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Nigéria : les écolières de Zamfara ont besoin d’une réhabilitation urgente, selon des experts de l’ONU

Une fille se lave les mains dans une école primaire de l'État de Zamfara, au Nigéria.
© UNICEF
Une fille se lave les mains dans une école primaire de l'État de Zamfara, au Nigéria.

Nigéria : les écolières de Zamfara ont besoin d’une réhabilitation urgente, selon des experts de l’ONU

Santé

Des experts indépendants des Nations Unies se sont inquiétés, mercredi, des répercussions, après la libération le 2 mars des 279 écolières enlevées la semaine dernière dans l’État de Zamfara, au nord-ouest du Nigéria.

« Nous demandons instamment au gouvernement nigérian d’adopter des mesures préventives efficaces pour éviter que ces actes ne se reproduisent, en particulier, de renforcer les mesures de protection des enfants à risque », ont déclaré dans un communiqué une quinzaine d’experts onusiens.  

Ils ont également invité Abuja « à mener sans plus tarder une enquête impartiale et indépendante ». 

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Les 279 adolescentes qui avaient été enlevées vendredi dernier dans un pensionnat du nord-ouest du Nigéria ont été libérées mardi.

Selon les médias, la plupart d’entre elles semblaient en bonne santé mais au moins une dizaine ont été transférées dans un hôpital pour être soignées. Les jeunes filles étaient pour la plupart pieds nus et plusieurs d’entre elles présentaient des blessures aux pieds.

L’impératif de réhabilitation et réintégration 

Quelques heures après leur libération, les experts des Nations Unies ont exhorté le Nigéria à donner la priorité à des mesures de réhabilitation pour ces centaines d’enfants « profondément traumatisés après leur libération ». 

Il s’agit ainsi de renforcer les mesures de protection pour ceux qui sont en danger. 

« L’inclusion sociale de ces enfants nécessite la mise en place de mesures à long terme visant à restaurer leur bien-être physique et psychologique », ont déclaré les experts.

Pour ces experts, le gouvernement devrait promouvoir l’expansion des programmes communautaires pour soutenir les soins, la réhabilitation et la réintégration des filles et des femmes. Ces programmes devraient inclure un soutien et des conseils psychosociaux, y compris aux familles. 

« Il est impératif de sensibiliser les familles et les communautés à l’importance de la réintégration pour qu’elles puissent établir des relations sociales renouvelées avec les familles et les communautés et surmonter la stigmatisation », ont-ils fait valoir.

Par ailleurs, les experts ont critiqué l’absence d’une enquête efficace, impartiale et indépendante sur l’enlèvement de 344 élèves d’un internat de garçons à Kankara, dans l’État de Katsina, en décembre 2020, et leur libération quelques jours plus tard. 

« Nous sommes préoccupés par le manque total de transparence et d’action efficace près de trois mois plus tard », ont-ils déploré, regrettant l’impact des enlèvements sur l’avenir des enfants.

Des écoles fermées dans les zones frontalières par crainte d’enlèvements

De nombreux enfants ne sont pas retournés en classe et certaines écoles fermées dans les zones frontalières, par crainte que de tels enlèvements ne se reproduisent. « Cela pourrait signifier la fin de l’éducation pour ces enfants », ont alerté les experts.

Les enlèvements ne sont pas des cas isolés - le 17 février 2021, au moins 27 étudiants, trois membres du personnel et 12 membres de la famille d’un collège de la région de l’État du Niger ont également été enlevés et libérés dix jours plus tard. 

« Un nombre inconnu de femmes et de jeunes filles ont été enlevées ces dernières années et soumises à la servitude domestique, au travail forcé, à l’esclavage sexuel par le biais de mariages forcés, à des grossesses forcées et non désirées », ont déclaré les experts, insistant sur le « risque accru d’exploitation, de traite, de violence sexuelle ».

Outre les 5 membres du groupe de travail sur les disparitions forcées et du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles, cette déclaration a été soutenue par cinq autres experts indépendants de l’ONU. Il s’agit de Siobhán Mullally, Rapporteure spéciale sur la traite des personnes ; Koumbou Boly Barry, Rapporteure spéciale sur le droit à l’éducation ; Mama Fatima Singhateh, Rapporteure spéciale sur la vente et l’exploitation sexuelle des enfants ; Tomoya Obokata, Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage ; et Dubravka Simonovic, Rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes.

NOTE : 

Les rapporteurs spéciaux, les experts indépendants et les groupes de travail font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l’homme afin de traiter de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.