L'actualité mondiale Un regard humain

Covid-19 : des experts de l’ONU appellent à une coopération sur les vaccins au sein de l’OMC 

En Colombie, la vaccination contre la covid  dans le département de Cundinamarca. Les 1770 premiers vaccins seront destinés au personnel de santé travaillant dans 22 unités de soins intensifs de 13 municipalités.
PAHO/Karen González
En Colombie, la vaccination contre la covid dans le département de Cundinamarca. Les 1770 premiers vaccins seront destinés au personnel de santé travaillant dans 22 unités de soins intensifs de 13 municipalités.

Covid-19 : des experts de l’ONU appellent à une coopération sur les vaccins au sein de l’OMC 

Santé

Alors que des milliards de personnes, en particulier dans les pays du Sud, risquent d’être exclues « des bénéfices de la vaccination anti-Covid jusqu’en 2024 », des experts indépendants de l’ONU ont plaidé lundi pour une meilleure coopération sur l’épineux dossier des vaccins au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

« Nous exhortons les États riches à mettre fin au nationalisme vaccinale à courte vue, qui alimente une division vaccinale et mine la reprise mondiale », ont-ils dénoncé dans un communiqué, demandant instamment aux membres de l’OMC d’envisager positivement les dérogations nécessaires à l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (« l’Accord sur les ADPIC »). 

Ce dossier doit être traité lors des réunions du Conseil des ADPIC au cours de ce mois de mars à Genève. Pour les experts indépendants onusiens, cela pourrait favoriser ainsi « le droit au développement pour tous ». 

Pour les experts indépendants onusiens, l’objectif de développement durable de l’OMC ne peut être atteint en sapant la capacité des pays à interpréter l’accord ADPIC de manière à soutenir leurs besoins de développement et les moyens de faire face à la crise de santé publique, ont déclaré les experts. 

Les accords de l’OMC ne doivent pas faire obstacle à l’accès aux médicaments et vaccins

« L’accord sur les ADPIC peut et doit faciliter la protection de la santé publique à l’échelle mondiale, promouvoir l’autosuffisance de tous les membres et ne pas constituer un obstacle à l’accessibilité des médicaments et des vaccins liés à COVID-19 », ont-ils fait valoir. 

Une façon de rappeler que la pandémie du coronavirus reste un défi mondial qui ne peut être relevé efficacement que par « une action mondiale concertée ». 

« Des vies ne peuvent être sauvées et les personnes vulnérables ne peuvent être protégées par de simples discours, sans un engagement concret en faveur d’un accès universel et équitable aux vaccins », ont-ils estimé. 

Les experts exhortent les États à s’engager dans une coopération internationale significative, en tant qu’obligation et non en tant qu’option, « afin d’éviter de retarder les distributions aux populations vulnérables dans le monde entier et de ne pas les laisser davantage à la traîne ».

Les efforts collectifs déployés à l’échelle mondiale par les scientifiques, les États et les organisations de la société civile pour trouver un vaccin ont donné les signes prometteurs d’une nouvelle ère de coopération et d’égalité, où personne ne serait en fait laissé pour compte. 

« Toutefois, dans l’état actuel des choses, l’approvisionnement en vaccins jette une ombre sur l’accès équitable aux réalisations scientifiques de plusieurs vaccins en cours de production », ont-ils fait remarquer.

La division, l’inégalité, l’intérêt national dictent actuellement l’accès aux vaccins

La division, l’inégalité, l’intérêt national et régional dictent actuellement l’accès aux vaccins, ont rappelé les experts indépendants. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 95% des vaccins produits jusqu’à présent sont allés à dix pays riches. 

« C’est un échec lamentable du devoir de coopération inhérent au droit au développement, dont jouissent toutes les personnes et tous les peuples », ont-ils déploré.

Si le dispositif COVAX constitue une étape importante vers une distribution coordonnée des vaccins au niveau mondial, les États ne s’y engagent pas suffisamment. Or « la sortie de crise pandémique est impossible si elle ne s’achève pas pour tout le monde ». 

« Les nouvelles formes mutantes du virus qui pourraient apparaître dans des populations largement non vaccinées peuvent constituer une menace pour tous, y compris pour ceux qui ont été vaccinés auparavant », ont mis en garde ces experts indépendants nommés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Le devoir de coopération et de solidarité pour un accès équitable aux vaccins

Alors que de nombreux pays n’ont pas encore administré une seule dose, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU ne cesse de rappeler que « l’équité en matière de vaccins n’est pas seulement un impératif moral ; c’est un impératif économique et stratégique. 

« L’équité vaccinale est dans l’intérêt de chaque pays », avait alerté le Dr Tedros, Directeur général de l’OMS lors d’un symposium sur les vaccins tenu le 23 février dernier. 

« Plus le virus circule, plus il risque de muter au point de rendre les vaccins moins efficaces. Il se pourrait que l’on revienne à la case départ », avait-il prévenu.

« La reprise exige que tous les États réalisent leur devoir de coopérer dans le cadre de la solidarité mondiale pour garantir un accès équitable aux vaccins dans le monde entier, sans discrimination », ont conclu de leur côté les experts indépendants de l’ONU.

Outre les cinq experts du Mécanisme du Conseil des droits de l’homme sur le droit au développement, cette déclaration a été soutenue par Saad Alfarargi, Rapporteur spécial sur le droit au développement ; Obiora Okafor, Expert indépendant sur les droits de l’homme et la solidarité internationale ; Livingstone Sewanyana, Expert indépendant sur la promotion d’un ordre international démocratique et équitable, et Mme Tlaleng Mofokeng, Rapporteure spéciale sur le droit à la santé.