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Niger : plus de 11.000 personnes déplacées en 48 heures par des attaques récurrentes contre les civils (ONU)

La violence croissante au Nigéria entraîne des déplacements de population vers le Niger
©HCR/Selim Meddeb Hamrouni
La violence croissante au Nigéria entraîne des déplacements de population vers le Niger

Niger : plus de 11.000 personnes déplacées en 48 heures par des attaques récurrentes contre les civils (ONU)

Aide humanitaire

Des attaques répétées contre les civils ont poussé plus de 11.000 personnes à fuir leurs villages en 48 heures dans l’ouest du Niger, a alerté, mardi, le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).

« Selon les acteurs de la protection, et les acteurs étatiques, 11.000 personnes, soit 1.624 ménages, ont trouvé refuge entre le 14 et le 15 mai dans la capitale régionale de Tillabéry, la localité de Namari Gougou et la commune rurale de Sarkoira », indique le dernier rapport d’OCHA au Niger. L’agence onusienne indique que les déplacements se poursuivent et que des « déplacés se dirigent vers Niamey, la capitale nigérienne, mais leur nombre n’est pas encore déterminé ».

Selon OCHA, les habitants déplacés viennent des villages de Zibane-Koira Zéno, Zibane Koira-Tégui, Kofouno et Gadabo, situés dans l’Anzourou, une zone composée de 24 villages, qui fait partie de l’immense région de Tillabéry. 

Ces personnes déplacées de force sont arrivées par camions ou par charrettes dans la ville de Tillabéry où de nombreux ménages ont été installés à l’Arène de lutte traditionnelle et à la maison des jeunes. « D’autres sont visibles aux abords de la route à quelques kilomètres du centre de Tillabéry », a précisé l’OCHA.

L’insécurité qui sévit dans la région de Tillabéry et plus particulièrement dans la zone dite « des trois frontières » entre Niger, Mali et Burkina Faso, engendre de nombreux déplacements forcés de la population. Depuis le début du mois de mai, « plus de 100 civils ont été tués dans les villages de Intoussane (Banibangou) et dans l’Anzourou ».

Plus de 100.000 déplacés dans la région de Tillabéry depuis le début de l’année

Ce récent « déplacement massif » de population a été déclenché par « les attaques récurrentes » contre les civils ». A ce sujet, l’OCHA, cite des « assassinats, les violences basées sur le genre, les viols, les extorsions de biens et les vols de bétail, perpétrés par les éléments présumés de groupes armés non étatiques (GANE), opérant le long de la frontière avec le Mali ». « Un ultimatum de trois jours pour vider les villages d’Anzourou avait été lancé par ces bandits armés, la fin de la semaine », a fait valoir l’agence onusienne.

Face à cet afflux de déplacés internes dans la ville de Tillabéry et dans le village de Namari Goungou, les autorités et une ONG leur ont distribué des vivres et 100 kits de lutte contre la Covid-19. Ils ont également reçu 30 tonnes de vivres. Le réseau des femmes de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a distribué 850 sacs de riz (25 kilogrammes), 150 sacs de mil (25 kilogrammes) et 100 bidons d’huile.

Mais ces déplacés internes ont encore besoin de latrines, d’eau, de vivres, d’abris, de couvertures, d’habits et de médicaments. Pour éviter les risques d’inondation, le site qui accueillera les déplacés doit être aménagé, relève l’OCHA.

Selon les Nations Unies, les violences ont déjà contraint plus de 102.000 personnes à fuir leurs villages dans la région de Tillabéry depuis le début de l’année. « A la date du 14 mai 2021, il s’agit exactement de 14.512 ménages », a conclu l’OCHA, précisant toutefois que « ces chiffres n’incluent pas les récents déplacements et les déplacés dans les zones difficiles d’accès ».