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L’ONU appelle à soutenir la transition au Soudan lors d’une conférence à Paris

Des manifestants dans les rues de la capitale soudanaise, Khartoum en avril 2019.
ONU Soudan/Ayman Suliman
Des manifestants dans les rues de la capitale soudanaise, Khartoum en avril 2019.

L’ONU appelle à soutenir la transition au Soudan lors d’une conférence à Paris

Paix et sécurité

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé lundi la communauté internationale à aider le Soudan à consolider sa transition démocratique, à reconstruire son économie et à offrir une paix et un développement durable à sa population, lors d’une conférence organisée à Paris, en France.

Dans un message vidéo adressé aux participants de la conférence, le chef de l’ONU a félicité le gouvernement soudanais « d’avoir entrepris des réformes économiques difficiles ». « Celles-ci marquent des jalons majeurs sur la voie de la résilience et du progrès du pays », a-t-il ajouté.

Il a félicité également le gouvernement pour « les efforts qu’il déploie pour rétablir la paix avec les signataires et non signataires de l’Accord de paix de Juba et sa détermination à instaurer l’Etat de droit, à élargir l’espace civique et à assurer l’inclusion de tous ses citoyens ».

Selon le Secrétaire général, un appui généreux des donateurs permettra au Soudan d’alléger sa dette dans le cadre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés. Il a félicité les pays qui ont aidé le Soudan à régler ses arriérés auprès des institutions financières internationales.

« Si l'assistance financière et les investissements ne sont pas disponibles, la situation économique toujours désastreuse pourrait gravement affecter la transition du Soudan, avec des conséquences négatives pour la paix et la stabilité dans le pays, la région et au-delà », a-t-il estimé.

Besoin d’investissements

Deux ans après la chute du régime d’Omar al-Bachir, « le Soudan a besoin d'investissements et d'un engagement soutenu pour la reconstruction, y compris de la part du secteur privé », a ajouté le chef de l’ONU, notant que le pays est de nouveau éligible au financement des institutions financières internationales.

Le Soudan est en effet désormais libéré des sanctions américaines qui le tenaient à l’écart des marchés financiers. Les Etats-Unis avaient inscrit le Soudan en1993 sur la « liste des Etats soutenant le terrorisme », notamment pour avoir accueilli le dirigeant d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden.

En décembre 2020, le gouvernement américain a retiré le pays de cette liste synonyme de sanctions économiques et d’entrave aux investissements étrangers.

Le pays a entamé une transition politique issue d’un « partenariat » entre civils et militaires et censée aboutir à des élections à l’horizon 2024. Mais le pays est confronté au poids écrasant d’une dette estimée à plus de 60 milliards de dollars et la série de réformes économiques menées par les autorités soudanaises est mal perçue par la société civile.

Coopération avec l’UNESCO sur la liberté de la presse

De son côté, la Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Audrey Azoulay, a convenu, lundi, lors d’une rencontre en amont de la conférence internationale avec le Premier ministre du Soudan, Abdalla Hamdok, de renforcer la coopération entre l’UNESCO et le Soudan sur la liberté de la presse et le développement des médias.

« La liberté de la presse est une pierre angulaire de toute société démocratique et un moteur essentiel de la transition démocratique au Soudan. L'UNESCO s'engage à apporter son expertise et ses conseils pour un environnement de presse sûr. En travaillant étroitement avec le Soudan depuis 2019, nous avons élaboré une Feuille de route pour la réforme des médias qui sera mise en œuvre au cours des trois prochaines années et nous sommes prêts à intensifier nos efforts », a déclaré Mme Azoulay.

En septembre 2019, lors de l'événement de l'Assemblée générale des Nations Unies consacré à la liberté des médias, le Premier ministre du Soudan a demandé le soutien de l'UNESCO pour réformer le secteur de la presse dans le cadre du processus de transition.

En réponse, l'UNESCO a lancé une première évaluation de l'architecture médiatique du pays. En septembre 2020, les résultats de ces consultations ont été synthétisés et publiés sous la forme d'une Feuille de route pour la réforme des médias.

La prochaine étape de la coopération de l'UNESCO avec le Soudan dans ce domaine consistera à mettre en œuvre la Feuille de route au cours des trois prochaines années. Conformément à celle-ci, les domaines à renforcer concernent quatre grands volets : la réforme législative, le renforcement des institutions, la formation et l'emploi des professionnels des médias, et l'investissement dans les infrastructures techniques.

L'UNESCO, qui encourage la participation des femmes dans les médias, a soutenu la formation à la sécurité de plus de 250 femmes journalistes. L'UNESCO a également formé des agents de sécurité sur la liberté d'expression et la sécurité des journalistes.