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Pour l’ONU, un meilleur développement rural passe par l’amélioration de la connectivité

La connectivité internet, dans des pays comme l'Inde, est indispensable pour surmonter la pandémie et assurer un développement rural inclusif
Photo : ONU/Chetan Soni
La connectivité internet, dans des pays comme l'Inde, est indispensable pour surmonter la pandémie et assurer un développement rural inclusif

Pour l’ONU, un meilleur développement rural passe par l’amélioration de la connectivité

Développement durable (ODD)

Les nouvelles technologies peuvent favoriser la création de meilleurs emplois et fournir aux populations rurales une qualité de vie égale à celle des zones urbaines, permettant à des millions de personnes de sortir de la pauvreté.

Grâce à de nouvelles approches, rendues possibles par l’amélioration de l’accessibilité et de la desserte Internet, quelque 3,4 milliards de personnes vivant en milieu rural pourront bénéficier d’une meilleure qualité de vie sans avoir à émigrer vers les villes. C’est ce qui ressort du Rapport social mondial 2021, intitulé « Une nouvelle approche du développement rural ».

La pandémie de Covid-19, couplée aux niveaux élevés de pauvreté et d’inégalité déjà persistants, menace d’entraver les progrès accomplis au profit des populations rurales du monde entier. Pourtant, la pandémie a également démontré que les nouvelles technologies peuvent permettre à ces populations de prospérer, comblant le fossé entre les zones rurales et les zones urbaines.

Pour l’ONU, les nouvelles technologies offrent des possibilités inédites en ce qui concerne le développement rural. « Il existe des solutions pour construire un avenir plus écologique, plus inclusif et plus résilient. L’expérience de la pandémie a révélé, entre autres, qu’une connexion Internet de haute qualité associée à des modalités de travail flexibles permet d’exercer en zone rurale de nombreux emplois traditionnellement assimilés aux zones urbaines », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.

L’essor des nouvelles technologies numériques offre une possibilité de combler l’écart entre les zones rurales et les zones urbaines en permettant aux populations rurales d’accéder au financement numérique, à des outils de précision capables d’améliorer le rendement des cultures agricoles ainsi qu’à des emplois pouvant être exercés à distance.

Environ 67% de la population des pays à faible revenu et 60% de la population des pays à revenu intermédiaire inférieur vivent en zone rurale. De plus, environ 80 % des personnes vivant sous le seuil de pauvreté international se trouvent en milieu rural, et près d’un cinquième de la population rurale vit dans l’extrême pauvreté (soit un taux quatre fois supérieur à celui de la population urbaine) et ne peut pas accéder aussi facilement que la population urbaine à l’éducation, aux soins de santé et à d’autres services essentiels. Aujourd’hui encore, les femmes, les personnes âgées et les populations autochtones des zones rurales sont victimes de discrimination en ce qui concerne les droits fonciers et l’emploi.

Les zones rurales abritent la majeure partie du capital naturel de la planète ; or, on assiste actuellement à l’épuisement et à la dégradation de ces ressources. La déforestation et les pratiques non durables de gestion des terres comptent parmi les principaux facteurs responsables des changements climatiques et de la propagation de zoonoses.

Le Rapport social mondial 2021 présente de nouvelles stratégies visant à garantir que les populations rurales, qui représentent près de la moitié de la population mondiale, ne soient pas laissées pour compte tandis que le monde redouble d’efforts pour stimuler l’économie, réduire les inégalités et lutter contre la crise climatique. Ce rapport plaide pour que les vies des personnes soient améliorées là où elles se trouvent afin de rehausser le niveau de vie en zone rurale.

Faire parvenir les avantages des zones urbaines aux zones rurales

Cette approche, dénommée « urbanisation in situ », consiste à faire en sorte que la population rurale puisse bénéficier du même niveau de vie que la population urbaine, tout en évitant les effets secondaires indésirables de l’urbanisation non durable.

Le rapport contient des exemples observés au Sri Lanka, au Japon et en Chine dans lesquels l’amélioration de l’accès à l’éducation et aux soins de santé, l’augmentation des investissements dans les infrastructures rurales et la réduction des disparités des revenus entre les zones rurales et les zones urbaines ont permis d’améliorer les conditions de vie des populations rurales. Il y est souligné qu’en Chine, en Inde et en Indonésie, bien que la pauvreté ait diminué dans les zones rurales entre les années 2000 et l’année 2015, les inégalités s’y sont accrues.

Pour stimuler les progrès sociaux en milieu rural, la lutte contre les inégalités doit s’accompagner d’efforts de réduction des niveaux de pauvreté. Il convient pour cela de mettre en place de nouvelles stratégies de réforme foncière, d’élargir la protection sociale et d’abroger les lois discriminatoires de manière à combattre concrètement les inégalités dont sont victimes les femmes, les populations autochtones et les autres groupes vulnérables des zones rurales.

Dégradation des terres et émergence de zoonoses

Comme l’indique le rapport, la transformation des habitats naturels en terres agricoles est responsable de 60 à 70% de la perte de biodiversité totale et le recul des zones forestières et sauvages est associé à la progression de zoonoses telles que la Covid-19.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) explique qu’environ 31% des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont directement liées à l’agriculture et aux changements d’affectation des terres. Il convient de déployer des stratégies pour accroître la résilience et réduire la vulnérabilité des moyens de subsistance des populations rurales face aux changements climatiques.

Le rapport recommande l’adoption de mesures pour élaborer des variétés végétales moins exigeantes sur le plan de l’utilisation des terres. Il promeut également les systèmes agricoles mixtes et plaide en faveur d’une transition vers l’économie circulaire.

Par ailleurs, il est estimé que le déficit hydrique avoisinera les 30% d’ici 2030 et que près de 95% des terres de la planète risquent d’être dégradées d’ici 2050 si les tendances actuelles du développement rural se poursuivent. Il est indispensable d’envisager des mesures promouvant l’utilisation durable des ressources ainsi que la sécurité alimentaire.

Stimuler le secteur agricole

Les pays dans lesquels vivent au moins 501 millions de travailleurs agricoles risquent de ne pas atteindre l’objectif de développement durable qui consiste à doubler la productivité agricole et les revenus des petits producteurs alimentaires d’ici 2030.

Le rapport reconnaît la nécessité de redoubler d’efforts pour stimuler la productivité agricole en améliorant les infrastructures, en utilisant des technologies adaptées, en proposant des incitations et en augmentant les investissements. Il importe en outre d’accorder la priorité à des modèles agricoles propres aux différents pays et aptes à soutenir les petits exploitants agricoles.

La diversification est tout aussi déterminante pour la transformation des zones rurales. Les nouvelles stratégies devraient prévoir le développement d’activités autres que les activités agricoles, ce qui pourrait constituer une source de revenu pour les jeunes, souligne l’ONU