disponibles mis en place par les 13 résolutions de ce Conseil sur la fin et la prévention des violations contre les enfants.

« Ils surveillent et documentent les violations, sont en contact avec les parties à des conflits et élaborent des plans d'action et des engagements. Ils plaident pour la libération des enfants, fournissent une assistance technique et de renforcement des capacités et soutiennent le groupe de travail de ce Conseil sur les enfants et les conflits armés », a précisé M. Guterres.

12.300 enfants libérés en 2020

Le rapport de l’ONU indique que 17 plans d'action sont mis en œuvre et au moins 35 nouveaux engagements ont été pris par des parties à un conflit en 2020. Rien que l'année dernière, plus de 12.300 enfants ont été libérés.

La pandémie de Covid-19 a ajouté de nouvelles dimensions à ce travail vital – et de nouveaux stress. Le personnel et les partenaires des Nations Unies se sont adaptés rapidement pour soutenir les pays dans la riposte à la pandémie et assurer la surveillance continue des violations tout en s'engageant avec les parties à des conflits au nom des enfants. « Je ne saurais trop insister sur la nécessité de financer des postes de protection de l'enfance sur le terrain, car notre capacité à protéger les enfants repose sur la présence de ce personnel », a souligné le chef de l’ONU.

«  Il y a de nombreux défis à surmonter si nous visons à mieux protéger les enfants et à prévenir les violations à leur encontre dans les années à venir », a mise en garde M. Guterres.

À mesure que les conflits armés évoluent et que les enfants sont confrontés à de multiples menaces, le cadre de protection des enfants doit également s'adapter, estime le Secrétaire général. « Nous devons garantir l'inclusion du langage de la protection de l'enfance dans les processus de paix et améliorer l'analyse des données, l'alerte précoce et le plaidoyer pour une action précoce », a-t-il dit.

Le chef de l’ONU a appelé à « élever la voix et l'intérêt supérieur des enfants » dans les processus de paix et la prise de décision politique. « J'appelle le Conseil de sécurité et tous les États membres à soutenir fermement la protection des enfants par tous les moyens et à tout moment. Il n'y a pas de place pour les enfants dans les conflits, et nous ne devons pas laisser les conflits bafouer les droits des enfants », a conclu M. Guterres.