L'actualité mondiale Un regard humain

Les pays adoptent un cadre historique qui tient compte de la « valeur » de la nature

Les forêts et autres écosystèmes procurent d'immenses avantages aux communautés et aux pays, et comme les actifs économiques, ce sont des biens à valoriser et à préserver.
UNICEF/Vincent Tremeau
Les forêts et autres écosystèmes procurent d'immenses avantages aux communautés et aux pays, et comme les actifs économiques, ce sont des biens à valoriser et à préserver.

Les pays adoptent un cadre historique qui tient compte de la « valeur » de la nature

Climat et environnement

Les États membres des Nations Unies ont adopté mercredi un nouveau cadre statistique qui tient compte des contributions de la nature pour mesurer la prospérité économique et le bien-être humain. 

« Il s'agit d'une étape historique vers la transformation de la façon dont nous considérons et apprécions la nature », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres. « Nous ne laisserons plus, sans réagir, la destruction et la dégradation de l'environnement être considérées comme un progrès économique ».  

Le nouveau cadre statistique économique et environnemental a été adopté par les nations réunies au sein de la Commission des statistiques des Nations Unies, le plus haut organe de décision de l'Organisation en matière de normes statistiques internationales.

Tweet URL

Il devrait « remodeler » les décisions et les politiques en matière de développement durable et d'action climatique. 

Appelé « Système de comptabilité économique et environnementale - Comptabilité par écosystème », le nouveau cadre garantira que le capital naturel, tel que les forêts, les zones humides et autres écosystèmes, soit reconnu dans les rapports économiques. 

Une avancée majeure par rapport au PIB 

Selon le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA), il s'agit d'une avancée majeure par rapport à la mesure communément utilisée du produit intérieur brut (PIB), qui a dominé les rapports économiques pendant plus de sept décennies. 

Elle reconnaît que les écosystèmes fournissent des services importants qui génèrent des avantages pour les populations et que, tout comme les actifs économiques, les écosystèmes sont des actifs à préserver.

Par exemple, les forêts contribuent à fournir de l'eau propre aux communautés, en servant de filtres à eau naturels grâce aux arbres, aux plantes et aux autres éléments qui absorbent la pollution avant qu'elle n'atteigne les ruisseaux, les rivières et les lacs.  

Par le passé, nous avons toujours mesuré nos progrès en fonction de la valeur marchande payée pour les biens et services que nous produisons et consommons, a déclaré Elliot Harris, Economiste en chef des Nations Unies, expliquant que la valeur de la nature n'était jamais prise en compte.  

La nature était traitée « comme si elle était gratuite et illimitée » ; elle était également dégradée sans même connaître la valeur perdue, a-t-il ajouté. 

Comptabiliser la nature et l'économie ensemble et dans le même cadre « nous permettra de voir comment nos activités économiques affectent la nature et comment la présence de la nature nous affecte en tant qu'individus, sociétés et espèces », a déclaré M. Harris. 

Un changement de donne pour l'action climatique 

Inger Andersen, la Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), a aussi applaudi l’adoption du nouveau cadre qui selon elle va « changer la donne ». 

« En soulignant la contribution de la nature, nous disposons désormais d'un outil qui nous permet de considérer et de valoriser correctement la nature. Il peut nous aider à opérer un changement rapide et durable vers la durabilité, tant pour les personnes que pour l'environnement », a-t-elle expliqué. 

Le cadre devrait étayer les discussions et les décisions lors de deux grandes conférences sur le climat qui se tiendront plus tard cette année, à savoir la 15e session de la Conférence des parties (COP15) à la Convention sur la biodiversité, à Kunming, en Chine, et la 26e session de la Conférence des parties (COP26) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, à Glasgow, au Royaume-Uni. 

Alors que les gouvernements s'apprêtent à convenir et à mettre en œuvre un cadre qui redéfinira la relation avec la nature, le cadre statistique donnera « une impulsion pour une comptabilisation précise de la valeur de la biodiversité », a ajouté Elizabeth Maruma Mrema, la Secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique. « Ce faisant, il constitue un pas vers le développement durable ».