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Covid-19 : la pandémie est loin d’être terminée, selon l’OMS

Un jeune garçon portant un masque alors qu'il marche dans Mathare, un quartier informel de Nairobi, au Kenya.
© UNICEF/Alissa Everett
Un jeune garçon portant un masque alors qu'il marche dans Mathare, un quartier informel de Nairobi, au Kenya.

Covid-19 : la pandémie est loin d’être terminée, selon l’OMS

Santé

En dépit d’une baisse mondiale des cas et des décès pour la deuxième semaine consécutive, la pandémie du nouveau coronavirus est loin d’être terminée dans le monde, a averti lundi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Dans un certain nombre de pays, la situation continue d’être très préoccupante », a mis en garde le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. Selon lui, la pandémie de Covid-19 est loin d’être terminée « et elle ne sera finie nulle part tant qu’elle ne sera pas terminée partout ».

Mais la situation épidémique diffère d’une région ou d’un pays à un autre. A ce sujet, l’OMS rappelle « l’énorme fossé qui se creuse ». « Dans certains pays où les taux de vaccination sont les plus élevés, on semble penser que la pandémie est terminée, alors que d’autres connaissent d’énormes vagues d’infection », a détaillé le Dr Tedros.

Même certains pays qui avaient réussi à contenir la maladie voient « une augmentation spectaculaire des cas, des hospitalisations et des décès ».  « De nouvelles variantes préoccupantes, des systèmes de santé fragiles, une faible exécution des mesures de santé publique et des pénuries d’oxygène, de dexaméthasone et de vaccins aggravent la situation actuelle », a ajouté le chef de l’OMS.

Plus de 162 millions de cas dont 3,36 millions de morts dans le monde

Malgré ces situations inquiétantes, des solutions existent. Dans les pays signalant une hausse des contaminations, l’agence onusienne estime que c’est le moment de revenir à certains fondamentaux. Il s’agit de s’assurer que les gens respectent les mesures de santé publique, notamment la distanciation physique, le port de masques et la prévention des grands rassemblements.

« Même là où les cas de Covid-19 ont chuté, le séquençage génétique est essentiel pour que les variantes puissent être suivies et que les mesures ne soient pas allégées prématurément », a-t-il fait remarquer.

Plus largement, le coronavirus continue de se propager dans le monde, avec 162.177.376 cas confirmés enregistrés depuis le début de l’épidémie. Selon un décompte établi lundi par l’OMS, la pandémie de Covid-19 a déjà fait près de 3,36 millions de morts dans le monde. 

Avec 579.664 morts recensées officiellement, les Etats-Unis restent le pays le plus touché. Suivent le Brésil avec 432.628 morts, l’Inde avec 270.284 décès, le Mexique avec 220.159 morts et le Royaume-Uni avec 127.675 morts.  

Un agent de santé tient un flacon de vaccin Covid-19 dans un hôpital de New Delhi, en Inde.
© UNICEF/Sujay Reddy
Un agent de santé tient un flacon de vaccin Covid-19 dans un hôpital de New Delhi, en Inde.

Un déficit de 190 millions de doses de vaccins pour COVAX à la fin du mois de juin

Par ailleurs, un total de 1.264.164.553 doses de vaccin ont été administrées dans le monde. Selon une étude diligentée par Covax, le système mondial d’équité vaccinale, un tiers des populations des pays riches ont déjà eu au moins une première dose alors que pour les pays en développement, cela représente seulement 0,2%.

C’est dans ce contexte que l’UNICEF a pressé le G7 et l’Union Européenne de donner plus de 150 millions de doses à Covax. S’ils partageaient seulement 20% des stocks de vaccins anti-Covid-19 à leur disposition en juin, juillet et août, les sept pays les plus riches du monde et des membres de l’Union européenne seraient en mesure de donner plus de 150 millions de doses au système international Covax, sans que cela leur porte préjudice, a affirmé l’agence onusienne. 

Lors de cette conférence de presse à Genève, l’OMS a donc réitéré la déclaration publiée par l’UNICEF qui souligne l’énorme déficit d’approvisionnement en vaccins pour COVAX. « La recrudescence des cas a compromis l’approvisionnement mondial en vaccins et il y a déjà un déficit de 190 millions de doses pour le COVAX à la fin du mois de juin », a souligné le Dr Tedros, précisant que le dispositif COVAX a expédié plus de 67 millions de vaccins à 124 pays.

Les pays riches doivent partager leurs sérums

« Nous avons besoin que les pays riches qui ont contracté une grande partie de l’approvisionnement mondial en vaccins les partagent maintenant », a-t-il ajouté, appelant également l’industrie pharmaceutique « à s’engager publiquement à aider tout pays qui souhaite partager ses vaccins avec COVAX à lever les barrières contractuelles dans les jours qui suivent ». 

Dans cette course contre la montre, l’OMS souhaite que les fabricants donnent le droit de premier refus à COVAX sur toute capacité de dose supplémentaire. « Et nous avons besoin que les grands fabricants de vaccins concluent des accords avec des sociétés comme Teva, Incepta, Biolyse et d’autres qui souhaitent utiliser leurs installations pour produire des vaccins anti-Covid19 », a-t-il prôné. 

Plus largement, si elle apprécie le travail d’Astra Zeneca qui a régulièrement augmenté la vitesse et le volume de ses livraisons, l’OMS a besoin que « d’autres fabricants suivent le mouvement ».  A cet égard, l’agence onusienne a rappelé les engagements de Pfizer sur la fourniture de 40 millions de doses de vaccins cette année, même si la majorité d’entre elles le seraient au second semestre 2021. 

L’Appel de l’OMS à l’industrie pharmaceutique 

En outre, les partenaires de COVAX sont en discussion avec Johnson & Johnson pour recevoir des doses au second semestre 2021 mais cela n’a pas été finalisé. Et l’OMS ne sait pas quand ces sérums arriveront.

Nous avons besoin de doses dès maintenant et nous leur demandons d’avancer les livraisons dès que possible.

Moderna a aussi signé un accord pour 500 millions de doses avec COVAX, mais la majorité a été promise seulement pour 2022. « Nous avons besoin des sérums de Moderna pour avancer des centaines de millions de ces doses en 2021 en raison du moment crucial de cette pandémie », a insisté le Dr Tedros. 

« Une fois que l’épidémie dévastatrice en Inde se sera calmée, il faudra aussi que le Serum Institute of India se remette sur les rails et rattrape ses engagements en matière de livraison pour COVAX », a-t-il relevé, ajoutant que la communauté internationale doit « collectivement fixer des objectifs ambitieux pour au moins vacciner la population adulte mondiale aussi rapidement que possible ». 

« Personne n’est en sécurité tant que nous ne le sommes pas tous », a conclu le chef de l’OMS.