L'actualité mondiale Un regard humain

Il ne faut pas se détourner de la lutte contre les mutilations génitales féminines, exhorte le Burkina Faso

Une adolescente qui a échappé à la mutilation génitale féminine est en classe dans une école pour filles, en Ouganda.
Photo : UNICEF/Henry Bongyereirwe
Une adolescente qui a échappé à la mutilation génitale féminine est en classe dans une école pour filles, en Ouganda.

Il ne faut pas se détourner de la lutte contre les mutilations génitales féminines, exhorte le Burkina Faso

Santé

Le Président du Burkina-Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a invité, mercredi à Genève, la communauté internationale à redoubler de vigilance et d’efforts pour que les crises sécuritaires, humanitaires et sanitaires ne nous détournent pas de la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF).

Par le biais de sa Ministre de la femme, de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire, le dirigeant burkinabè et champion de l’Union africaine pour la lutte contre les MGF a souligné que plus de 50 millions de filles de moins de 15 ans risquaient d’être soumises à cette pratique préjudiciable et irréversible d'ici 2030 « si nous n'agissons pas fortement aujourd'hui ».

« Il est donc plus que nécessaire d’agir avec détermination à tous les niveaux, et en parfaite synergie d’actions, pour mettre fin aux mutilations génitales féminines afin d’atteindre l’objectif de la tolérance zéro d’ici à 2030 », a déclaré Hélène Marie Laurence Ilboudo, lisant l’allocution de Roch Marc Christian Kaboré, par vidéo conférence devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.

La pandémie de Covid-19 expose davantage les filles et les femmes

La Ministre a signalé que le contexte actuel marqué par la pandémie de Covid-19 exposait davantage les filles et les femmes au risque de la pratique des mutilations génitales, « surtout si la tendance actuelle de la stagnation ou de la diminution des engagements financiers en faveur de la lutte se perpétue ».  

Mme Ilboudo a ainsi invité l’ensemble des Etats à faire de la lutte contre les mutilations génitales féminines une préoccupation majeure et inscrire les actions de lutte contre les MGF comme priorités dans les projets et programmes nationaux de développement. 

De son côté, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, a mis en exergue certaines bonnes pratiques observées dans de nombreux pays, dont la Tanzanie ou le Burkina Faso.

Le plan d’action burkinabè prône une approche multisectorielle qui réunit treize ministères, des groupes de femmes, des chefs religieux et communautaires, ainsi que des responsables de l’application des lois et des magistrats, pour superviser la mise en œuvre de la loi visant à éradiquer les mutilations génitales féminines.  

L’éducation à l’école secondaire réduit les mutilations génitales féminines

La cheffe des droits de l’homme a rappelé l’importance « de stratégies innovantes et plus efficaces contre cette pratique préjudiciable ». Il s’agit ainsi d’impliquer les chefs traditionnels et religieux, et de dialoguer avec les communautés pour trouver collectivement des moyens de respecter leurs valeurs, sans causer de préjudice ni bafouer les droits fondamentaux des femmes et des filles.  

A noter qu’avant la pandémie de Covid-19, plus de 200 millions de filles et de femmes avaient subi des mutilations génitales féminines. 

« Au moins quatre millions de filles étaient menacées chaque année », a déclaré Mme Bachelet devant le Conseil des droits de l’homme, ajoutant qu’on estime maintenant que 20 millions de filles supplémentaires risquent de ne jamais retourner à l’école secondaire .

« Et nous savons tous que l’éducation secondaire réduit les mutilations génitales féminines », a rappelé la cheffe des droits humains de l’ONU.

Près de 190.000 filles et femmes risquent de subir les MGF dans 17 pays européens

Si le continent africain reste l’un des plus touchés, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), Natalia Kanem, a fait état « de progrès, même inégaux, dans le déclin général des mutilations génitales féminines en Afrique », surtout au Burkina Faso, en Égypte, en Éthiopie, au Kenya, au Libéria, en Tanzanie et au Togo. Malgré cela, le nombre absolu de filles à risque continue d’augmenter avec la croissance démographique.  

D’autres régions ne sont pas en reste. L’Europe compte plus de 600.000 survivantes des mutilations génitales féminines et près de 190.000 autres filles et femmes risquent de subir cette pratique néfaste dans 17 pays de ce même continent, a ainsi souligné la modératrice du débat et Directrice de « End FGM European Network », Anna Widegren.

Ces chiffres s’ajoutent aux quelque 200 millions de femmes et de filles touchées par les MGF dans plus de 90 pays, a-t-elle conclu.