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Covid-19 en Afrique : l’UNICEF s’inquiète des effets dévastateurs de la troisième vague pour les enfants

Un site de test de la Covid-19 dans l'État d'Ogun, dans le sud-ouest du Nigéria.
OMS
Un site de test de la Covid-19 dans l'État d'Ogun, dans le sud-ouest du Nigéria.

Covid-19 en Afrique : l’UNICEF s’inquiète des effets dévastateurs de la troisième vague pour les enfants

Santé

Le continent africain, qui manque cruellement de vaccins contre la Covid-19, est confronté à une nouvelle flambée des contaminations et est en proie à une recrudescence mortelle de la pandémie, a prévenu, vendredi, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Pour les enfants dans certains pays africains, cette troisième vague est synonyme de « perte des parents et des grands-parents qui s’occupent de tant d’enfants », souligne le porte-parole de l’UNICEF, James Elder, sans fournir des données sur le nombre d’enfants orphelins. Mais au rythme actuel des infections, « la poussée actuelle dépassera la précédente en quelques semaines ».

« Car des variants plus contagieux se répandent, les vaccins continuent d’être dangereusement lents à atteindre l’Afrique », a déclaré M. Elder lors d’un point de presse de l’ONU à Genève. Et les hôpitaux sont poussés au-delà de leur capacité.

Hausse de 2.800 % des nouveaux cas entre mars et juin 2021 en Ouganda

Au milieu de tout cela, les effets sur les enfants continuent d’être dévastateurs », a ajouté M. Elder.

Dans un pays comme l’Ouganda, l’UNICEF fait état d’une hausse de 2.800 % des nouveaux cas de Covid-19 entre mars et juin 2021. Au total, le pays d’Afrique de l’Est recense 74.260 cas confirmés dont 752 décès. Et à la date du jeudi 24 juin 2021, un total de 935.184 doses de vaccin ont été administrées. Mais face à la hausse des cas, « la disponibilité de l’oxygène en Ouganda devient une situation de vie ou de mort ».

Dans la région des Grands lacs d’Afrique, la situation est tout aussi « décourageante » en République démocratique du Congo (RDC), avec « des taux de vaccination faibles et une faiblesse des installations sanitaires ». Au 24 juin 2021, un total de 52.856 doses de vaccin y a été administrées. Selon un décompte établi vendredi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la RDC comptabilise 38.553 cas confirmés dont 891 décès.

La Namibie a eu le taux de mortalité le plus élevé d’Afrique la semaine dernière

En Afrique australe, qui est l’une des régions les plus touchées du continent avec l’Afrique de l’Est, la situation est très préoccupante. En Namibie par exemple, l’UNICEF indique que le pays a connu la semaine dernière « le taux de mortalité le plus élevé d’Afrique ». Selon le décompte de l’OMS, la Namibie a enregistré la semaine dernière 7.556 cas dont 141 morts.

Dans ces conditions, « les hôpitaux sont pleins et il n’y a pas assez de réservoirs d’oxygène », a fait observer le porte-parole de l’UNICEF. Selon le ministère namibien de la santé, le pays enregistre chaque jour plus de 1.000 nouveaux cas de Covid19 et 30 décès. « C’est un taux de mortalité élevé pour un pays de 2,5 millions d’habitants », a affirmé M. Elder. Au total, la Namibie signale 77.333 cas confirmés dont 1.224 décès. Et à la date du 24 juin 2021, un total de près 124.000 doses de vaccin ont été administrées.

Du côté de l’Afrique du Sud, pays le plus touché du continent africain, l’UNICEF craint que la troisième vague soit « pire que les deux précédentes », mettant à rude épreuve un système de santé déjà surchargé. Le pays recense plus de 1,8 millions de cas dont 59.258 décès. 

La 3e vague menace l’éducation des enfants et les vaccinations de routine

En Afrique du Sud, seules 2,5 millions de personnes ont reçu jusqu’à présent, au moins une dose sur une population d’environ 57 millions d’habitants. « Et pourtant, c’est l’un des taux de vaccination les plus élevés du continent », a fait valoir le porte-parole de l’UNICEF. En effet, si l’on considère la situation dans le monde, environ 2,7 milliards de doses ont été administrées. Sur ce total, près de 1,5 % seulement ont été administrées sur le continent.

Plus largement, cette troisième vague « signifie moins d’éducation et plus d’abus ». Selon l’UNICEF, cela signifie également une détérioration des soins de santé.
Dans l’ensemble, les visites prénatales, les vaccinations de routine et les traitements contre le paludisme sont en baisse, voire même de plus de 20% dans certains pays. « Ce qui entraîne un renversement des tendances positives », a fait remarquer M. Elder.

L’aide logistique de l’UNICEF dans la campagne de vaccination 

Par ailleurs, la pandémie mondiale a porté un coup dévastateur à l’éducation. Par exemple, l’UNICEF estime que 9 millions d’enfants en Afrique de l’Est et en Afrique australe ne sont jamais revenus lorsque les écoles ont commencé à ouvrir. Et maintenant, les établissements scolaires qui ont rouvert leurs portes commencent à les fermer à nouveau. « Cela veut dire plus d’anxiété et de stress pour les enfants, alors que l’isolement, le confinement et la perte de revenus font des ravages », a détaillé le porte-parole de l’UNICEF.

En réponse à la menace de cette troisième vague, l’agence onusienne continue de soutenir les gouvernements, l’OMS et d’autres partenaires pour faire face à la crise sanitaire et aux impacts secondaires sur les enfants et leurs familles. Cela se matérialise par « l’achat et la livraison de vaccins anti-Covid-19, en particulier pour les travailleurs de la santé et les travailleurs essentiels ».

Avec 5,3 millions de cas et 139.000 décès, l’Afrique reste l’un des continents les moins touchés

Cela passe par un renforcement des systèmes de santé et de chaîne du froid, mais aussi l’achat de bouteilles d’oxygène. A ce sujet, l’UNICEF indique signer des accords avec des fabricants (par exemple Pfizer, AstraZeneca) et travailler avec les compagnies aériennes pour garantir la capacité de transport.

Pourtant si ces mesures sont essentielles, l’UNICEF soutient qu’elles « ne changeront rien du jour au lendemain ». Une façon de rappeler le devoir d’un partage immédiat des doses excédentaires disponibles, qui est « une mesure palliative minimale, essentielle et d’urgence. « Et elle est nécessaire dès maintenant. Tout comme le financement du déploiement des vaccins », a insisté M. Elder.
 
Avec près de 5,3 millions de cas et 139.000 décès, l’Afrique reste tout de même le continent le moins touché au monde après l’Océanie. Au total, la pandémie de Covid-19 a fait au moins 3.872.457 morts dans le monde depuis l’apparition de la maladie fin décembre 2019 en Chine. Selon un bilan établi vendredi par l’OMS, plus de 178,5 millions de cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués.