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Conseil des droits de l’homme : l’Erythrée ciblée pour le rôle de ses troupes dans la région éthiopienne du Tigré

Des dizaines de milliers de réfugiés ont franchi la frontière entre l'Ethiopie et le Soudan pour fuir les violences dans la région du Tigré.
OCHA/Gabriela Vivacqua
Des dizaines de milliers de réfugiés ont franchi la frontière entre l'Ethiopie et le Soudan pour fuir les violences dans la région du Tigré.

Conseil des droits de l’homme : l’Erythrée ciblée pour le rôle de ses troupes dans la région éthiopienne du Tigré

Droits de l'homme

Le rôle des troupes érythréennes dans la région éthiopienne du Tigré était au centre des débats de la 47e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, lundi.

Déjà la cible des critiques occidentales pour son rôle dans l’opération militaire lancée début novembre par Addis-Abeba, le document du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Érythrée a fait état aussi d’allégations reçues concernant de graves violations des droits de l’homme et du droit humanitaire qui auraient été commises par les troupes d’Asmara au Tigré, en Éthiopie.  

« Il s’agit notamment des attaques délibérées contre des civils, des exécutions sommaires, des violences sexuelles et sexistes, des détentions arbitraires, des enlèvements et des disparitions de réfugiés et de demandeurs d’asile érythréens », a déclaré au Conseil, Mohamed Abdelsalam Babiker, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans ce pays.

L’Expert indépendant onusien s’est dit particulièrement préoccupé par les allégations qui font état d’attaques par des troupes érythréennes visant des réfugiés et demandeurs d’asile érythréens.

Aucune information fournie sur le retrait des troupes érythréennes

Il a ainsi fait référence à « la destruction des deux camps de réfugiés accueillant plus de 25.000 réfugiés érythréens à Hitsats et Shimelba ». Pour M. Babiker, ces allégations doivent faire l’objet d’une enquête rapide et complète par des mécanismes internationaux indépendants.

Le Rapporteur spécial a ensuite noté que les autorités éthiopiennes avaient déclaré en mars 2021, puis à nouveau en juin, que le retrait des forces érythréennes du Tigré était en cours. Cependant, aucune information n’a été fournie concernant le calendrier de ce retrait et aucune information vérifiable suggérant des progrès à cet égard n’est parvenue au Rapporteur spécial.  

« J’appelle les autorités érythréennes à retirer leurs forces du Tigré, à fournir des informations sur le lieu où se trouvent les réfugiés érythréens disparus et à libérer tout réfugié érythréen détenu », a conclu M. Babiker.

L’Érythrée a rejeté le mandat du Rapporteur spécial, qu’elle a qualifié de « politisé », de même que son rapport, dont elle a jugé la méthodologie « défectueuse ».  

Des personnes déplacées dans la ville d'Adigrat, dans la région du Tigré, en Ethiopie.
© UNICEF/Zerihun Sewunet
Des personnes déplacées dans la ville d'Adigrat, dans la région du Tigré, en Ethiopie.

Les services de Michelle Bachelet mènent une enquête depuis le 16 mai

Lors des débats, certains intervenants ont invité les autorités érythréennes à retirer sans délai leurs troupes du Tigré, conformément à l’annonce qui avait été faite à la suite du déplacement du Premier ministre éthiopien à Asmara, en mars dernier.

Ainsi, pour la France, les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises par l’armée érythréenne dans la région éthiopienne du Tigré sont « inacceptables et leurs auteurs ne doivent pas échapper à la justice ».

De son côté, l’Éthiopie a exprimé son indignation face aux déclarations et allégations formulées à son encontre dans le rapport. « Ce qui est encore plus inquiétant, c’est qu’aucune tentative n’a été faite pour contacter la délégation afin de vérifier la véracité de ces allégations », a regretté la délégation éthiopienne.

En fait, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme mène actuellement une enquête conjointe avec la Commission éthiopienne des droits de l’homme au Tigré, avec des équipes sur le terrain depuis le 16 mai. « Nous pensons que ce travail se terminera en août et que les conclusions et recommandations seront rendues publiques », a indiqué lundi au Conseil la cheffe des droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet.