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Dix ans après l’indépendance, l’insécurité généralisée au Soudan du Sud entrave la réalisation d’une paix durable

Une femme Casque bleue participe à un entraînement à Malakal, au Soudan du Sud.
MINUSS\Janet Adongo
Une femme Casque bleue participe à un entraînement à Malakal, au Soudan du Sud.

Dix ans après l’indépendance, l’insécurité généralisée au Soudan du Sud entrave la réalisation d’une paix durable

Paix et sécurité

Alors que le Soudan du Sud célébrera le 9 juillet son dixième anniversaire en tant qu’Etat indépendant, le pays continue de connaître une insécurité généralisée malgré les progrès réalisés pour mettre en oeuvre l’accord de paix destiné à mettre fin à la guerre civile.

« Les membres du Conseil se souviendront de la jubilation, il y a dix ans, lorsque nous avons accueilli le Soudan du Sud au sein de la communauté des nations. La communauté internationale a alors promis son soutien au Soudan du Sud. Cet engagement reste aussi important aujourd'hui alors que la plus jeune nation du monde lutte pour la paix, la sécurité et la prospérité pour ses citoyens », a dit le Représentant spécial du Secrétaire général dans ce pays, Nicholas Haysom, devant les membres du Conseil de sécurité.

M. Haysom, qui est également chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a pris ses fonctions en avril.

Progrès accomplis ces derniers mois

Lundi, il s’est dit heureux d'annoncer les progrès accomplis ces derniers mois dans la mise en œuvre de l'accord de paix revitalisé, citant trois exemples. 

Premièrement, le 10 mai, le gouvernement revitalisé a créé un groupe de travail pour superviser et coordonner la justice transitionnelle et les processus permanents d'élaboration de constitutions et d'autres réformes.

Deuxièmement, le 11 mai, le Président Salva Kiir a reconstitué la législature nationale et nommé 550 nouveaux membres à la nouvelle assemblée législative. « Il s'agissait d'une étape cruciale », a noté M. Haysom.

Troisièmement, le 25 mai, le Président Kiir, en présence du Premier ministre soudanais Abdalla Hamdok, a officiellement lancé le processus permanent d'élaboration de la Constitution à Juba, la capitale. « La rédaction d'une Constitution nationale est un acte de souveraineté par excellence. Elle exprime les aspirations les plus élevées d'une nation et ses valeurs les plus chères. Un processus inclusif qui favorise une conversation nationale est un contrat social entre les citoyens du pays. Les solutions qui sont soutenues par la majorité et reflètent la diversité des citoyens d'une nation augmentent la probabilité d'une paix durable. Cela exige que les dirigeants politiques s'engagent et gagnent la confiance du public », a souligné l’envoyé de l’ONU.

Il a toutefois noté que la mise en œuvre globale de l'accord de paix revitalisé « progresse lentement ». La formation de la législature reste incomplète et la constitution du Conseil des États et la nomination du président de l'Assemblée législative sont en cours. « La MINUSS continue d'encourager le gouvernement à mener à bien ces processus tout en assurant une représentation adéquate des femmes et des jeunes à tous les niveaux », a dit M. Haysom.

De même, les dispositions transitoires de sécurité restent en retard. La formation et la graduation des forces unifiées sont un élément essentiel pour prévenir un retour des affrontements.

L’envoyé de l’ONU a souligné l'insécurité généralisée qui sévit au Soudan du Sud, en particulier la violence intercommunautaire, qui « continue d'entraver la réalisation d'une paix durable ». Cette année, plus de 80% des victimes civiles ont été attribuées à des violences intercommunautaires et à des éléments appartenant à des milices.

Nicholas Haysom a expliqué que la force de la MINUSS a maintenu une présence dans des zones stratégiques pendant la saison des pluies. Cela a contribué à une réduction globale de la violence et des pertes civiles par rapport à l'année précédente.

Néanmoins, des institutions de gouvernance étatiques faibles ou absentes dans tout le Soudan du Sud ont permis aux saboteurs de la paix d'exploiter les clivages communautaires et ethniques, a-t-il souligné.