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« Pour combattre le racisme, nous devons être délibérément antiracistes » - Guterres

La Covid-19 a mis en évidence une discrimination raciale très répandue
Photo : Unsplash/Thomas de Luze
La Covid-19 a mis en évidence une discrimination raciale très répandue

« Pour combattre le racisme, nous devons être délibérément antiracistes » - Guterres

Droits de l'homme

Les Nations Unies ont célébré vendredi la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, l’occasion pour le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, d’affirmer que pour combattre le racisme, il faut « être délibérément antiraciste ».

La Journée commémore le jour où, en 1960, la police sud-africaine a tué 69 personnes qui participaient à une manifestation pacifique contre les lois racistes de l’apartheid.

« Aujourd’hui, l’apartheid n’est plus. Malheureusement, le racisme, lui, est bien vivant, dans toutes les régions et dans toutes les sociétés », a déclaré le chef de l’ONU dans un discours lors d’une commémoration organisée par l’Assemblée générale des Nations Unies au siège de l’ONU à New York.

Il a rappelé que le racisme actuel est en bonne partie le legs de siècles de colonialisme et d’asservissement, comme on le voit « dans la discrimination et l’exclusion systématiques dont souffrent les personnes d’ascendance africaine », dans « les injustices et l’oppression que subissent les peuples autochtones et les autres minorités ethniques », et dans « les idées répugnantes des suprématistes blancs et autres groupes extrémistes ».

« Mêlé à la discrimination, on le voit dans l’antisémitisme, l’islamophobie, la persécution de certaines minorités chrétiennes et d’autres groupes religieux, et dans d’autres formes d’intolérance et de xénophobie. On le voit dans les actes de violence horribles commis récemment contre les personnes d’ascendance asiatique, injustement blâmées pour la Covid-19. On le voit également dans les préjugés intégrés dans les systèmes de reconnaissance faciale et l’intelligence artificielle », a-t-il ajouté.

Le Secrétaire général a rappelé que l’année dernière, des personnes du monde entier sont descendues dans la rue pour manifester contre l’injustice raciale.

« Le racisme est un mal profondément enraciné », a-t-il noté. « Notre devoir, en tant que bons citoyens et citoyennes du monde, est de l’éradiquer. Où qu’il soit, nous devons le condamner sans réserve, sans hésitation, sans détour ». 

Il a toutefois souligné que le racisme était un phénomène culturel complexe qui ne se vaincra pas en une journée. « Pour combattre le racisme, nous devons être délibérément antiracistes », a-t-il dit. 

Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale

Lutter contre les préjugés

L’an dernier, le Secrétaire général a lancé un débat à l’échelle de l’Organisation, piloté par l’Équipe spéciale pour l’éradication du racisme et la promotion de la dignité de toutes et tous à l’ONU. Cette équipe est chargée, notamment, d’amener le personnel de l’ONU à parler du racisme, des préjugés conscients et inconscients, de la façon dont on peut créer une organisation antiraciste.

Selon M. Guterres, le racisme « peut prendre de nombreuses formes, conscientes et inconscientes » et « pour le combattre, il faut agir tous les jours, à tous les niveaux ».

Il juge particulièrement important de reconnaître que les injustices de l’histoire ont contribué à la pauvreté, au sous-développement, à la marginalisation, à l’exclusion sociale et à l’instabilité, au détriment des gens comme des pays.

« Il est temps de reconnaître et de redresser ces torts de longue date et d’en soigner les séquelles. La justice réparatrice est un rouage essentiel de la réconciliation, de la prévention des conflits et de la création de sociétés fondées sur l’équité, l’égalité, le respect et la solidarité. Elle peut contribuer à réparer le contrat social entre les populations et les États », a-t-il dit.

Cette année, la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale met en lumière le rôle important de la jeunesse, l’occasion pour le Secrétaire général de lancer un appel aux jeunes du monde entier, aux dirigeants et aux éducateurs.

« Proclamons partout que tous les êtres humains naissent égaux. Le suprémacisme est une tromperie diabolique. Le racisme tue. En ce jour et chaque jour, ensemble, débarrassons le monde de ce mal pernicieux qu’est le racisme, afin que nous puissions toutes et tous vivre dans un monde de paix, de dignité et de possibilités », a-t-il conclu.

Une année douloureuse pour beaucoup de personnes d’ascendance africaine

Le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Volkan Bozkir, a également noté que l’année écoulée marquée par la pandémie de Covid-19 a été une année douloureuse pour de nombreuses personnes d’ascendance africaine dans le monde.

« Il y a eu une augmentation des discours de haine et de l'intolérance au cours de l'année écoulée. Une augmentation des attaques xénophobes et anti-asiatiques et des discours de haine est apparue au cours de cette pandémie, avec des conséquences tragiques », a-t-il ajouté dans son discours.

Il a noté que des rapports indiquent que les personnes d'ascendance africaine ont souvent un accès inégal aux soins médicaux et sont vulnérables à des taux plus élevés d'infection au coronavirus et de mortalité associée. Dans certains contextes, les personnes d'ascendance africaine sont deux fois plus susceptibles de mourir des suites de la Covid-19 que leurs pairs. Pour ceux qui se remettent des effets du virus, le coût des soins de santé et l'impact socio-économique de la pandémie menacent de faire sombrer les personnes d'ascendance africaine dans la pauvreté.

« Lorsque les systèmes de soins de santé, la justice, le logement et l'éducation ne répondent pas aux besoins des personnes d'ascendance africaine, cela perpétue les injustices et les inégalités », a dit M. Bozkir. Selon lui, si l’on veut réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, il ne faut pas laisser de côté les personnes d'ascendance africaine.

« Nous devons tenir compte de l’impact des politiques sur les plus vulnérables », a-t-il ajouté. « Il incombe à chacun de nous de faire respecter les droits humains fondamentaux de chacun, partout. C'est un signe honteux de la société d'aujourd'hui que cela doit être dit, mais c'est le cas. Permettez-moi de dire ici aujourd'hui, à l'Assemblée générale : Black Lives Matter », a-t-il conclu.