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Biodiversité : les aires protégées couvrent une proportion croissante du globe mais elles doivent être améliorées (PNUE)

Un récif corallien en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Ocean Image Bank/Amanda Cotton
Un récif corallien en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Biodiversité : les aires protégées couvrent une proportion croissante du globe mais elles doivent être améliorées (PNUE)

Climat et environnement

La communauté internationale a fait d’importants progrès pour atteindre l'objectif mondial de couverture des aires protégées et conservées, mais la qualité de ces aires est loin d'avoir été respectée, selon un nouveau rapport conjoint du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et de ses partenaires, publié mercredi.

Le rapport intitulé « Planète Protégée » constitue le bilan final de « l'objectif 11 d'Aichi », consistant à protéger au moins 17% des terres et des eaux intérieures, ainsi que 10% du milieu marin, d'ici à 2020.

L’étude souligne que la couverture des aires protégées et conservées a augmenté de 42% depuis 2010. Elle signale que 16,64 % des écosystèmes terrestres et d'eaux intérieures (22,5 millions de km2) et 7,74 % des eaux côtières et d'océans (28,1 millions de km2 ) se trouvent dans des zones protégées et conservées documentées.

Toutefois, la couverture des aires protégées terrestres dépassera considérablement l'objectif de 17 %, une fois que l’ensemble des données aura été enregistré.

Au-delà de la quantité, la qualité

« Les aires protégées et conservées jouent un rôle crucial dans la lutte contre la perte de biodiversité », a expliqué le Directeur du Centre mondial de surveillance pour la conservation de la nature du PNUE (PNUE-WCMC), Neville Ash, lors de la présentation du rapport.

Soulignant les « grands progrès » réalisés ces dernières années pour renforcer le réseau mondial d'aires protégées et conservées, M. Ash a toutefois a souligné qu’il ne suffit pas de « désigner et de comptabiliser davantage d'aires protégées et conservées ». « Elles doivent être gérées efficacement et gouvernées de manière équitable pour qu'elles puissent fournir les nombreux avantages à l'échelle locale et mondiale et qu'elles assurent un avenir meilleur aux populations et à la planète », a-t-il précisé.

Le défi consiste ainsi désormais à « améliorer la qualité des aires existantes et à venir afin d'obtenir des changements positifs pour les personnes et la nature, la biodiversité continuant de décliner, même au sein de nombreuses aires protégées », selon le rapport.  

Protéger et relier les aires

Pour être efficaces, les zones protégées et conservées doivent inclure des lieux importants pour la biodiversité. Pourtant, indique le rapport, un tiers des zones clés pour la biodiversité, qu'elles se trouvent sur terre, dans les eaux intérieures ou dans les océans, ne bénéficient d’aucune protection. 

Les zones protégées et conservées doivent également être mieux reliées entre elles, afin de permettre aux espèces de se déplacer et aux processus écologiques de fonctionner. 

Malgré les améliorations récentes, moins de 8% des terres sont à la fois protégées et reliées entre elles, ce qui est bien inférieur aux près de 17% de la superficie terrestre aujourd'hui protégée. Il est donc nécessaire de veiller à ce que les zones environnantes soient gérées de manière adéquate afin de maintenir les valeurs de la biodiversité, fait valoir le bilan.

Tenir compte des gardiens des zones protégées

Outre la désignation de nouvelles zones, le rapport exhorte que les zones protégées et conservées existantes soient « identifiées et reconnues, en tenant compte des efforts des populations autochtones, des communautés locales et des entités privées, tout en reconnaissant leurs droits et responsabilités ». 

Les efforts de conservation de ces gardiens restent sous-évalués et sous-déclarés, alors que leurs contributions sont considérables pour assurer un avenir à la nature.

Le rapport indique également qu'il faut prendre davantage de mesures pour gérer les zones protégées et conservées de manière équitable, afin que les coûts de la conservation ne soient pas supportés par les populations locales alors que d'autres en profitent. Il s'agit là d'un élément essentiel pour mettre en place des réseaux de conservation bénéficiant du soutien et de la participation des populations du monde entier. 

La protection et la restauration de la nature sont interdépendantes

Selon le PNUE, en protégeant les zones intactes et en restaurant les écosystèmes dégradés, les pays peuvent créer un réseau pour la nature qui contribuera à stopper et à inverser la perte de biodiversité, à maintenir les services écosystémiques essentiels, à aider la société à affronter et à s'adapter au changement climatique et à réduire le risque de futures pandémies. 

Gérées efficacement, les zones protégées et conservées peuvent contribuer à prévenir toute nouvelle dégradation des écosystèmes et consolider les progrès réalisés dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, qui sera officiellement lancée le 5 juin, à l’occasion de la Journée mondiale de l'environnement 2021. 

Dans de nombreux cas, les zones en cours de restauration seront elles-mêmes susceptibles d'être ajoutées au réseau d'aires protégées et conservées, afin de garantir que les avantages de la restauration soient durables.

Le PNUE signale que l'efficacité et l'équité sont cruciales pour l'après-2020.

Le cadre mondial de la biodiversité pour l'après-2020 doit être approuvé lors de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15 de la CDB) qui se tiendra à Kunming (Chine) en octobre et devrait comprendre la volonté d'accroître la couverture et l'efficacité des aires protégées et conservées.