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Myanmar : la coopération de l’ONU avec l’ASEAN est cruciale pour aider à mettre fin à la répression, selon Guterres

Des personnes à Yangon lors d'une veillée défiant le couvre-feu (photo d'archives).
Unsplash/Zinko Hein
Des personnes à Yangon lors d'une veillée défiant le couvre-feu (photo d'archives).

Myanmar : la coopération de l’ONU avec l’ASEAN est cruciale pour aider à mettre fin à la répression, selon Guterres

Paix et sécurité

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a estimé, lundi, lors d’un débat au Conseil de sécurité, que la coopération entre les Nations Unies et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) était cruciale pour aider à mettre fin à la répression au Myanmar.

« Aujourd’hui, le rôle de l’ASEAN est plus crucial que jamais alors que la région est confrontée à une crise urgente au Myanmar. J'ai appelé à plusieurs reprises la communauté internationale à œuvrer, collectivement et par des voies bilatérales, pour aider à mettre fin à la violence et à la répression par les militaires », a dit le chef de l’ONU lors de ce débat sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales organisé par la Présidence du Conseil de sécurité, occupée par le Vietnam au mois d’avril.

« La coopération des Nations Unies avec l’ASEAN à cet égard est vitale. La situation exige une réponse internationale solide fondée sur un effort régional unifié », a ajouté M. Guterres, qui a exhorté les acteurs régionaux à tirer parti de leur influence pour empêcher une nouvelle détérioration et « trouver une issue pacifique à cette catastrophe ».

L’Envoyée spéciale du Secrétaire général pour le Myanmar, Christine Schraner Burgener, est actuellement dans la région. « Elle est prête à reprendre le dialogue avec l'armée et les autres acteurs et à contribuer au retour du Myanmar sur la voie démocratique, à la paix et à la stabilité », a dit M. Guterres.

Ban Ki-moon réclame des mesures immédiates pour restaurer la démocratie au Myanmar

Le prédécesseur de M. Guterres au poste de Secrétaire général, Ban Ki-moon, est également intervenu lors du débat. 

Selon lui, l'aggravation de la situation au Myanmar représente « un moment charnière pour montrer l'utilité de la coopération entre l'ONU et ses partenaires régionaux pour maintenir la paix et la sécurité et sauver des vies humaines ».

« Pour faire face à la situation au Myanmar, une approche efficace et régionale exige à la fois unité et action. Mais, jusqu'à présent, l'ASEAN a été divisée dans sa réponse à la situation au Myanmar. Le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’États souverains ne doit pas être invoqué pour justifier l’inaction face à de graves violations des droits de l’homme », a-t-il ajouté.

D’après l’ancien Secrétaire général de l’ONU, « l'ASEAN doit faire comprendre à l'armée du Myanmar que la situation actuelle est si grave qu'elle ne peut être considérée uniquement comme une question interne ». Il a exhorté les dirigeants de l’ASEAN à prendre des mesures immédiates et concertées à leur sommet spécial sur le Myanmar qui se tiendra cette semaine. 

Ban Ki-moon a également jugé crucial que le Conseil de sécurité de l’ONU aille au-delà des déclarations et passe à l’action collective. « Le Conseil de sécurité de l'ONU ne peut négliger son obligation fondamentale d'empêcher une situation de se détériorer, dans laquelle tant d'innocents sont tués », a-t-il dit. Il a demandé instamment au Conseil de prendre des mesures immédiates pour mettre fin à la violence et aux effusions de sang et lancer un processus de restauration de la paix et de la démocratie au Myanmar.

Compte tenu de la gravité et de l'urgence de la situation, il a également estimé que le Secrétaire général lui-même devrait utiliser ses bons offices pour dialoguer directement avec l'armée du Myanmar, afin d'éviter une escalade de la violence.

Des résultats concrets en Bosnie, au Mali, en Libye

De manière générale, s’agissant de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, le Secrétaire général António Guterres a estimé que les efforts pour institutionnaliser cette coopération se sont traduits par des résultats concrets, citant notamment le cas de la Bosnie-Herzégovine, où l’ONU collabore avec l’Union européenne, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Conseil de l’Europe pour soutenir les efforts locaux visant à faire progresser le dialogue, l’instauration de la confiance et la réconciliation.

« Au Soudan, les Nations Unies ont aidé l'Union africaine et l'Éthiopie à faciliter les négociations qui ont abouti à la mise en place d'un gouvernement de transition dirigé par des civils, dans lequel les femmes et les jeunes jouent un rôle de premier plan », a noté le chef de l’ONU.

Il a aussi cité le Mali, où à la suite d'un coup d'État militaire, les Nations Unies et l'Union africaine ont soutenu les efforts menés par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en vue de la formation d'un gouvernement de transition en septembre 2020. « Depuis, nous travaillons en étroite collaboration avec les parties prenantes maliennes pour soutenir la mise en œuvre de la feuille de route et du plan d'action de transition », a souligné le Secrétaire général.

Il a également mentionné l’étroite collaboration de l’ONU avec l'Union africaine, la Ligue des États arabes et l'Union européenne pour soutenir le processus de dialogue et de transition dirigé en Libye. « Nous travaillons ensemble pour appuyer la mise en œuvre du cessez-le-feu et nous coopérons étroitement avec l’Union africaine dans le cadre de l’initiative de l’Union africaine visant à aider les autorités libyennes à promouvoir la réconciliation nationale », a-t-il dit.

« Ces exemples montrent que notre capacité à travailler ensemble et à tirer parti de nos complémentarités nous permet de soutenir plus efficacement les États membres dans la gestion de transitions politiques complexes et dans la recherche de solutions durables aux défis politiques », a souligné le chef de l’ONU.

Dans une déclaration de la Présidence du Conseil adoptée par les 15 membres, le Conseil de sécurité considère pour sa part que les organisations régionales et sous-régionales « sont bien placées pour promouvoir la confiance et le dialogue entre les parties concernées dans leurs régions respectives ».

Il reconnaît à cet égard qu’il est « souhaitable de resserrer encore et de mieux concrétiser la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et ces organisations dans les domaines de l’alerte rapide en cas de conflit, de la prévention des conflits ainsi que de l’établissement, du maintien et de la consolidation de la paix, et de renforcer la cohérence, la synergie et l’efficacité collective de leurs efforts ».

Le Conseil de sécurité salue les efforts que fait le Secrétariat de l’ONU pour contribuer à la consolidation des partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales et il encourage le Secrétariat et les organisations régionales et sous-régionales « à continuer de réfléchir à des formules d’échanges d’informations sur leurs capacités respectives, sur les pratiques optimales et sur les enseignements tirés de leurs activités de maintien de la paix et de la sécurité internationales, et à continuer de recenser les pratiques optimales, en particulier en matière de médiation, de bons offices et de maintien de la paix ».