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RCA : l’ONU inquiète du risque d’un regain de violence avec les élections législatives

Des personnes déplacées dans la commune de Begoua, au nord de Bangui, en République centrafricaine.
MINUSCA/Hervé Serefio
Des personnes déplacées dans la commune de Begoua, au nord de Bangui, en République centrafricaine.

RCA : l’ONU inquiète du risque d’un regain de violence avec les élections législatives

Droits de l'homme

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est dit inquiet concernant l’instabilité en République centrafricaine (RCA) et le risque d’un regain de violence dans le contexte du second tour des élections législatives, qui doit avoir lieu ce dimanche 14 mars.

Le HCDH redoute une répétition d’abus notés lors du processus électoral de décembre dernier. Le premier tour du scrutin parlementaire et l’élection présidentielle ont été marqués par une violence liée principalement à une nouvelle coalition de groupes armés, connue sous le nom de CPC (Coalition des patriotes pour le changement). Celle-ci s’est opposée à la tenue des élections, après avoir lancé un appel violent au boycott du processus.

« En conséquence, il y a eu une forte hausse des violations des droits de l’homme et des abus documentés avant, pendant et après les élections, y compris dans l’application de l’état d’urgence et du couvre-feu », a déclaré, mardi, la porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani, lors d’un point de presse à Genève.

Du 1er octobre au 31 décembre 2020, la division des droits de l’homme de la Mission des Nations Unies en RCA (MINUSCA) a documenté 185 incidents de violations et d’abus des droits humains. Des groupes armés, en particulier le CPC, sont accusés d’être responsables de plus de 85% d’entre eux.

Des civils tués, enlevés et détenus arbitrairement

« Ils ont tué et enlevé des civils, tiré à balles réelles pour intimider la population, attaqué des soldats de la paix de l’ONU - tuant sept d’entre eux en décembre et janvier -, incendié des bureaux de vote et détruit du matériel électoral », a détaillé Mme Shamdasani.

La période post-électorale a également été marquée par des contre-offensives et des actions de représailles contre les groupes armés par les forces de défense et de sécurité de la RCA et leurs alliés, au cours desquelles des abus ont été commis. Selon le HCDH, les agents de l’État et leurs alliés auraient tué arbitrairement des civils, ainsi que des personnes torturées, maltraitées et arrêtées arbitrairement. En outre, ils auraient pillé et confisqué des fournitures appartenant à des organisations humanitaires.

« Nous sommes extrêmement préoccupés par les allégations de telles violations des droits de l’homme et d’abus par les forces de sécurité nationales et les groupes armés », a déploré Mme Shamdasani. Dans ce contexte, l’imposition d’un couvre-feu national nocturne à partir du 7 janvier et la décision récente de prolonger l’état d’urgence de six mois, ont entraîné « une situation fragile dans laquelle les droits de l’homme pourraient être encore plus menacés ». Pour l’ONU, les forces de sécurité doivent protéger les civils, prévenir la violence et agir en conformité avec le droit international relatif aux droits de l’homme et le droit international humanitaire.

La MINUSCA continue son appui à la préparation des élections législatives du 14 mars

« Toutes les allégations de violations des droits de l’homme commises doivent faire l’objet d’enquêtes indépendantes et efficaces et les auteurs présumés doivent être poursuivis », a insisté la porte-parole du HCDH, relevant que c’est « le seul moyen de briser le cycle de la violence en RCA et d’apporter la paix et la stabilité au pays, sans lesquelles il ne pourra pas se remettre de sa situation économique désastreuse ».

S’agissant du processus électoral, la MINUSCA continue son appui aux préparatifs des élections législatives du 14 mars. Au titre des efforts que déploie la mission onusienne pour créer un environnement propice à la tenue des élections, il y a eu une rencontre avec le commandant local de la Coalition des patriotes pour le changement/Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (CPC-FPRC), vendredi à Marcounda, dans la préfecture d’Ouham.  Selon l’ONU, le commandant a fait part de son engagement à faciliter l’organisation d’élections législatives pacifiques à Marcounda et dans la région. A noter que la MINUSCA termine, cette semaine, le déploiement des supports électoraux dans les 16 préfectures et assure la sécurité de ces élections.