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Au Yémen, les belligérants n’ont toujours pas surmonté leurs divergences, regrette l’ONU

Une femme porte un bol avec des vêtements lavés dans un camp de personnes déplacées dans le district d'Al-Dhihar, au Yémen.
©UNICEF/Gabreez
Une femme porte un bol avec des vêtements lavés dans un camp de personnes déplacées dans le district d'Al-Dhihar, au Yémen.

Au Yémen, les belligérants n’ont toujours pas surmonté leurs divergences, regrette l’ONU

Paix et sécurité

A l’occasion d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen, deux hauts responsables onusiens ont regretté, mardi, que les belligérants n’aient toujours pas réussi à surmonter leurs divergences pour mettre fin à un conflit qui dure depuis des années.

« Depuis un an et demi, j'ai procédé à une navette diplomatique avec les parties » au conflit, a dit l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, devant les membres du Conseil. « Les parties n'ont pas surmonté leurs divergences ».

Il a expliqué que les rebelles houthis (appelés aussi Ansar Allah), qui contrôlent de fait le nord du pays, insistent sur un accord séparé sur les ports d’Hodeïda et l'aéroport de Sanaa, comme condition préalable à un cessez-le-feu et au lancement d’un processus politique.

Le gouvernement du Yémen, pour sa part, demande que ces questions soient acceptées et mises en œuvre comme un tout, y compris le début du cessez-le-feu.

« Nous avons proposé différentes solutions pour combler ces positions. Malheureusement, aucune de ces suggestions n'a été acceptée par les parties », a dit l’envoyé de l’ONU.

Selon lui, un cessez-le-feu à l'échelle nationale aurait une « valeur humanitaire indéniable, permettant le silence des armes, l'ouverture de routes vitales, y compris à Mareb et à Taëz, un retour à un certain sentiment de sécurité, en particulier pour les civils vivant à proximité des multiples lignes de front au Yémen ». « Mais permettez-moi également d'être clair, la fermeture continue de l'aéroport de Sanaa ainsi que les restrictions paralysantes sur le carburant dans les ports d’Hodeïda sont injustifiables et doivent être corrigées », a-t-il ajouté.

Martin Griffiths a rappelé que « le Yémen a besoin d'un processus politique inclusif, voire d'un règlement, s'il veut sortir des cycles de violence et de conflit ». « Le dialogue sera long. Ce sera complexe et à plusieurs niveaux », a-t-il ajouté.

Selon lui, un règlement politique doit refléter les intérêts des diverses parties au conflit. Il doit également garantir les intérêts et les droits de ceux qui sont les plus touchés par le conflit, et pas seulement de ceux qui le perpétuent.

Le mois de mai le plus meurtrier cette année

Le chef de l’humanitaire de l’ONU, Mark Lowcock, pour sa part a précisé qu’en moyenne, au moins cinq civils sont désormais tués ou blessés par les hostilités au Yémen chaque jour. Le mois de mai a été le plus meurtrier jusqu'à présent cette année, avec plus de 60 civils tués à travers le pays.

« L'offensive d'Ansar Allah à Mareb continue de constituer une menace directe pour des millions de personnes, dont plus d'un million de Yéménites qui ont fui leur domicile et se sont réfugiés dans et autour de la ville », a-t-il expliqué.

« Les frappes aériennes, les bombardements, les affrontements et d'autres incidents se sont également poursuivis dans d'autres régions du Yémen au cours du mois écoulé, causant des pertes civiles à Saada, Taëz, Hodeïda et ailleurs », a-t-il ajouté.

Selon Mark Lowcock, les occasions d'arrêter la guerre n'ont pas manqué. « Mais il appartient aux parties de transformer ces opportunités en réalité. Jusqu'à présent, elles ne l'ont pas fait », a-t-il regretté.

« Cela donnerait aux Yéménites une pause dans la violence et créerait un espace pour plus d'engagement politique. Il ne devrait pas y avoir de conditions préalables. La guerre n'a rien résolu », a-t-il conclu.