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Plus d’un quart des parlementaires dans le monde sont des femmes, mais il faudrait encore 50 ans pour atteindre la parité

Des femmes parlementaires afghanes lors de leur cérémonie d'investiture au parlement à Kaboul en 2001.
Photo : ONU/Eric Kanalstein
Des femmes parlementaires afghanes lors de leur cérémonie d'investiture au parlement à Kaboul en 2001.

Plus d’un quart des parlementaires dans le monde sont des femmes, mais il faudrait encore 50 ans pour atteindre la parité

Femmes

À la suite des élections tenues en 2020, la proportion de femmes parlementaires dans le monde a atteint un taux record de 25,5%, soit une augmentation de 0,6 point par rapport à 2019, selon la dernière édition du rapport de l’Union interparlementaire (UIP) intitulé Les femmes au parlement, publiée à l’occasion de la Journée internationale des femmes.

« Certes, un quart des parlementaires dans le monde sont des femmes, mais ce taux est encore loin de représenter la moitié de la population mondiale », a souligné la  Présidente du Forum des femmes parlementaires de l’UIP, Susan Kihika.

« Révéler tout le potentiel des femmes qui composent cette moitié doit être notre priorité », a ajouté la parlementaire kenyane.

En effet si des progrès ont été régulièrement accomplis ces dernières années, ils restent extrêmement lents. L’UIP signale qu’au rythme actuel « il faudra encore 50 ans pour atteindre la parité entre les hommes et les femmes au sein des parlements dans le monde ». 

Au 1er janvier 2021, seuls trois parlements comptaient au moins 50% de femmes parlementaires, à Cuba, aux Émirats arabes unis et au Rwanda.

« Ce n’est qu’en œuvrant ensemble et en prenant des mesures fortes que nous pourrons progresser et nous diriger plus rapidement vers le changement », a indiqué de son côté le Président de l’UIP, Duarte Pacheco, qui estime que « parvenir à l’égalité des sexes dans les parlements est une responsabilité partagée entre les hommes et les femmes, en particulier les parlementaires ».

Pour sa part le Secrétaire général de l’UIP, Martin Chungong, a estimé que les parlements devaient « davantage s’ouvrir aux femmes ». 

« Il leur faut intégrer la question du genre et transformer leur mode de fonctionnement et leurs structures pour offrir aux femmes et aux hommes un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, ne tolérer aucune forme de violence à l’égard des femmes en politique, promouvoir des changements juridiques pour une meilleure inclusion des femmes, et devenir des acteurs clés de l’autonomisation politique des femmes », a précisé le chef de l’UIP.

Covid-19 et représentation des femmes dans la vie politique

Le rapport de l’UIP indique que la pandémie de Covid-19 a eu des répercussions négatives sur les élections et les campagnes en 2020. Une vingtaine de pays ont reporté des élections parlementaires nationales, principalement en raison de la crise, même si 57 ont pu les mener à bien.

Le ralentissement économique a également renforcé les inégalités entre les sexes qui prévalaient déjà au niveau socio-économique. Des femmes souhaitant faire campagne n’ont pas pu bénéficier des financements requis, voire n’ont pas pu mener à bien leur projet. La violence à l’égard des femmes est de plus en plus répandue sur l'Internet et menace leur participation à la vie publique.

Selon l’UIP, l’adoption de modalités de travail à distance et d’outils technologiques pour les travaux parlementaires pourraient, à terme, avoir des retombées positives sur les femmes au parlement. La tenue d’élections et de réunions en ligne a favorisé la participation de membres ne pouvant se déplacer facilement, comme les personnes handicapées ou ayant des enfants en bas âge. 

Les pratiques flexibles (ne nécessitant pas une présence sur le lieu de travail) peuvent permettre à davantage de femmes et d’hommes de conjuguer obligations familiales et carrière politique.

L’UIP estime que les femmes parlementaires ont tout intérêt à tirer des enseignements mutuels de leurs expériences et à intégrer des réseaux virtuels de femmes à l’échelle internationale pour renforcer leur résilience et leur autonomisation dans le contexte de la pandémie et au-delà.

Des femmes aux plus hautes fonctions des parlements

En 2020, 58 femmes occupaient la fonction de présidente de parlement dans le monde, une augmentation par rapport à l’année précédente, qui représente une moyenne mondiale de 20,9%. Toutes les régions du monde étaient concernées, avec des variations selon les régions.

L’élection de la première femme Vice-présidente des États-Unis marquera l’histoire à jamais, a souligné l’UIP. 

« En vertu de la Constitution, Kamala Harris est également devenue Présidente du Sénat. Avec Nancy Pelosi à la tête de la Chambre des représentants, les deux chambres du Congrès américain ont désormais des femmes pour présidentes », a précisé l’Union.

Des quotas bien pensés : la clé du progrès

Des quotas électoraux ont été appliqués dans 25 des 57 pays dont le parlement a été renouvelé en 2020. 

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Davantage de femmes ont été élues dans les parlements utilisant des quotas : en moyenne 11,8% en plus dans les chambres uniques et les chambres basses et 7,4% dans les chambres hautes.

Les quotas bien pensés et savamment appliqués ont globalement permis d’empêcher un recul des progrès en 2020.

Des progrès dans toutes les régions du monde

Avec 32,4% de femmes parlementaires, les Amériques se placent une fois de plus en tête des régions, malgré les bouleversements politiques qui ont secoué l’Amérique latine, notamment au Chili, en Colombie et en Équateur. En 2020, les États-Unis ont affiché des taux historiques dans le corps législatif national, avec 26,9% de femmes parlementaires dans les deux chambres réunies.

En Afrique subsaharienne, le Mali et le Niger ont réalisé des avancées considérables en dépit de graves problèmes de sécurité. Ces avancées ont pu être préservées de l’instabilité grâce à l’adoption ou à la modification de politiques de quotas. Ces pays démontrent que la participation des femmes aux processus de transition est essentielle à leur autonomisation politique.

En Europe, à la suite de 4 des 14 renouvellements de parlement, le taux de représentation des femmes a dépassé 30% dans au moins une des chambres : en France, en Irlande, en Serbie, et en Macédoine du Nord. Trois pays, l’Azerbaïdjan, la Roumanie et la République tchèque, n’ont pas réussi à atteindre le seuil des 20%.

Dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, l’Égypte a atteint des sommets historiques grâce à une nouvelle loi sur les quotas s’appliquant à la Chambre des représentants. Néanmoins, dans l’ensemble, la proportion de femmes dans les parlements dans cette région – 17,8%, toutes chambres confondues – y est plus faible que dans toutes les autres régions.

Des avancées ont été réalisées en Asie, où la représentation des femmes a augmenté dans les chambres hautes du Tadjikistan, du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan. Lors des renouvellements de parlement en 2020, seul le Népal a franchi la barre des 30% de femmes, ce qui lui permet de maintenir les bons résultats obtenus depuis dix ans.

À l’exception de la Nouvelle-Zélande, la représentation des femmes dans les parlements du Pacifique est demeurée faible ou inexistante à la suite des élections tenues en 2020. Le nouveau Parlement néo-zélandais est entré dans l’histoire avec un nombre sans précédent de femmes parlementaires et de parlementaires de couleur, LGBTQ+ et maoris.