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Deux agences de santé de l’ONU confrontées à d’importantes coupes budgétaires du Royaume-Uni

Des bébés dans une unité néonatale intensive d'un hôpital de Kampala,en Ouganda, qui a été rénové avec le soutien de l'UNFPA.
UNICEF/Catherine Ntabadde
Des bébés dans une unité néonatale intensive d'un hôpital de Kampala,en Ouganda, qui a été rénové avec le soutien de l'UNFPA.

Deux agences de santé de l’ONU confrontées à d’importantes coupes budgétaires du Royaume-Uni

Santé

Le gouvernement britannique compte réduire de façon conséquente ses contributions budgétaires à l’Agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive (UNFPA) et au Programme conjoint des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA). Les deux entités onusiennes ont indiqué que ces coupes budgétaires auront des conséquences sur la mise en œuvre de leurs mandats respectifs. 

 

En 48 heures, deux agences des Nations Unies dédiées à la santé ont appris que leurs financements pour 2021 seront réduits en raison d’importantes coupes budgétaires  du Royaume-Uni.

Londres a annoncé son intention de réduire d'environ 85% sa contribution à UNFPA Supplies, le programme phare de cette agence onusienne pour la planification familiale. Si cette coupe budgétaire est mise en œuvre, l’UNFPA ne recevrait que 32 millions de dollars au lieu des 211 millions de dollars annoncés pour 2021 par le Royaume-Uni. En outre, 17 millions de dollars promis par les Britanniques seront retirés du budget de fonctionnement principal de l’agence. Il s’agit d’« un retrait par rapport aux engagements convenus pris envers le programme en 2020 », a déploré la Dre Natalia Kanem, Directrice exécutive de l’UNFPA, dans un communiqué publié mercredi.

Le Royaume-Uni a également annoncé une réduction de 80% de sa contribution financière à ONUSIDA, la contribution britannique à cette dernière passant à 3,5 millions de dollars pour 2021 contre 21 millions de dollars reçus en 2020. « Cette réduction de 17,5 millions de dollars est significative », a souligné l’ONUSIDA dans une déclaration de presse publiée jeudi.

Ces coupes seront dévastatrices pour les femmes et les filles et leurs familles à travers le monde - Dre Natalia Kanem, Directrice exécutive de l’UNFPA

« Ces coupes seront dévastatrices pour les femmes et les filles et leurs familles à travers le monde », a prévenu la Dre Kanem. Les 180 millions de dollars que Londres a décidé de ne pas verser à UNFPA Supplies aurait aidé à prévenir environ 250.000 décès maternels et infantiles, 14,6 millions de grossesses non désirées et 4,3 millions d'avortements à risque.

La coupe budgétaire britannique à l’ONUSIDA a également des conséquences concrètes. La fourniture de services de prévention et de traitement du VIH qui sauvent des vies partout dans le monde sera affectée, tout comme l'autonomisation des jeunes femmes et des adolescentes et leur accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs dans le monde, et en Afrique en particulier. Cette coupe budgétaire aura également un impact sur le soutien qu’apporte l’ONUSIDA au respect des droits humains de certaines des personnes les plus marginalisées, notamment les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, queer et intersexuées dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. « Cela réduit la sécurité sanitaire mondiale », a résumé l’entité onusienne. 

Cela réduit la sécurité sanitaire mondiale - ONUSIDA

L’UNFPA et l’ONUSIDA reconnaissent la situation difficile à laquelle sont confrontés de nombreux gouvernements donateurs. Les deux agences onusiennes regrettent toutefois profondément la décision du Royaume-Uni, « un partenaire et défenseur de longue date », de réduire ses contributions financières à leurs budgets.

« La vérité est que lorsque le financement s'arrête, les femmes et les filles souffrent, en particulier les pauvres, celles qui vivent dans des communautés éloignées et mal desservies et celles qui vivent des crises humanitaires », a rappelé la Dre Kanem.

Les deux agences onusiennes ont indiqué qu’elles évalueront la portée et l'impact de la contribution financière britannique à leurs budgets respectifs et qu’elles formuleront « activement des stratégies d'atténuation ».

« Les besoins des femmes et des filles et leur droit à des contraceptifs modernes n’ont pas changé, et l’UNFPA reste résolue et dévouée à son mandat », a assuré la Dre Kanem qui compte sur l’appui continu de la communauté internationale et appelle « tous les partenaires et alliés » de son agence à assurer la continuité de ses programmes. 

L'ONUSIDA a assuré, pour sa part, qu’il continuera de travailler avec le Royaume-Uni et ses partenaires pour explorer les moyens d'assurer la continuité et la prévisibilité du financement de ses programmes. L'objectif pour l'agence onusienne est « de maintenir les gains durement acquis dans la lutte contre le VIH et de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030 ».

« Le Royaume-Uni a été un chef de file dans la lutte contre le sida. Il a appelé à ce que le G7 se concentre sur la lutte contre les pandémies et mobilise le monde pour l'éducation et l'autonomisation des filles », a rappelé l’ONUSIDA qui se veut optimiste : « Nous espérons que le Royaume-Uni, qui a accordé une notation ‘A’ à l'ONUSIDA pour ses résultats, décidera de compléter sa contribution actuelle pour 2021 ».