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Climat : un froid inhabituel et un printemps le plus glacial depuis 2013 en Europe (OMM)

Majella, Géoparc mondial de l'UNESCO, Italie.
Enigma Cesare Iacovone
Majella, Géoparc mondial de l'UNESCO, Italie.

Climat : un froid inhabituel et un printemps le plus glacial depuis 2013 en Europe (OMM)

Climat et environnement

Il s’agit du printemps le plus froid en Europe depuis 2013, mais au niveau mondial, les températures de mai sont supérieures à la moyenne, a affirmé mardi l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

D’après les données du Service Copernicus concernant le changement climatique, l’Europe a connu son printemps le plus frais depuis 2013, avec une température moyenne de mars-mai inférieure de 0,45°C par rapport à la moyenne 1991-2020. Selon ce nouveau rapport mensuel du service Copernicus, la tendance s’est poursuivie en mai.

Mais si une partie de l’Europe a été en proie à un temps particulièrement froid pour la saison, avec un printemps ne voulant pas s’installer, ce n’est pas le cas sur tout le continent et le reste du monde.

En effet, la température moyenne mondiale pour le mois de mai était de 0,26°C supérieure à la moyenne 1991-2020. Selon l’agence onusienne basée à Genève, il s’agit de « températures plus élevées que la moyenne », notamment dans le nord et l’ouest de la Russie, mais aussi en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

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Niveau des dioxydes de carbone

« Ce n’est pas parce que cette année a connu un début relativement frais, qu’il y a une pause dans le changement climatique », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Clare Nullis, porte-parole de l’OMM. D’après elle, il y a 90% de chances que l’une des cinq prochaines années soit la plus chaude jamais enregistrée.

Une façon de rappeler que le principal « moteur du changement climatique » est le dioxyde de carbone issu des activités humaines. La concentration moyenne mensuelle de CO2 à l’observatoire de Mauna Loa, la station de surveillance atmosphérique de référence dans le monde, a atteint un nouveau record de 419,13 parties par million (ppm) en mai, contre 417,31 ppm en mai 2020.

La planète prend une mauvaise direction

Cela ne signifie pas pour autant que la moyenne mondiale est si élevée. Selon les chiffres de l’Administration nationale océanique et atmosphérique des États-Unis, la moyenne mondiale pour mars était de 416,34 ppm, contre 413,45 ppm en 2020. « C’est une indication de la direction que nous prenons », a alerté la porte-parole de l’OMM. « C’est-à-dire dans la mauvaise direction », a-t-elle ajouté, relevant qu’il ne s’agit pas seulement de statistiques.

En raison de la durée de vie extrêmement longue du CO2 dans l’atmosphère, l’OMM estime que le changement climatique engage toutes les présentes générations pour les générations futures.

La menace a pour corolaires, une hausse des températures, des conditions météorologiques plus extrêmes, la fonte des glaces, l’élévation du niveau de la mer et la chaleur des océans.

Dans le même temps, l’océan n’absorbe qu’environ 23 % des émissions annuelles de CO2 anthropique dans l’atmosphère et joue un rôle de tampon contre le changement climatique. Toutefois, le CO2 réagit avec l’eau de mer, entraînant ainsi l’acidification des océans.

Avant et après le blanchissement des coraux dans la Grande Barrière de corail.
The Ocean Agency/WL Catlin Seavi
Avant et après le blanchissement des coraux dans la Grande Barrière de corail.

Réchauffement des océans

Dans ces conditions, cela réduit à son tour sa capacité à absorber le CO2 de l’atmosphère. « L’acidification et la désoxygénation des océans se poursuivent et ont un impact sur les écosystèmes, la vie marine et les pêcheries », a précisé Mme Nullis.

L’océan absorbe également plus de 90% de l’excès de chaleur provenant des activités humaines. L’année 2019 a connu le contenu thermique océanique le plus élevé jamais enregistré, et cette tendance s’est probablement poursuivie en 2020. Du coup, le taux de réchauffement de l’océan au cours de la dernière décennie a augmenté.

Plus généralement, 80% de la zone océanique a connu au moins une vague de chaleur marine en 2020. L’acidification des océans et les vagues de chaleur marines affaiblissent également les récifs coralliens, qui protègent les côtes et constituent des écosystèmes marins vitaux. Au cours des 30 dernières années, il y a eu une perte de 25 à 50% du corail vivant dans le monde.