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L’ONU crée des nouveaux dispositifs d’identification pour lutter contre la pêche illégale  

Des pêcheurs à Evia, en Grèce (Archives)
Photo ONU/Tsagris
Des pêcheurs à Evia, en Grèce (Archives)

L’ONU crée des nouveaux dispositifs d’identification pour lutter contre la pêche illégale  

Droit et prévention du crime

La Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) unissent leurs forces pour lutter contre la pêche illégale, qui coûte jusqu’à 23 milliards de dollars chaque année aux pays.

Les deux organisations onusiennes entendent s’assurer que tous les ports désignés par l’Accord sur les mesures du ressort de l’État du port (PSMA) se voient attribuer un code onusien et pour la désignation des ports. Cela garantira l’identification cohérente des lieux dans le commerce et le transport.

La FAO prévoit d’utiliser ce dispositif dans le Registre mondial des navires de pêche, des navires de transport frigorifique et des navires ravitailleurs, un autre outil essentiel pour lutter contre la pêche illégale et favoriser une gestion durable des pêches.  

Selon la CEE-ONU, ce mécanisme permettra d’empêcher les navires pratiquant cette pêche non déclarée d’utiliser les ports et de débarquer leurs captures. Ce qui permettra de réduire également l’incitation de ces navires à opérer, car ça leur bloquera l’accès aux marchés nationaux et internationaux. 

En outre, le PSMA donne aux parties le mandat d’établir un système d’échange d’informations sur les inspections portuaires avec les parties prenantes telles que les États du pavillon et les États côtiers. 

La pêche illégale coûte jusqu’à 23 milliards de dollars chaque année

Avec une production estimée à 204 millions de tonnes en 2030, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) coûte jusqu’à 23 milliards de dollars chaque année aux pays et représente un poisson sur cinq. « Les États membres de la CEE-ONU sont confrontés à ces problèmes tant en haute mer que dans leurs zones maritimes exclusives », souligne l’Agence onusienne basée à Genève, dans un communiqué.   

L’accord sur les mesures du ressort de l’État du port (en anglais:  Agreement on Port State Measures, PSMA) est entré en vigueur en 2016 pour lutter contre la pêche illégale. Il s’agit du premier accord international contraignant visant à prévenir, dissuader et éliminer la pêche non déclarée, en empêchant les pêcheurs illégaux d’utiliser les ports et de débarquer leurs prises illégales. 

L’accord compte 68 parties, dont 10 États membres de la CEE-ONU (Albanie, Canada, Danemark, États-Unis d’Amérique, France, Islande, Monténégro, Norvège, Royaume-Uni et Turquie) et l’Union européenne en tant qu’organisation membre.  Le 8 février 2021, la Fédération de Russie a annoncé qu’elle devenait partie au PSMA lors de la 34e session du Comité des pêches de la FAO.   

A noter que le Code des Nations unies pour les lieux de commerce et de transport (LOCODE/ONU) permet de garantir la cohérence et l’exactitude de la désignation des ports, chacun d’entre eux se voyant attribuer un code de cinq lettres. Par exemple, « ES VGO » pour le port de Vigo en Espagne, le plus grand port de pêche d’Europe.

Le dispositif de l’ONU permet la surveillance de 85.000 navires de pêche dans le monde entier

Cette norme internationale bien établie permet d’identifier les lieux et a déjà attribué un code à 226 (près de la moitié) des 462 ports de l’Accord sur les mesures du ressort de l’État du port (PSMA).  

Parmi ces 462 ports, plus de la majorité est européenne (254). Suivent l’Asie (81), le Pacifique occidental (72), les Amériques (45) et l’Afrique avec dix ports dans sept pays (Ghana, Gambie, Kenya, Mozambique, Sao Tomé et Principe, Seychelles et Togo).

Le langage des pêches des Nations Unies pour l’échange universel (UN/FLUX), développé à la CEE-ONU, fournit une norme mondiale pour l’échange de données telles que les informations sur les navires et les voyages de pêche dans un État côtier. UN/FLUX permet déjà la surveillance de 85.000 navires de pêche dans le monde entier.  

A la faveur d’échanges d’informations, ce dispositif permet ainsi de garantir la traçabilité du poisson commercialisé, du navire de pêche jusqu’au consommateur. Ce qui empêche l’entrée de poisson illégal sur les marchés, réduisant ainsi la surpêche et favorisant une gestion durable de la pêche.