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Covid-19 : le variant indien présent dans 44 pays et dans toutes les régions du monde (OMS)

De l'équipement donné par l'UNICEF stimulera les tests de détection de la Covid-19 à New Delhi, en Inde.
© UNICEF Inde
De l'équipement donné par l'UNICEF stimulera les tests de détection de la Covid-19 à New Delhi, en Inde.

Covid-19 : le variant indien présent dans 44 pays et dans toutes les régions du monde (OMS)

Santé

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a désormais classé le variant indien de la Covid-19 (B.1.617) dans la catégorie des « variants préoccupants » au même titre que les variants britannique, sud-africain et brésilien.

Selon le dernier bulletin épidémiologique (11 mai) de l’OMS consacré à la Covid-19, le variant indien a été détecté dans 44 pays (cinq pays de plus en une semaine) et dans les six régions sanitaires du monde définies par l’agence onusienne. Ce chiffre est le résultat de l’enregistrement de plus de 4.500 séquences dans le GISAID, une plateforme mondiale de partage des données relatives aux virus.

Apparu pour la première fois en Inde en octobre 2020, le variant B.1.617, semble avoir des taux de transmission plus élevés, y compris des hausse rapides observées de la prévalence dans plusieurs pays.

Selon une récente évaluation des risques en Inde réalisée par l’OMS, plusieurs facteurs potentiels pourraient expliquer la résurgence et l’accélération de la transmission de la Covid-19 dans le pays d’Asie du Sud.

Outre une augmentation de la proportion de cas de variants de la Covid-19 potentiellement plus transmissibles, l’agence onusienne note que plusieurs rassemblements religieux et politiques de masse ont sûrement accru la mixité sociale et a fait état de la sous-utilisation et de la moindre adhésion aux mesures sanitaires et sociales publiques. « Les contributions exactes de chacun de ces facteurs à l’augmentation de la transmission en Inde ne sont pas bien comprises », a toutefois reconnu l’OMS.

Près de 23 millions de cas dont environ 250.000 morts en Inde

L’Inde est le pays qui continue de recenser le plus grand nombre de nouvelles infections à la Covid-19 dans le monde. La semaine dernière (3 au 9 mai), le pays a enregistré plus de 2,7 millions de nouvelles infections, soit une hausse de 5,45% par rapport à la semaine précédente (26 avril au 2 mai).

A la date du 11 mai, l’Inde a signalé 22.992.517 cas confirmés de Covid-19 dont 249.992 décès à l’OMS. A la date du 4 mai 2021, plus de 160,4 millions doses de vaccin ont été administrées dans le pays d’Asie du Sud.

Entre l’identification du variant indien en octobre et la fin avril 2021, trois mutations ont été repérées (dénommées B.1.617.1, B.1.617.2 et B.1.617.2). Les mutations B.1.617.1 et B.1.617.2 représentaient respectivement 21% et 7% des échantillons séquencés en Inde. Mais l’OMS estime qu’il faut relativiser ces données car seulement environ 0,1% des échantillons positifs en Inde ont été séquencés et enregistrés sur la plateforme GISAID.

En dehors de l’Inde, le Royaume-Uni est le pays qui a signalé le plus grand nombre de cas dont le séquençage correspond aux mutations du variant indien. Londres a récemment désigné la mutation B.1.617.2 comme « variant national préoccupant ».

Une réduction potentielle de l’efficacité du Bamlanivimab, un anticorps monoclonal

Les analyses préliminaires menées par l’OMS à partir des séquences soumises à la plateforme GISAID suggèrent que les mutations B.1.617.1 et B.1.617.2 du variant indien ont un taux de croissance sensiblement plus élevé que les autres variants en circulation en Inde, ce qui laisse supposer une hausse potentielle de leurs transmissibilités par rapport à ces derniers.

Concernant la mutation B.1.617.3 du variant indien, trop peu de séquences de ont été détectées à ce jour pour évaluer sa transmissibilité relative, précise l’OMS, ajoutant que d’autres études suggèrent que le nombre de cas de Covid-19 a augmenté plus rapidement pendant la vague la plus récente, lorsque les variants britannique et indien circulaient, par rapport à la première vague (juin à octobre 2020).

Par ailleurs, des études préliminaires suggèrent une réduction potentielle de l’efficacité du Bamlanivimab, un anticorps monoclonal utilisé pour le traitement de la Covid-19. Elles font état aussi d’une sensibilité potentiellement légèrement réduite aux anticorps de neutralisation.

Des questions sur l’efficacité des vaccins contre le variant indien

Plus généralement, l’OMS estime que les impacts potentiels du variant indien sur l’efficacité des vaccins ou des thérapeutiques, ou les risques de réinfection, restent incertains. Toutefois, une étude a révélé une réduction de sept fois l’efficacité de la neutralisation contre la mutation B.1.617.1 des anticorps générés par la vaccination avec les vaccins Moderna -mRNA-1273 et Pfizer BioNTech-Comirnaty.

Une deuxième étude a également révélé une réduction de la neutralisation contre le virus porteur de la mutation E484Q (contenue dans le B.1.617.1 et le B.1.617.3) pour le vaccin Pfizer BioNTech-Comirnaty, similaire à celle constatée avec la mutation E484K.

Une troisième étude portant sur un échantillon limité de sérums de convalescence de cas de Covid-19 (n=17) et de sérums de personnes ayant reçu le vaccin Bharat-Covaxin (n=23) a conclu que la plupart des activités de neutralisation contre le variant indien (B.1.617) étaient conservées. Une quatrième étude a suggéré une diminution d’environ trois fois de l’activité de neutralisation contre le B.1.617 par le plasma des receveurs du vaccin Pfizer BioNTech -Comirnaty (n=15), et une baisse limitée à deux fois par les sérums de convalescents de cas de Covid-19 sévères (n=15).

Le variant britannique présent dans 149 pays et territoires

Alors qu’il avait jusqu’alors le statut de « variant d’intérêt » (VOI), le variant indien a été classé pour la première fois comme « variant préoccupant » par l’OMS, rejoignant ainsi les trois autres variants apparus d’abord au Royaume-Uni, au Brésil et en Afrique du Sud.

Cette nouvelle classification du variant indien intervient alors que les activités de surveillance visant à détecter les variants sont renforcées aux niveaux local et national, notamment par le séquençage génomique stratégique. Dans ces conditions, le nombre de pays et territoires signalant d’autres variants préoccupants (COV) ou d’intérêt (VOI) n’a cessé d’augmenter.

Le variant britannique (COV 202012/01) est désormais présent dans 149 pays (sept de plus en une semaine), le sud-africain (501Y.V2) dans 102 pays (cinq de plus) et le brésilien dans 60 pays (quatre de plus).